HISTOIRE-
PERSONNALITES- AMINE ZIROUT (NÉ SYLVAIN ERNEST BRET)
© Cherif Deroua (« Les oubliés de la
révolution algérienne » ), fb, décembre 2020
« …….Qui est Sylvain Ernest Bret ?
Issu d'une famille chrétienne, d’un père
instituteur d’origine normande et d’une mère sicilienne, Sylvain Ernest Bret
est né le 15 mai 1933 à M'sila, et aura un parcours
unique dans les annales de l'histoire de l'Algérie et de sa Révolution.
Après des études primaires à M'sila et secondaires au lycée Albertini
de Sétif, il poursuivit ses études supérieures à l'Université de médecine de
Montpellier de 1952 à 1956.
A l'appel de l'Union générale des
étudiants musulmans algériens (Ugema) à une grève
générale le 19 mai 1956, lui, l'étudiant chrétien en quatrième année de
médecine, répond : Présent! Par cet acte, il décide volontairement de prendre
position dans un conflit qui oppose le colonialisme français à la lutte de
Libération nationale des Algériens. Fin mai 1956, il se retrouve au Maroc et
rejoint le FLN. Il sera reçu par Mohamed Boudiaf à Nador, ville à partir de
laquelle ce dernier exerçait ses responsabilités de coordinateur entre
l'intérieur et l'extérieur. Il demande à rejoindre le maquis, et se retrouve,
en juin 1956, dans la région 5 zone 5, qui deviendra la Wilaya 5 après le
Congrès de la Soumman.
Au début du mois de mai 1957, de retour
d'une mission au Maroc, je rencontre dans les monts de Tessala
— aux environs de Sidi-Bel-Abbès — Si Larbi Tayebi lieutenant politique de la zone 5 Wilaya 5 en
compagnie d'un certain Malek.
Lors de notre discussion, j'ai, entre
autres, été impressionné par les convictions, la culture, le flegme et l’humour
de Malek. Impressionné, oui, car il n'était pas courant de rencontrer, au
maquis, des universitaires, et à plus forte raison un universitaire français.
En fait, Malek était le pseudonyme de Sylvain Ernest Bret.
En zone 5 Wilaya 5, de juin 1956 à début
mars 1958, date à laquelle il est fait prisonnier par l'armée coloniale, Malek
sera en charge de la santé avec le grade de lieutenant de l'Armée de libération
nationale.
Après 2 années de prison entre Oran et
Alger, les autorités françaises, craignant qu’il ne soit liquidé par la main
rouge ou les radicaux de l’Algérie française, décident de le transférer, au
début de l’année 1960, à la prison des Baumettes à
Marseille.
Libéré après la signature des accords
d'Évian, il rejoindra les rangs de ses compagnons, et sera promu au grade de
capitaine.
Après l'indépendance, il sera élu, le 20
septembre 1962, député de Mostaganem à l'Assemblée nationale constituante sous
le nom qu'il s’était choisi: Amine Zirout.
Pour officialiser sa nouvelle vie, il se
convertit à la religion musulmane et opte volontairement pour la nationalité
algérienne, qui lui sera accordée par décret présidentiel paru au Journal
officiel le 31 décembre 1964.
Il sera le premier ambassadeur d'Algérie
à Cuba pendant une année. Ironie de l'histoire, à ce poste, il y aura la
rencontre de deux destins hors du commun. Ernest l'Algérien et le légendaire
Ernesto Che Guevara, Argentin de nationalité et ministre cubain, deux médecins
qui ont changé de nationalité pour rejoindre les révolutions algérienne et
cubaine, afin de lutter contre le colonialisme et l'impérialisme.
Rappelé à Alger après un désaccord entre
les deux pays suite au « coup d'Etat » ou « réajustement révolutionnaire », il
sera remplacé par son compagnon de combat Si Larbi Tayebi. Il occupera le poste de directeur des affaires
politiques au ministère des affaires étrangères pendant deux ans. À ce poste,
il reverra Che Guevara à 2 reprises à Alger.
À la fin de l'année 1967, pour
convenance personnelle, il demande à être libéré de sa fonction afin de finir
ses études de médecine.
Après avoir obtenu son diplôme de
docteur en médecine à l'Université d'Algérie, il s'installera à Oran, où il se
met au service de son pays en tant que médecin spécialiste en pneumologie, et
professeur à l'université de cette ville de 1972 à 1995, soit 23 ans de bons et
loyaux services à la Nation qu'il s'est librement choisie, à son pays pour
lequel il a combattu afin de recouvrer sa liberté et son indépendance.
Il décéda à Paris le 14 juin 1995, et
son corps sera rapatrié pour être inhumé, selon son ultime vœu, dans cette
Algérie qu'il chérissait de tout son cœur.
Il repose aujourd’hui au cimetière
d’Oran…… »