ECONOMIE- ETUDES ET ANALYSES – INFLATION 2020 (ONS )
PHOTO : H. LYES
© Khelifa
Litamine, El Watan, samedi
26 décembre 2020
Le taux de
l’inflation annuel moyen en Algérie, communiqué jeudi par l’Office national des
statistiques (ONS), se stabilise à plus de 2,3% à fin novembre dernier. Pour
certains produits alimentaires, l’inflation est déjà à deux chiffres.
Selon les chiffres de
l’ONS, repris par l’agence officielle APS, si les prix des biens alimentaires
ont connu une baisse mensuelle de 1,6%, la hausse a touché les prix
de la pomme de terre, qui ont enregistré une augmentation de 9,2%, et ceux des
poissons avec plus de 3,8%.
Durant la même période, les prix des produits
alimentaires industriels ont connu une hausse modérée de 0,6%, par rapport au
mois d’octobre 2020, traduisant un relèvement des prix de certains produits,
essentiellement les pâtes alimentaires (+15,5%), le couscous (+7,8%) et les
légumes secs (+6,3%).
Les prix des produits manufacturés ont eux
aussi enregistré un taux de +0,6%, alors que ceux des services se sont
caractérisés par une évolution de 0,4%.
Par groupe de biens et de services, les prix
du groupe divers ont connu une hausse de 2,0%, ceux du groupe «habillement
chaussures» ont enregistré une hausse de 0,7%, le reste des biens et services
s’est caractérisé soit par des variations modérés, soit par des stagnations,
selon la même source.
De ce fait, durant les 11 premiers mois de
l’année en cours, les prix à la consommation ont connu une hausse de 2,3%,
malgré une baisse de 0,9% des prix des produits agricoles frais, indique l’ONS.
Quels effets sur l’économie en 2021
Si le taux de l’inflation semble, pour
l’instant, moins conséquent, il prendra, en revanche, une direction ascendante
l’année prochaine, dès l’entrée en vigueur des mesures de la loi de finances
2021, surtout avec le recul de la valeur du dinar algérien.
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Ainsi l’inflation sera l’un des agrégats
économiques qui évoluera négativement au cours de l’année prochaine, notamment
avec la dégradation de plusieurs facteurs économiques, tels que les recettes
des hydrocarbures, et donc les réserves de changes, ce qui donnera un déficit
très conséquent.
La loi de finances de 2021 prévoit un taux
annuel d’inflation de 4,5%, dépassant celui des années précédentes qui était
aux alentours des 2%. Mais, la réalité de l’économie nationale en ce moment,
nous amène à penser que le taux d’inflation pour l’année prochaine sera
beaucoup plus important que celui prévu par les organismes officiels.
En effet, plusieurs facteurs systémiques sont
derrière cette hausse prévue du taux d’inflation, à commencer par la baisse de
la valeur du dinar, qui enflammera notamment les prix des produits importés,
qui subiront directement les effets du change, et en degré moins les produits
semi-finis.
Selon l’économiste Yacine Ould
Moussa, les autorités sont en train d’effectuer un ajustement structurel, qui
aurait dû être fait depuis long temps. «Cet ajustement est
nécessaire si l’Etat ne veut pas aller rapidement vers l’endettement extérieur»,
a-t-il estimé.
La hausse des dépenses publiques impactera
également l’inflation, sachant que 60% des dépenses sont dirigées vers les
salaires. Ce qui engendrera une augmentation dans la masse monétaire en
circulation.
Cette masse est déjà alimentée en partie par
les 6000 milliards de di-nars qui ont été injectés,
il y a deux ans, dans l’économie, en termes de financement non conventionnel,
afin de financer plusieurs déficits. Avec «l’absence de
productivité en parallèle», certains
produits «se retrouvent déjà dans une inflation à deux
chiffres».
Poursuivant son analyse, Yacine Ould Moussa a souligné que les conséquences sur l’économie
seront encore plus fortes, surtout sur les investissements, qui vont se
rétrécir vu la hausse probable des coûts. L’impact sur l’emploi, où les
chiffres du chômage sont déjà très affectés par la crise sanitaire, sera encore
plus important.
Le pouvoir d’achat des Algériens subira lui
aussi des dommages très significatifs malgré le maintien des aides de l’Etat
pour certains produits essentiels.