CULTURE- CINEMA- CINEMA INDIEN
© L’Expression/Amira Soltane,
jeudi 24 décembre 2020
Le cinéma indien reste le plus grand
producteur de films au monde. Mais cette caractéristique n'est pas la seule qui
fait sa force. L'Inde c'est 1,3 milliard d'habitants déployés sur 28 États et
sept territoires. Il existe 22 langues officielles et 1.652 dialectes locaux.
Le pays produit jusqu'à 1.255 longs métrages et vend plus de 3,3 milliards de
tickets. Aucun pays au monde ne réalise ces chiffres.
Parmi les facteurs qui favorisent ces succès, la montée en qualité des films
indiens et un marketing offensif. La numérisation en cours de l'industrie et
l'augmentation du nombre de multiplexes favorisent également un grand rôle. Les
multiplexes, qui représentent 15% des salles et un tiers des entrées, ont
permis l'augmentation du prix moyen du billet qui s'établit aujourd'hui à 160
roupies (60 dans les mono-salles). Grâce à la flexibilité offerte par le
passage au cinéma numérique (80 à 90% des copies distribuées aujourd'hui contre
50% en 2010), les exploitants gèrent mieux le nombre et les horaires de leurs
séances et les taux d'occupation sont en augmentation. Le numérique permet, qui
plus est, de sortir les films dans un plus grand nombre de salles et donc de
générer plus de revenus. Le record revient à Ra One, le blockbuster avec Shah Rukh Khan en tête d'affiche, qui sort simultanément dans 3
200 salles. L'industrie du cinéma en Inde ne se résume pas seulement à Bollywood. Si celle-ci jouit du prestige le plus important
sur le marché domestique et de la notoriété la plus forte à l'étranger, les 206
films produits en langue hindi ne représentaient que 17% de la production cinématographique
totale du pays et ce pourcentage est en constante diminution.
Il existe aussi deux autres principales industries qui sont Tollywood,
l'industrie régionale du film en langue telugu - 192 films produits- dont le
centre est à Hyderabad, et Kollywood - 185 films
produits presque chaque année. On retrouve également les films en langue tamoul
tournés dans la périphérie de Chennai. Sans oublier
le cinéma bengali - 122 films par an- dont le rayonnement artistique a toujours été reconnu. Dans l'ensemble, pas moins de 14
industries régionales coexistent dans la péninsule, et leur éclat, loin de
s'affaiblir face aux paillettes de Bollywood, brille
plus fort que jamais.
D'après les chiffres de la Motion Pictures
Distribution Association (MPDA), l'industrie cinématographique indienne aurait
subi une perte de 1,1 milliard de dollars par an. Et le passage illégal en
salle des films dès leur sortie, c'est 90% des DVD piratés en circulation dans
le pays.
Dans cette guerre contre le piratage, tout est fait pour que la semaine
d'ouverture soit celle qui génère le maximum de revenus. En effet, le temps
moyen écoulé entre la sortie du film en salle et l'apparition des premiers DVD
piratés est en Inde de 2,15 jours. Le premier week-end est donc crucial. 60%
des revenus du cinéma tamoul proviennent des cinq premières journées. Les trois
premiers films au box-office réalisent 78% de leurs entrées lors de la première
semaine.
Pourtant, de nouvelles niches se développent autour de certains films,
notamment en Chine, en Corée du Sud, à Taïwan et en Amérique latine. L'exemple
du film les 3 idiots qui fut exploité pendant 29 semaines consécutives à
Taïwan, projeté sur 230 écrans en Corée du Sud (en version sous-titrée) et 900
écrans en Chine (en version doublée). Malgré ses 100 ans de cinéma, trois films
indiens seulement ont été nominés aux Oscars: Mother India en 1957, Salaam Bombay, en
1988 et Lagaan en 2001.