COMMUNICATION- GOUVERNEMENT- ENTRETIEN A.BELHIMER/EL
MOUDJAHID, DEC.2020 (I/II)
©Entretien
réalisé par Neila Benrahal.El Moudjahid, samedi 26/12/2020
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La communication, en ce temps
de globalisation où les nations sont mises en concurrence féroce, est devenue
une véritable arme de guerre. Nous avons eu à le constater lors des différentes
campagnes médiatiques qui ont ciblé le pays. Quelle réponse peut-on envisager
devant cette menace ?
Vous soulevez l’une des problématiques majeures qui marque notre temps et
l’actualité dans le secteur de la communication érigée, malheureusement en
moyens offensifs contre notre pays en raison de la fidélité à ses principes.
Ceci dit, je tiens à vous rassurer que l’Algérie nouvelle, telle que déclinée
par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a bien évalué
l’importance des enjeux à l’ère des guerres médiatiques, à visée
néocolonialiste, et des cyber-attaques.
Dans ce contexte, il est nécessaire de rappeler que le chef de l’Etat fait de
la communication l'un des axes favoris de la nouvelle République à travers la
création d'un environnement favorable au renforcement du professionnalisme des
médias et des journalistes.
Dans son programme, contenant 54 engagements essentiels, le président de la
République accorde un intérêt particulier au secteur et aux professionnels des
médias traditionnels et nouveaux.
Ce programme met ainsi l'accent, notamment, sur la nécessité de respecter le
droit à l'information et la liberté d'exercice, dans le respect des règles
éthiques et de la déontologie de la profession.
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A l’aube de la Nouvelle
Algérie, cette donne est-elle prise en compte par les pouvoirs publics ?
Pouvons-nous avoir quelques éléments de la stratégie des autorités pour
répondre à cette exigence ?
S’agissant des campagnes médiatiques et de dénigrement ciblant l’Algérie, il faut
savoir que ce phénomène ne date pas d’aujourd’hui. Nous sommes le pays de la
résistance et nous en payons les frais, en connaissance de cause.
Il est clair que de par son rôle moteur dans l’accélération du processus de
libération nationale et d’autodétermination, ainsi que son statut de leader
régional, à potentiels économique et humain considérables, notre pays a depuis
toujours refusé la soumission et le diktat d’où qu’ils viennent.
L’Algérie a toujours assumé ses positions politiques tant sur le plan régional
qu’international. Des positions immuables contre toute forme de colonialisme et
en faveur du droit des peuples de décider d’eux-mêmes, de la non-ingérence dans
les affaires internes, de l’encouragement du développement de la partie sud de
la planète…
Mais la meilleure façon de répondre à ces attaques médiatiques, basées sur la
rumeur et les contrevérités, c’est le travail et l’obligation de résultats. Et
c’est ce que nous nous appliquons à faire.
C’est tout le sens du dispositif légal et pénal qui a été mis en place pour
combattre le phénomène des fake-news et deep-fakes, ainsi que la diffamation,
l’insulte et l’atteinte à la vie privée, que cela se produise dans la presse
conventionnelle ou électronique. Ce cadre juridique concerne également les réseaux
sociaux.
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La communication
institutionnelle est, longtemps, restée bloquée dans une logique anachronique
centralisée qui a engendré une quasi-rupture entre les professionnels et les
institutions. Les médias se plaignent souvent de l’hermétisme des sources
d’informations officielles. Un état de fait qui alimente la rumeur et les
fake-news et décrédibilise les médias traditionnels, au bénéfice des réseaux
sociaux. La création du poste de porte-parole du gouvernement peut-elle être
interprétée comme une volonté ferme de mettre fin à cette situation
préjudiciable aux deux partenaires que sont la presse et les pouvoirs publics ?
Pouvez-vous nous donner plus de détails sur le rôle et les prérogatives du
porte-parole du gouvernement ?
Sur le plan institutionnel, notre stratégie de communication tend, tout
d’abord, à informer le citoyen sur les politiques publiques et les programmes
de développement afin de l’impliquer dans la dynamique insufflée pour la
relance socio-économique.
Nous œuvrons aussi à renforcer la communication entre institutions pour
parvenir à accorder davantage de coordination et de synergie au travail du
gouvernement. La cohésion et la cohérence manquaient terriblement dans un passé
très proche durant lequel un haut responsable faisait une déclaration le matin
pour se voir contredire l’après-midi par un de ses collègues.
A cet effet, de nombreux journalistes et spécialistes des médias ont été
désignés à des postes supérieurs dans différentes institutions de l’Etat, dont
la Présidence de la République, afin de contribuer à l’élaboration d’une
stratégie de communication efficace et réussir sa mise en œuvre.
La désignation d’un porte-parole du gouvernement s’inscrit justement au centre
de cette stratégie. Cette fonction vise, d’une part, un rapprochement entre le
peuple et son Etat à travers la vulgarisation des informations relatives aux
politiques publiques et aux différents programmes de développement, et d’autre
part, une facilitation de l’accès des médias à l’information institutionnelle
en ayant un vis-à-vis officiel et permanent.
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En matière de communication
institutionnelle, comment s’organise la coordination entre le porte-parole du
gouvernement et le responsable de la communication du ministère ? Allons-nous
vers une redéfinition des fonctions de directeur de la communication et
d’attaché de presse ?
Les deux postes sont très différents. Un porte-parole du gouvernement a pour
mission d’expliquer et de promouvoir le travail du gouvernement auprès de
l’opinion publique.
Il s'exprime régulièrement sur l'ensemble des domaines d'action et des sujets
d'actualité. Il est chargé, en outre, de rendre publiques les décisions et les
mesures prises lors des Conseils de gouvernement. L’attaché de presse est, pour
sa part, l’interphase entre les médias et une institution donnée. Son travail
consiste notamment à synthétiser les réunions présidées par son ministre, la
rédaction des communiqués de presse et l’organisation des conférences et points
de presse.
Il a pour tâche également de soumettre les demandes d’interviews au ministre.
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La communication relative à
la pandémie du nouveau coronavirus a connu deux phases bien distinctes. Au
début de la pandémie la stratégie adoptée a permis une mobilisation large de
toutes les institutions, du mouvement associatif et des citoyens. Dans une
parfaite cohésion et par le biais d’une solidarité sans faille, l’Algérie a
fait face à ce nouveau fléau. Mais au fur et à mesure de l’évolution de la
maladie, des failles sont apparues et un certain fléchissement de cette mobilisation,
à divers niveaux, a été constaté. Faudrait-il, aujourd’hui, tout en évitant le
discours alarmiste, passer à une stratégie de communication ?
Sur cette question précise qui a surpris l’ensemble de notre planète, il faut
rappeler que l’Algérie a été parmi les premiers pays à prendre des mesures
salutaires en fermant ses frontières et en décrétant le confinement. Cela s’est
fait dès le début de la prolifération du virus Covid-19 dans certains pays
européens voisins.
Trois hiérarchies de commandement ont vu le jour dès la découverte du premier
cas épidémiologique dans notre pays : stratégique, opérationnel et tactique.
Le commandement stratégique a sollicité deux niveaux de décision, sous
l’autorité du président de la République : le Haut Conseil de sécurité et le
gouvernement.
Ce niveau de commandement stratégique est requis parce que nous sommes face à
ce que le droit international consacre comme «danger public exceptionnel»
menaçant l’existence d’une nation pour reconnaître aux Etats des mesures
dérogatoires aux obligations inhérentes aux droits civils et politiques admis
par le Pacte international de 1966 (droits de réunion, de circulation et de
manifestation).
Le cadre légal général est la prévention des risques majeurs et la gestion des
catastrophes, qu’elles soient naturelles, environnementales, humanitaires,
alimentaires (vache folle) ou sanitaires.
La notion de «risque majeur» est associée à celle «d’aléas naturels
exceptionnels et/ou du fait d’activités humaines», dont «les risques portant
sur la santé humaine».
«Les dispositifs et mesures de droit mis en œuvre pour assurer les meilleures
conditions d’information, de secours, d’aide, de sécurité, d’assistance et
d’intervention de moyens complémentaires et/ou spécialisés» sont considérés
comme des «actes d’intérêt public».
Nous sommes ainsi devant ce qui s’apparente à plus grave qu’un «état d’urgence
sanitaire», puisque le péril est plus qu’imminent, il est là.
Autre institution sollicitée : l’exécutif, à sa tête le Premier ministre. Ce
dernier a, dès le 21 janvier, pris une circulaire appelant les services
compétents à la vigilance et aux premières mesures de pistage.
Le commandement opérationnel est coiffé par un comité scientifique, installé le
23 mars 2020 et présidé par le ministre de la Santé, de la Population et de la
Réforme hospitalière (MSPRH), le Professeur Abderrahmane Benbouzid.
Les missions qui lui ont été confiées sont les suivantes : I) veiller au suivi
continu de l’évolution de la pandémie de Covid-19 ; II) proposer toute
recommandation et proposition en rapport avec la prévention et la lutte contre
le Covid-19 ; III) organiser un point de presse quotidien sur l’évolution de la
situation du Covid-19.
Le Comité scientifique a pris en charge trois grandes préoccupations :
- Un suivi quotidien basé sur des indicateurs et appuyé par la mise en place
d’une cellule opérationnelle au sein du MSPRH :
Ces indicateurs ont, principalement, porté sur le suivi de l’évolution i) de la
situation épidémiologique ; ii) de l’offre de soins par rapport au processus de
décentralisation du diagnostic virologique et aux capacités existantes et
mobilisables pour la prise en charge des patients ; iii) de l’état des
approvisionnements en moyens et équipements de protection, de diagnostic, de
traitement et de réanimation.
Ce suivi a été facilité par la mise en place d’une cellule opérationnelle
composée de trois unités de veille (surveillance épidémiologique, gestion des
lits et des patients, approvisionnements) appuyée par une plate-forme
informatique pour la collecte et le traitement des données en temps réel.
- Un souci constant du partage de l’information avec les partenaires sociaux et
de l’association des experts nationaux :
L’adhésion de l’ensemble des professionnels de la santé a été jugée cruciale.
C’est pourquoi, le comité scientifique a entrepris une série de rencontres
d’information avec les partenaires sociaux et sollicité, de façon régulière,
l’avis des experts nationaux de différentes spécialités qu’il a associés à
l’élaboration des directives techniques.
- Un souci d’une information transparente sur la situation épidémiologique :
Considérant le caractère sensible de la communication, notamment en situation de
crise, le comité scientifique s’est attaché à tenir des points de presse
quotidiens et à intervenir régulièrement dans les différents médias.
Cette action stratégique a été facilitée par le rôle du ministère de la
communication dans l’organisation de l’accès aux spécialistes, aux experts et
aux membres du conseil scientifique dans les différents médias dans le but de
permettre aux citoyens d’être régulièrement informés sur l’évolution de la
situation épidémiologique, d’accroître leur prise de conscience sur les risques
encourus et d’appliquer les mesures de prévention.
Cette réactivité a donné ses fruits et évité la catastrophe au pays.
La mobilisation des moyens humains et matériels de lutte et de prévention
contre la Covid-19, a été accompagnée d’une stratégie de communication
impliquant l’ensemble des institutions civiles et militaires, ainsi que les
médias et la société civile.
L’objectif consistait à faire prendre conscience au citoyen de son rôle
fondamental dans sa propre sauvegarde et celle des autres, et ce, en respectant
les consignes de prévention et d’hygiène.
Le bilan du nombre de morts et de contaminés aurait pu être beaucoup plus lourd
si ce n’était la célérité de la prise de décision. Une sagesse ayant permis de
faire face à un virus qui paralyse la planète entière et secoue les économies
les plus puissantes.
Cette mobilisation générale conduit à une maîtrise de la situation sanitaire du
pays. Cela a contribué surtout à maintenir le bilan des contaminations à une
échelle modérée en comparaison avec les pics enregistrés dans d’autres pays.
L’élan de solidarité dégagé spontanément entre citoyens a, lui aussi, contribué
à contenir les conséquences de la pandémie.
Cela dit, le danger subsiste encore. Je saisis cette opportunité pour inciter
nos citoyens à continuer de faire montre de vigilance et à respecter les gestes
barrières, la distanciation physique et les règles d’hygiène.
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Quelle sont les chantiers
prioritaires dans votre projet d’assainissement du paysage médiatique national
?
Notre plan d’action comprend 10 axes ou chantiers visant la réforme du secteur
de la Communication, conformément aux engagements du président de la
République, M. Abdelmadjid Tebboune.
Le premier chantier concerne le consensus conceptuel pour une pratique sereine
et apaisée du métier qui concilie liberté et responsabilité.
Le professionnalisme des médias a pour base de départ le civisme ou, plus
globalement ce qu’on appelle communément la chaîne de valeurs éducatives qui
rendent heureuse la vie en société. Le respect, la démocratie, la sécurité
physique et affective, l’égalité des chances, le respect de la vie privée, le
secret de la correspondance sont parmi les conditions requises d’une vie
sociale harmonieuse à laquelle les médias doivent concourir, à l’exclusion de toute
autre valeur.
La haine, le racisme, le régionalisme, le sectarisme, la violence expressive et
toute autre forme d’exclusion représentent l’exacte exécrable antithèse de
cette chaîne des valeurs éducatives ; il convient de les combattre sans
relâche.
Le second chantier porte sur la garantie du droit à l’information dans un cadre
pluraliste, ainsi que la moralisation de la pratique journalistique, loin de
toute pratique monopolistique et d’intrusion d’intérêts financiers
incompatibles avec le pluralisme.
Le troisième chantier s’intéresse à combler le vide juridique prévalent dans le
secteur pour encadrer la presse écrite et électronique, l’activité des chaînes
de télévisions privées et des agences de conseil en communication, outre la
régulation du marché de la publicité.
Le quatrième chantier concerne, quant à lui, l’accélération de la transition
finale vers la communication numérique, alors que le cinquième sera consacré à
l’activation de la communication institutionnelle.
Le sixième chantier porte sur l’extension du réseau de l’information de
proximité pour renforcer la démocratie participative. Le septième chantier est
celui de la promotion de la formation et de la qualification. A cet effet, nous
avons entamé la réactivation du Fonds d’aide à la presse, gelé depuis 2014.
Les huitième et neuvième chantiers portent respectivement sur l’amélioration de
l’image de l’Algérie à l’étranger et la restauration de sa place dans les fora
internationaux et la réglementation de l’activité du sondage d’opinions, dépourvue
de cadre juridique et de réalité économique claire.
Enfin, le 10e et dernier chantier consiste à aider les hebdomadaires et les
publications spécialisées, confrontés à d’énormes problèmes de financement.
La plupart des chantiers sont bien avancés, notamment ceux visant à mettre en
place un cadre juridique adéquat pour régir le secteur de la presse
électronique, la mise à jour des statuts de TDA pour la commercialisation des
produits offerts par Alcomsat1, la publicité, le sondage, etc.
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Vous avez annoncé une réforme
profonde de la presse publique. S’il est de notoriété que le problème
fondamental de ce secteur est d’ordre structurel, il n’en demeure pas moins
qu’il y a, en parallèle, urgence à repenser la relation entre médias publics et
gouvernants. La presse publique, marquée par la pensée socialiste des premières
années post-indépendance, a été conçue lors des deux dernières décennies comme
un simple relais des activités officielles. A-t-on engagé une réflexion pour
redéfinir cette relation ?
Il importe de rappeler que dans l’Algérie nouvelle il n’existe pas de
différence entre médias publics et médias privés. Ce sont des partenaires ayant
pour mission commune le raffermissement de la liberté d’expression et la
promotion du droit à l’information. Les médias publics audiovisuels et écrits
sont appelés à être réorganisés de manière profonde. C’est l’époque qui l’exige
et qui implique de les moderniser et de les transformer en entreprises
organisées en portails numériques offrant des produits variés. C'est-à-dire une
offre basée sur le texte, le son et l’image, ce qui est une règle valable pour
tout le monde : presse écrite imprimée, sites électroniques, radios et télés.
Une fois assainies, ces médias publics devraient se diversifier et produire de
la richesse pour ne plus avoir à dépendre du budget de l’Etat.
Les chantiers de la réforme tiennent de deux grandes préoccupations :
1- le raffermissement de l’exercice démocratique ;
2- l’encadrement juridique des activités de communication.
Au titre de la première préoccupation, nous avons retenu :
- Le renforcement du cadre référentiel (au titre de la vision
constitutionnelle) ;
- La préservation du cadre pluriel et concurrentiel de l’activité de
communication (loin des abus de positions dominantes et des concentrations) ;
- Le développement de la communication institutionnelle ;
- Le développement de la communication de proximité.
Au titre de l’encadrement juridique des activités de communication, nous
pouvons citer :
- La codification de l’activité de presse électronique multimédias (écrite, web
radio et web télé) ;
- Une loi sur la publicité ;
- L’encadrement de l’activité de sondage d’opinion ;
- Une assise juridique pour les agences de communication ;
- L’autorégulation de la presse écrite : Conseil national de la presse écrite
(CNPE) ;
- Le rapatriement juridique et technologique des chaînes de télévision privées.
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La crise financière que
connaît le pays depuis 2014 a mis à nu la fragilité de la presse privée. Des
titres ont ainsi disparu alors que d’autres sont toujours sous la menace d’une
liquidation. Cela renvoie, selon les spécialistes, aux conditions même de sa
création, à l’époque de ce qu’on a qualifié d’aventure intellectuelle. En
Algérie, dans la grande majorité des cas, ce sont les titres qui ont tenté,
avec plus ou moins de bonheur, de créer une entreprise, alors que les standards
internationaux exigent l’inverse. Ne faudrait-il pas revoir la loi sur
l’information de manière à garantir la pérennité de ces entreprises et mettre
fin, par la même, à la précarité des travailleurs, pas seulement les
journalistes, de ces organes de presse ?
La disparition des entreprises qu’elles soient des médias ou autres est un
phénomène naturel et mondial qui a toujours existé. Il est tout à fait normal
que des titres s’éclipsent pendant que d’autres voient le jour. Cette loi
économique est due notamment à une incapacité d’évoluer, de renforcer sa part
de marché, de fidéliser et d’élargir sa clientèle auprès des lecteurs ou des
téléspectateurs. Autrement dit de faire face à la concurrence et à ses aléas.
La crise financière affectant la presse écrite est une réalité qu’on observe
dans tous les pays. Elle résulte d’un ensemble de facteurs économiques
notamment par la cherté du papier et une évolution de la presse électronique
qui séduit une part importante de consommateurs grâce aux TIC, cette crise
financière va sans doute perdurer. Justement, la décision du ministère de la
Communication d’apurer récemment les créances publicitaires des journaux, en
raison de la conjoncture exceptionnelle que traverse la presse nationale,
s’inscrit dans le cadre des efforts de soutien de l’Etat algérien à la presse.
Cependant, l’Etat ne peut pas et ne doit pas intervenir pour soutenir tel ou
tel journal au détriment des autres. C’est aux propriétaires de savoir gérer
leur entreprise et la pérenniser.
Par contre, le rôle de l’Etat est de réguler l’activité des journaux, de
veiller au respect de la réglementation en vigueur et des règles de la
concurrence, ainsi qu’à l’équité dans l’accès à la publicité publique.
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Professionnaliser la presse
audiovisuelle figure-t-elle parmi vos priorités et qu’elle est la matrice de
votre démarche dans cette optique ?
L’urgence de réguler cette activité est dictée par le traitement subjectif et
contraire à la déontologie, voire subversif, de certaines chaînes privées à
l’encontre de notre pays. Cela permettra l’encadrement de ces chaînes privées
par la loi algérienne et contribuera à l’amélioration de l’exploitation des
capacités du satellite « Alcomsat-1 ». A cet effet, la révision de la loi
organique sur l’information va inévitablement engendrer la révision de la loi
relative à l’audiovisuel, notamment en ce qui concerne l’élargissement du champ
audiovisuel au privé pour englober les chaînes à caractère général et non plus
thématique, comme elles sont injustement qualifiées aujourd’hui.
Il faut savoir que, les cinquante chaînes privées existantes actuellement sont
régies par le droit étranger. Six chaînes sont titulaires d’une accréditation
provisoire pour l’ouverture de bureaux de représentation en Algérie.
Ces accréditations ne peuvent pas faire foi d’autorisations pour la création de
chaînes de télévision.
Concernant le volet réglementaire, il est nécessaire de rappeler que les
chaînes de télévisions publiques et privées, activant en Algérie, sont régies
par trois textes réglementaires encore ineffectifs. Le premier décret exécutif
fixant les conditions et les modalités de mise en œuvre de l’appel à
candidature pour l’octroi de l’autorisation de création d’un service de
communication audiovisuelle thématique, alors que le second fixe le montant et
les modalités de versement de la contrepartie financière liée à l’autorisation
de création d’un service de communication audiovisuelle thématique.
Le troisième décret exécutif est celui portant cahier des charges générales
fixant les règles imposables à tout service de diffusion télévisuelle ou de
diffusion sonore. Un premier pas a été également franchi en direction du
«rapatriement juridique» des activités des chaînes privées de télévision avec
la modification des statuts de TDA. Alcomsat-1 est le premier satellite
algérien de télécommunications répondant aux besoins des différents secteurs
nationaux en matière de télécommunication. Il assure une couverture nationale et
régionale (Grand Maghreb et Sahel). La durée de vie de ce satellite étant d’une
quinzaine d’années (durée de vie optimale et standard de ce type de satellite),
il est fondamental de définir une stratégie d’optimisation, d’exploitation et
de commercialisation à court, moyen et long termes, et s’inscrire ainsi dans
une approche tendant au renforcement de la souveraineté nationale dans un
secteur très sensible et la rentabilité de ce satellite durant sa période
d’exploitation.
Le satellite Alcomsat-1 dispose de neuf transpondeurs (capacités de neuf
bouquets de chaînes TV et radio) pouvant diffuser jusqu’à une centaine de
chaînes, voire plus ; le nombre exact dépendrait de la qualité des chaînes à
diffuser (standard définition (SD) ou haute définition (HD)) ainsi que de leur
thématique (sport ou autre).
Sur les neuf transpondeurs, deux sont exploités par l’établissement public
depuis le 1er novembre 2018 pour la diffusion de deux bouquets des chaînes
publiques.
Par conséquent, il y a lieu d’exploiter les sept transpondeurs (capacités)
restants. Les futures chaînes algériennes autorisées, conformément au cadre
juridique et réglementaire existant, ne peuvent à elles seules constituer un
panel «de clients» suffisant pour permettre un retour sur investissement et l’optimisation
maximale de l’exploitation du satellite algérien Alcomsat-1.
Le recours à la diffusion pour un objectif purement commercial de chaînes dont
les régies finales de diffusion sont établies en dehors du territoire national
sur Alcomsat-1 constituera une alternative pour l’optimisation de son
exploitation et sa rentabilisation. Cependant, le cadre réglementaire institué
par le décret exécutif n°12-212 du 9 mai 2012, modifié, fixant le statut de
l’établissement public de Télédiffusion d’Algérie, ne permet pas la diffusion
de chaînes dont les régies finales de diffusion sont établies en dehors du
territoire national, et les chaînes télévisuelles « offshore » diffusant en
Algérie, ne disposent pas d’autorisations, telles que prévues par les dispositions
de la loi n°14-04 du 24 février 2014 relative à l’activité audiovisuelle.
Aussi, afin de s’inscrire dans cette approche, le ministère de la Communication
a modifié l’article 7 du décret exécutif n°12-212 du 9 mai 2012, modifié,
fixant le statut de l’établissement public de Télédiffusion d’Algérie, pour lui
permettre de conclure également après accord du ministre chargé de la
Communication «tout contrat commercial à titre onéreux» afin de fournir une
prestation de service de diffusion directe par satellite pour les services
audiovisuels, par tout moyen technique approprié, la location des capacités
satellitaires appropriées sur des satellites nationaux ou étrangers.
De fournir aussi sur des satellites nationaux ou étrangers, des prestations de
service de diffusion directe par satellite des programmes de chaînes
audiovisuelles dont les régies finales de diffusion sont établies en dehors du
territoire national.
Les contrats commerciaux ci-dessus cités sont soumis en matière de contenu des
programmes, aux obligations relatives au respect de l’unité nationale, de la
sécurité et de la défense nationale.
S’agissant de la modernisation et du redéploiement de la télévision publique,
il a été procédé au lancement de plusieurs chaînes thématiques par l’Entreprise
publique de la télévision (EPTV), comme celle d’"El Maarifa" et
"TV6", outre la chaîne A3 qui a été érigée en chaîne d’information en
un temps court.