Nom d'utilisateur:
Mot de passe:

Se souvenir de moi

S'inscrire
Recherche:

Parti communiste français/Colonisation/Baya Allaouchiche

Date de création: 29-12-2020 19:44
Dernière mise à jour: 29-12-2020 19:44
Lu: 872 fois


HISTOIRE- ENQUÊTES ET REPORTAGES- PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS/COLONISATION

© El Watan/ Walid Mebarek, mardi 29 décembre 2020

 Ce jour de Noël 2020 correspondait au centenaire de l’ouverture du congrès de Tours qui vit la création du Parti communiste français (PCF), prononcée le 30 décembre 1920. «C’est un tournant dans l’histoire de la gauche française.

A Tours, en ce jour de Noël 1920, s’ouvre le 18e congrès de la Section française de l’internationale ouvrière (SFIO). Il va durer cinq jours. Il aboutira à la naissance du parti communisme français et à une scission de la famille socialiste puisque la SFIO, ancêtre du PS, continuera de vivre.»

C’est l’information publiée le 24 décembre dans un article du quotidien français L’Opinion qui recense une dizaine de Noëls particuliers depuis 1974.
Une information qui nous permet de retracer, très sommairement, quelques éléments, évidemment non exhaustifs, de l’histoire algérienne de ce parti.

En Algérie coloniale, le PCF restera actif sous cette appellation d’origine jusqu’au congrès constitutif algérien, tenu les 16 et 17 octobre 1936, qui verra la naissance du Parti communiste algérien (PCA) avec paradoxalement peu de militants algériens, le plus connu étant Ouzegane qui devint dans les années 50 une figure de proue de la Révolution engagée par le FLN.

Face à la naissance et l’affirmation du courant nationaliste, la transformation du PCF en PCA sera donc le point de départ d’une longue histoire tumultueuse. Le PCA restera longtemps en marge de l’expression indépendantiste algérienne, se maintenant dans la lutte prolétarienne qui comblerait le fossé de l’injustice.

La critique politico-historique n’a pas encore fait le tour de cette impasse. Notamment pour la problématique de l’autonomie difficile par rapport au PCF et donc avec la ligne impulsée depuis Moscou. Par ailleurs, sur la question de l’anticolonialisme, élément de réelle friction, de débats, et d’exclusions, pour les réfractaires à la direction majoritaire.

Parmi les plumes les plus acerbes pour raconter cette histoire, celle de Jacques Jurquet, qui est décédé le 22 novembre 2020 à Marseille, à l’âge de 98 ans. On lui doit le livre essentiel en trois volumes La révolution nationale algérienne et le parti communiste français (Editions du Centenaire 1973). Il écrit notamment : «Dans la question des colonies et des nations opprimées, les partis des pays dont la bourgeoisie possède des colonies et opprime des nations doivent avoir une ligne de conduite particulièrement claire et nette. Tout parti appartenant à la Troisième internationale a pour devoir de dévoiler impitoyablement les prouesses de ‘‘ses’’ impérialistes aux colonies, et soutenir, non en paroles mais en fait, tout mouvement d’émancipation dans les colonies… »

Dans un hommage, publié par histoirecoloniale.net, l’historien Alain Ruscio note : «Issu d’une famille de militants socialistes, il participa à ses premières manifestations à l’âge de 14 ans, lors du Front populaire. L’antifascisme et l’anticolonialisme seront d’ailleurs les grands combats de sa vie. Fin 1941, donc à 19 ans, il adhéra au Parti communiste, alors en totale clandestinité. Il fut maquisard, puis engagé dans les rangs de la Première armée française (France libre). À la Libération, il milita au PCF. Non sans un début de nets désaccords, commencés lors de la guerre d’Algérie, en particulier en s’opposant au vote des pouvoirs spéciaux par le groupe parlementaire communiste (mars 1956). Un moment-clé fut pour lui l’année 1959 : il fut écarté du comité fédéral des Bouches-du-Rhône pour avoir refusé de rompre avec sa compagne, Baya Allaouchiche-Bouhoune, qui avait des activités clandestines au sein du FLN algérien.»

BAYA , SEULE FEMME INDIGÈNE MEMBRE DU COMITÉ CENTRAL DU PCA

Baya Allaouchiche-Bouhoune-Jurquet est décédée en 2007. Il est à signaler que le regretté Jean-Luc Einaudi lui avait consacré un ouvrage, intitulé sobrement Baya (Non lieu édition, Paris 2011). Une grande militante dont l’évocation est nécessaire : «Née en 1920 à Alger, Baya est très tôt éprise de liberté – elle ne se résignera jamais à un mariage imposé par un oncle. Scolarisée grâce à la persévérance de son père, se liant d’amitié avec des Européens, elle s’engage à leurs côtés pour les droits et la dignité des Algériens. Seule femme indigène membre du Comité central du Parti communiste algérien, Baya milite sans relâche pour le droit des femmes algériennes, puis pour l’Indépendance.

Devenue secrétaire de l’Union des femmes d’Algérie, elle représente son pays lors de conférences inter-nationales de femmes (elle est ainsi la première Algérienne à se rendre en Chine en 1949). En 1956, les autorités françaises l’expulsent d’Algérie vers Marseille, qu’elle ne quittera plus (elle y mourra en 2007). Là, elle continue la lutte, organisant les actions de femmes algériennes pour l’Algérie indépendante, servant de relais et de soutien à des Français refusant cette guerre.

A partir des années 1980, elle s’engage contre le racisme sous toutes ses formes (elle deviendra responsable du MRAP) et combat le Front National. Lors de la guerre civile algérienne des années 1990, elle organise l’accueil des victimes à Marseille. L’histoire de Baya est un témoignage exemplaire pour toutes les femmes qui se battent pour la liberté, ici et là-bas», écrivait Jean-Luc Einaudi dans sa présentation.