ECONOMIE- ETUDES
ANALYSES- RAPPORT BM AUTOMNE 2020
Photo : D. R.
La pandémie de Covid-19 a frappé l’Algérie
au moment de la formation d’un nouveau gouvernement chargé de conduire des
réformes politiques et économiques, et de rééquilibrer les finances publiques.
Dans sa note de conjoncture de l’automne
2020 sur l’économie algérienne, le groupe de la Banque mondiale (BM) pour la
région MENA a établi sur la base des données disponibles sur la scène
économique un constat sur les agrégats macroéconomiques de l’Algérie en pleine
pandémie de la Covid-19, faisant ressortir une situation économique difficile,
à laquelle les autorités tentent bien que mal de faire face.
La pandémie de Covid-19 a frappé l’Algérie
au moment de la formation d’un nouveau gouvernement chargé de conduire des réformes
politiques et économiques, et de rééquilibrer les finances publiques.
Ce qui a nécessité l’accélération des
réformes structurelles pour rétablir les équilibres macrobudgétaires à long terme et encourager le
développement du secteur privé, notamment à travers des textes de loi, et une
conférence nationale sur le plan de relance économique et sociale est tenue
pour tracer une stratégie.
Malgré tous ces efforts et les sommes
consacrées à la lutte contre la pandémie qui sont de l’ordre de 3,7 milliards
de dinars, l’économie nationale a dû faire face à un autre choc qui la
guettait, celui de la chute drastique des prix du pétrole, ce qui a compliqué
davantage la situation pour le gouvernement algérien.
Poursuivant son analyse, la Banque
mondiale a souligné les incidences graves qu’ont subies le marché de l’emploi
et la croissance en Algérie. Ainsi, à «l’approche du deuxième trimestre de 2020, l’élan économique est
resté faible avec, au premier trimestre de 2020, une contraction de 3,9% de
l’activité économique en glissement annuel», rappelle
encore la BM.
Cette baisse est enregistrée suite au
recul de la production dans différents secteurs, notamment les hydrocarbures
avec -13,4%, et cela en dépit de la hausse des dépenses dans le Budget.
Pour le deuxième trimestre de 2020, les
données sur la production industrielle publique indiquent une accentuation de
la contraction globale enregistrée au premier trimestre de 2020 à la suite des
mesures de confinement.
L’impact était très ressenti chez les
entreprises publiques algériennes, qui ont subi d’importantes pertes de revenus
en raison de la pandémie de Covid-19, en particulier dans les secteurs des
transports, où toutes les entreprises ont subi d’importantes chutes de leurs
revenus, et de l’énergie où le ministère a annoncé, en juillet, un audit de
Sonatrach, suivi en octobre de coupes budgétaires chez Sonatrach et Sonelgaz de
182 milliards de dinars dans les dépenses courantes.
Une enquête du ministère du Travail a
révélé l’impact négatif significatif de la pandémie de Covid-19 sur le marché
de l’emploi. Les données préliminaires révèlent qu’environ 334 000 Algériens ont
enregistré une baisse de leur nombre d’heures de travail, 53 000 se sont
retrouvés au chômage de façon temporaire ou permanente et 180 000 ont subi des
retards dans le paiement de leurs salaires.
Les secteurs les plus touchés étaient les
transports, le tourisme, la restauration, l’hôtellerie, l’artisanat, l’énergie
et le commerce de détail et de gros. En parallèle, le marché de l’emploi a fait
face à une baisse de l’offre de main-d’œuvre, le nombre des demandeurs d’emploi
chutant de 67 672 en janvier 2020 à 8579 en avril 2020.
Une enquête menée en juillet 2020 par le
Cercle d’action et de réflexion pour l’entreprise (Care) révèle, quant à elle,
la détresse financière du secteur privé.
En ce qui concerne le commerce extérieur,
la situation n’était pas encore simple pour les autorités algériennes. Pour
faire face à la baisse des recettes d’exportation des hydrocarbures, les autorités
ont mis en œuvre des mesures pour limiter l’aggravation du déficit du compte
courant.
Entre autres, la baisse des importations et
la dépréciation du dinar. Cependant, durant le premier semestre de 2020, le
solde du compte courant est resté stable à 9 milliards de dollars par rapport à
la même période de référence de l’année précédente.
Pour les finances publiques, «la pandémie a entraîné une baisse considérable des
recettes budgétaires et devrait conduire à une augmentation des dépenses de
santé et de protection sociale», a souligné encore l’institution de Brettons Woods.
Selon les projections de la Banque
mondiale, les revenus des hydrocarbures «passeront de 13,1% du PIB en 2019 à 9,5% du PIB en 2020, en
ligne avec la contraction de la production et des prix des hydrocarbures».
L’impact touche aussi les recettes
fiscales directes et indirectes, qui devraient «également diminuer, dans la foulée de l’activité économique, et
l’incidence de la fraude fiscale pourrait augmenter compte tenu des difficultés
économiques auxquelles sont confrontés les particuliers et les entreprises».
Le secteur bancaire lui non plus n’a pas
été épargné. Il souffre d’un manque flagrant de liquidité, notamment des
banques publiques, où elle a considérablement diminué au cours du premier
semestre de 2020. La baisse est provoquée par la diminution des revenus des
hydrocarbures.
En parallèle, «le
resserrement des conditions de liquidité a amené les déposants particuliers à
chercher à retirer leur épargne, exerçant ainsi une pression sur les dépôts
d’Algérie». En termes d’inflation, le rapport a
souligné que les pressions inflationnistes sur l’économie «restent pour l’instant contenues, avec des tendances
divergentes entre les paniers alimentaire et non alimentaire de l’indice à la
consommation nationale».