HISTOIRE – BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- RECIT CHOUITEH
BRAHIM MOUNIR*- « COMBATS D’HIER, ESPOIRS D’AUJOURD’HUI »
© El Moudjahid/ Mohamed Bouraib, samedi 26/12/2020
L’ouvrage, fortement
documenté, raconte l’épopée d’une résistance, celle de la population de Z’malet El Amir Abdelkader, dans la région de Ksar Chellala. C’est aussi une manière de faire entendre une
autre voix que celle diffusée par les grands médias français qui continuent à
privilégier un regard de colonisateur.
Pour l’auteur, la
colonisation ne doit pas être classée dans les rayonnages parce qu’elle a été
une entreprise de destruction théorisée, meurtrière et très douloureuse. Il
reste donc à déterminer et faire reconnaître les responsabilités de la France
coloniale dont le lourd passif n’a pas été soldé.
Le livre n’est pas un essai politique, ni un manuel d’histoire de la région. Il
contribue à éveiller la curiosité des jeunes pour les aider à comprendre la
conscience d’un peuple et de sa grandeur.
Toutes les régions du pays ont opposé à des degrés divers une résistance civile
ou armée acharnée contre la colonisation française ressentie comme une atteinte
à la liberté, à l’indépendance, et à la dignité de tous les Algériens.
Le message sous-jacent de cet ouvrage est le suivant : avant son
occupation, l’Algérie était une nation reconnue par l’Angleterre, les
Etats-Unis, mais au-delà des rappels très instructifs, Chouiteh
Brahim Mounir relate les aléas de la vie de cette contrée, de la partie
centrale des Hauts-Plateaux, et plus particulièrement de son «patelin», qui a
dû affronter de nombreuses épreuves, tout au long de son histoire très
chahutée, à l’instar de toutes les régions de notre pays. Il démontre que l’Algérie
est une nation avec ses frontières actuelles depuis des siècles, rejetant la
thèse galvaudée par une certaine historiographie coloniale partiale et gorgée
d’ethnocentrisme.
Il évoque les déportations d’Algériens coupables de s’être opposés à l’expropriation
de leurs terres, d’acte de rébellion, réprimés dans le sang par le code de
l’indigénat ou pour leurs insurrections successives. Des chefs de la résistance
furent expatriés de force et déplacés vers la nouvelle Calédonie, Cayenne et la
Guyane dans l’espoir de briser la résistance nationale face à l’oppression.
Dans le chapitre sur les tentatives de l’assimilation, l’auteur parle d’une
vaine œuvre de transformation sociale et culturelle qui est une totale
ignorance de la société algérienne.
Dans cette longue plongée dans une histoire mouvementée autant qu’exaltante, il
retrace le portrait et le parcours de deux personnalités politiques célèbres
que sont Messali Hadj et Ferhat Abbas. Deux hommes
avec leurs idées, leur combat pour l’émancipation du peuple algérien.
Messali Hadj s’imposa par son allure plébéienne, sa
façon orientale, son allure d’insurgé en djellaba. Ferhat Abbas par son
caractère de musulman laïque, héritier de Kamal Atatürk, ou de ces républicains
portant le fez.
Généraux d’opérette
et sombres assassins
Ce livre est une réponse
cinglante à tous ceux qui ont glorifié les actes barbares d’une soldatesque
française qui s’était criminellement «illustrée» au cours d’une époque
impériale peuplée de va-en-guerre, de ces généraux d’opérette, vulgaires
assassins tortionnaires, spécialistes d’enfumades de
pauvres et paisibles villageois du Dahra, voleurs de biens agricoles, de
patrimoine d’autrui. Tous leurs crimes étaient légitimés par cette nécessité
d’apporter une soi-disant lumière à un peuple qui vivait, paraît-il, dans les
ténèbres.
Que de mensonges éhontés ! La France se nourrissait avant l’occupation de
l’Algérie du blé importé des régions de Constantine et de Mascara.
A travers la convocation de l’histoire, l’auteur trace et balise le contour de
l’apport militant de Ksar Chellala, qui, elle aussi,
a payé le lourd tribut fait de violences, contre une population en raison de sa
contribution aux efforts de la guerre menée contre l’armée coloniale et au
titre de la révolution algérienne.
*Chouiteh
Brahim Mounir, colonel de l’ANP, en retraite, né à Ksar Chellala,
Editions Dahlab, Alger 2020