AGRICULTURE-
CULTURES – VIGNE D’ALGERIE
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Kamel Bouslama, El Moudjahid, samedi 26/12/2020
Les origines de la vigne sont assez
obscures et remonteraient à la période du Crétacé, à la fin de l’ère
secondaire, il y a environ 140 millions d’années. La cueillette du raisin
sauvage, sans aucun procédé cultural, a depuis toujours constitué une ressource
complémentaire d’alimentation sur le pourtour méditerranéen.
On sait et les preuves existent, que la vigne, depuis l’époque historique,
était cultivée en Afrique du Nord. Et on sait aussi que les vignes sauvages,
ancêtres des vignes cultivées, les lambrusques ou «Vitis
Silvestris», se sont multipliées en Algérie par semis
naturels ou provoqués par les oiseaux et les animaux de l’époque, friands de raisin.
Les fleurs étaient dioïques, c’est-à-dire mâle ou femelle et la fécondation se
faisait difficilement. Autrement dit «aneb dequer», ou raisin mâle, serait une lambrusque
algérienne ; ou l’ancêtre de la vigne cultivée. D’ailleurs, le raisin de
table, le «raisin de Numidie» blanc - identifié comme raisin de Kabylie à Lakhdaria et Tizi Ouzou - a connu une certaine renommée à Rome sous
l’empereur Tibère. Les grappes étaient cueillies avec une proportion de
rameaux, conservées suspendues dans un endroit sec, et parfois fumées.
Le premier stade de la domestication de la vigne par l’homme primitif a été la
sélection de souches à fleurs hermaphrodites qui s’autofécondaient. C’est
probablement à cette époque, entre six et huit mille ans avant Jésus-Christ,
que l’homme a dû découvrir le vin, ou tout au moins une boisson fermentée à
partir de raisins, dans une outre de peau ou une jarre de terre.
La viticulture venait de naître Le cycle végétatif des vignes d’Algérie est
comparable à celui des autres vignes du pourtour méditerranéen
. Autrement dit la vigne est en dormance en hiver. C’est le repos
hivernal qui commence à la chute des feuilles avec les premiers froids. Dès le
retour du printemps, en mars, et la «montée de sève» apparaissent les «pleurs»
qui sont une exsudation de gouttes de sève brute au niveau des plaies dues à la
taille.
Les bourgeons gonflent alors et éclatent. C’est le «débourrement». Les feuilles
apparaissent, les rameaux s’allongent, les boutons floraux deviennent des
fleurs, puis des grappes. C’est la «nouaison». Les vrilles s’accrochent,
s’enroulent autour de leurs supports. Les grains prennent du volume. Le
feuillage fonce. Il peut y avoir «coulure», mauvaise fécondation, ou
«millerandage», avec des grains normaux et des grains atrophiés, sans pépins.
En juillet et en août arrive le temps de la «véraison». Les grappes changent de
couleur, elles s’enrichissent en sucre tandis que leur acidité diminue. La
teinte des sarments passe du vert au brun rouge. C’est «l’aoûtement». Les
vendanges approchent. Elles se font d’août à septembre. Si le sirocco n’a pas
grillé les vignes, si le vent marin n’a pas brûlé le feuillage, si la
sécheresse n’a pas été trop grande, elles seront bonnes. Il ne faut pas trop
attendre pour la cueillette. Le soleil est ardent en août et l’on risque surmaturation et «passerillage»,
c’est-à-dire flétrissement ou dessèchement des grains sur souche. Bientôt
l’automne arrive, les jours raccourcissent et la lumière diminue. Les feuilles
jaunissent ou rougissent selon les cépages, et commencent à tomber. C’est la
«défeuillaison». La vigne entre en dormance. L’hiver est là et le printemps
reviendra.
La vigne et son cycle végétatif en Algérie
Pour ceux qui ne le savent pas encore, la
vigne fait partie des vitacés et du genre Vitis (la famille des vitacés
comprend 18 genres). C’est une liane à tige sarmenteuse, qui s’attache à des
supports variés par des vrilles. A feuilles caduques, la vigne, dans des
conditions normales de culture, peut vivre une cinquantaine d’années. Il arrive
de rencontrer, dans des conditions exceptionnelles, des souches isolées de
cinquante ans et davantage. Le genre Vitis se trouve
réparti géographiquement dans les régions tempérées de l’hémisphère Nord.
Toutes les espèces de la section Vitis peuvent se
croiser ensemble et donner des hybrides fertiles. C’est ce qui a permis
d’obtenir des porte-greffes résistants au phylloxéra à la fin du XIXe siècle.
En Europe et en Asie s’est développée l’espèce «Vitis
Vinifera», mieux connue sous l’appellation de cépage.
C’est le cépage qui caractérise la vigne. Il donne des raisins de table, de
cuve ou à sécher, de couleur blanche, rouge ou noire. Il peut être de maturité
précoce, moyenne ou tardive.