HISTOIRE – PERSONNALITES- CHERIF BOUBAGHLA (MOHAMED
LEMDJAD BEN ABDELMALEK)
Mohamed Lemdjad Ben Abdelmalek,
dit Cherif Boubaghla, tombé au champ d'honneur le 26
décembre 1854 après avoir unifié les Algériens et dont le rapatriement de 24
restes mortuaires de Paris, le 3 juillet , à la veille de la fête de l'Indépendance de
2020 a ravivé l'Unité nationale : Funérailles solennelles
et accueil populaire organisés puis inhumation au Carré des Martyrs du
cimetière d’El Alia à Alger.
Cherif Boubaghla est venu de l'Ouest
algérien pour combattre aux côtés de ses frères du Djurdjura et a réussi, en
quatre années de lutte, à renforcer la cohésion entre les différentes tribus,
qui résistèrent tel un seul homme à l'occupation.
Boubaghla s'est installé vers 1849 à Sour El Ghozlane dans l'actuelle wilaya de Bouira,
qu'il ne tardera pas à quitter pour la Kabylie toute proche pour poser pied à
la Kalaâ des Beni Abbès puis à Beni Mlikech, dans l'actuelle wilaya de Béjaia,
dont il fera la base arrière de sa résistance.
Selon certaines sources, son action remonte à 1851 lorsque, suspecté par les
autorités coloniales, il dissimula ses activités et prit contact avec les
cheikhs de Beni Mlikech,
avant d'envoyer des messagers dans différentes régions du pays (Babors, Hodna, Médéa, Miliana et
Djurdjura) pour étendre sa révolte. Son mouvement prenant de l'ampleur, surtout
dans les régions de Béjaïa et des Babors,
il mènera plusieurs batailles contre l'occupant, notamment celle d'Ouzellaguen en juin 1951 où un grand nombre a été tué des
deux côtés.
La première attaque menée par Cherif Boubaghla a eu
lieu le mois de mars 1851 à Akbou lorsqu’il a pris
pour cible le Bachagha Ben Chérif Ali, un féodal serviteur de l’administration
française. Il intensifiera par la suite ses attaques contre plusieurs centres
français dans la région poussant les autorités françaises, inquiètes de
l’ampleur prise par cette résistance, à concentrer leurs efforts pour
l’affaiblir. Elles mobilisèrent d’importantes forces armées menées par de
grands officiers, à l’instar de Dorel, Blange, Bobbrit, Busky Dubrotal et Camus.
Juin 1852, au cours d’une bataille qui a éclaté au village Tighilt
Mahmoud près de Soukh Lethnin,
Chérif Boubaghla fut grièvement blessé au niveau du
crâne.
Rétabli de sa blessure, il conduira en 1853 une autre résistance freinée mi-1854 par l’expédition montée par le général
Randon, gouverneur de la Région d’Azzaga, pour
châtier et mater les tribus qui ont soutenu Chérif Boubaghla.
La même année, contraint à quitter Beni Mlikech, il traversa le Djurdjura vers le nord pour
s'installer dans le versant sud de l'actuelle wilaya de Tizi-Ouzou où il a
établi son quartier général d'où il planifiât ses attaques contre l'armée
d'occupation.
Ayant fait jonction avec la résistante du Djurdjura, Lalla
Fatma N’Soumeur, et profitant de l'engagement des
troupes françaises dans la guerre de Crimée, Boubaghla,
intensifia ses attaques tout en incitant les tribus de la région à la révolte
et à se joindre à sa cause à laquelle il réussit à rallier les Ath Djennad et Ath Idjeur.
La rencontre entre ces deux symboles de la résistance fut un fait historique
majeur. Les historiens rapportent, à ce sujet, la rencontre des deux héros,
lorsque Boubaghla, blessé lors d’une bataille en
1854, fut secouru par la Lalla N’Soumer
qui lui souffla ce faisant «Chérif, ta barbe ne se transformera jamais en
herbe».
Les révoltes ayant de tout temps été étouffées grâce aux trahisons, la fin de
Chérif Boubaghla a été précipitée par les actes de délateurs. Sorti le 21 décembre 1854 de ses
sites de peur de la trahison, il est rattrapé par les collabos français qui
l’ont remis au gouverneur de Bordj Bou Arréridj.
Il fut décapité et sa tête a été exposée en trophée avec ses habits, ses armes,
et son sceau en plein centre de la ville de Bordj Bou Arréridj
pour tenter de terroriser les Algériens.
Les autorités françaises ont décidé, par la suite, de transférer son crâne au
musée de l’Homme à Paris
De ses traits physiques, peu de
descriptions ont aussi filtré. «Il est décrit comme un mystique, d’un teint
basané et une barbe fournie, sans plus», disent des historiens . «Quelle
que soit son origine, il est le type d'homme-guerrier se révélant un adversaire
de forte personnalité», estime, pour sa part, à ce propos, l'historien Kerdja.