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MONETAIRES BANCAIRES 2020
© Liberté/Ali Titouche,
mardi 26 janvier 2021
Signe d’une détérioration avancée de la santé économique du pays, les
ressources du secteur bancaire poursuivent leur tarissement. Une situation qui
ne manquera pas d’aggraver les contraintes sur le financement de
l’économie et de l’investissement.
La situation du secteur bancaire national est des plus tendues. Le niveau
de liquidité bancaire est repassé en dessous de 700 milliards de dinars en
novembre dernier. Une première depuis le troisième trimestre de 2017, période
durant laquelle, le gouvernement Ouyahia avait fait
valider la planche à billets, prétextant l’incapacité de l’État à payer les
fonctionnaires.
Selon la situation mensuelle de la Banque d’Algérie arrêtée à novembre
2020, la liquidité globale des banques a chuté à 612 milliards de dinars. Elle
était de 476 milliards de dinars en septembre. Elle est passée de 1 100,8
milliards de dinars à fin 2019 à 916,7 milliards de dinars à fin mai 2020 pour
dégringoler à 476 milliards de dinars seulement à fin septembre de la même année,
soit une contraction de 440 milliards de dinars en quatre mois, avant de
remonter légèrement en novembre dernier.
Malgré l’assouplissement des règles prudentielles appliquées aux banques de
la place, la contraction des liquidités s’est aggravée en 2020, mettant le
gouvernement face à des choix cornéliens. Cette contraction est d’autant plus
inquiétante qu’elle s’est aggravée malgré l’assouplissement et la levée par la
suite de certaines règles prudentielles appliquées aux banques.
La Banque d’Algérie a, en effet, baissé à trois reprises le taux des réserves
obligatoires depuis mars 2020, de 10 à 8%, de 8 à 6% et de 6 à 3%, avant que
l’institution n’intervienne une énième fois pour dispenser carrément les
banques et les établissements financiers de l’obligation “de constitution du
coussin de sécurité”. Signe avant-coureur d’une tension qui s’exacerbait au
sein des banques.
La Banque centrale a également abaissé, courant 2020, son taux directeur à
3,25%. Ces mesures devaient permettre de “libérer, pour le système bancaire,
des marges supplémentaires de liquidités et mettre ainsi à la disposition des
banques et des établissements financiers des moyens additionnels d’appuis au
financement de l’économie nationale à un coût raisonnable”, a justifié
l’institution monétaire.
Après une année noire, les banques de la place n’entrevoient toujours pas
de lumière au bout du tunnel. C’est une séquence qui rappelle surtout l’année
précédant l’adoption dès l’été 2017 de la planche à billets comme moyen de
financement.
La Banque centrale avait entamé une série d’opérations de réescompte et
d’Open Market dès la mi-2016 dont les effets sur le
niveau de la liquidité étaient peu visibles. Une année plus tard, le
gouvernement adopte une politique de planche à billets lors d’un Conseil des
ministres daté du 6 septembre 2017, présidé par Abdelaziz Bouteflika.
En deux années, la Banque d’Algérie a cassé sa tirelire en mettant à la
disposition du Trésor un cash-flow de plus de 6 500 milliards de dinars, bien
plus que ce qui a été recommandé par les experts de la Task
force qui conseillait alors le gouvernement. Dès le début des tirages au moyen
de la planche à billets, la liquidité bancaire a fortement grimpé pour
atteindre 1 380,6 milliards de dinars à fin 2017, soit une croissance de 68,2%
par rapport à son niveau de fin 2016 qui était de 821 milliards de
dinars.
Elle était ensuite passée à 1 557 milliards de dinars à décembre 2018 et à
1 705,5 milliards de dinars à août 2019 avant de reprendre son mouvement
baissier dès la fin de ce même exercice. Il y a comme un air de déjà-vu dans
la dernière situation mensuelle de la Banque d’Algérie, publiée au Journal
officiel, rappelant un épisode tout aussi complexe qui s’était soldé par
l’option du “financement non conventionnel”.
S’achemine-t-on vers la même option ? De prime abord, le gouvernement ne
semble pas avoir plusieurs cordes à son arc en l’absence de réformes et
d’ajustement de fond en mesure de rétablir la viabilité des comptes
publics.