Pour la
période de 2001 au 20 décembre 2020, nous avons la cotation suivante:
·2001: 77,26 dinars un dollar; 69,20 dinars un euro.
·2005: 73,36 dinars un dollar; 91,32 dinars un euro.
·2010: 74,31 dinars un dollar; 103,49 dinars un euro.
·2015: 100,46 dinars un dollar; 111,44 dinars un euro.
·2016: 100,46 dinars un dollar; 111,44 dinars un euro.
·2017: 110,96 dinars un dollar; 125,31 dinars un euro.
·2018: 116,62 dinars un dollar; 137,69 dinars un euro.
·2019: 119,36 dinars un dollar; 133,71 dinars un euro.
·20 décembre 2020: 132,4566 dinars un dollar; et 161,7957 dinars
un euro.
Le gouvernement actuel prévoit pour 2023 environ 185 dinars un
euro et 156 dinars pour un dollar, et en prenant un écart de 50% par rapport au
marché parallèle, nous aurons environ 300 dinars un euro minimum en 2023, sous
réserve de la maîtrise de l'inflation, sinon l'écart serait plus important,
avec une projection de 240/250 euros fin 2021 en cas d'ouverture des
frontières. Face aussi au manque de dynamisme du secteur public les assainissements
supportés par le Trésor public ayant largement dépassé 100 milliards de dollars
entre 2000-2020, cette dévaluation a pour but essentiel de combler le déficit
budgétaire, le dérapage du dinar par rapport au dollar et à l'euro, ce qui
permettra d'augmenter artificiellement la fiscalité des hydrocarbures
(reconversion des exportations d'hydrocarbures en dinars) et la fiscalité
ordinaire (via les importations tant en dollars qu'en euros convertis en dinar
dévalué qui, selon la loi de finances prévisionnelle PLF 2021, serait de 21,75
milliards de dollars en 2021 (avec un cours de 128 dinars pour 1 dollar, au
moment de l'adoption de cette loi), contre 18,60 milliards de dollars et un
déficit global du Trésor prévu de 28,26 milliards de dollars à la clôture
2020,-Comme le taux d'intégration des entreprises publiques et privées ne
dépasse pas 15%, important en devises les matières premières et équipements, la
dévaluation du dinar, sans de profondes réformes structurelles, va entraîner un
processus inflationniste qui pénalisera le pouvoir d'achat des Algériens. Alors
que pour attirer les opérateurs tant nationaux qu'internationaux, s'impose la
stabilité politique, monétaire et juridique.
L'impact de la baisse des recettes
d'hydrocarbures sur l'économie Algérienne Selon le FMI,
le prix d'équilibre du baril pour l'Algérie était estimé de 104,6 dollars en
2019, à 101,4 dollars en 2018 et à 91,4 en 2017. L'économie algérienne étant
une économie rentière cela a un impact sur tous les indicateurs
macroéconomiques et macrosociaux. Les recettes de Sonatrach représentant 98% des recettes en devises avec les
dérivées qui sont passées de 34 milliards de dollars en 2019 à une prévision de
20/21 milliards de dollars fin 2020, n'oubliant jamais que 33 pour cent des
recettes de Sonatrach proviennent du gaz naturel dont
le cours a chuté de près de 70% étant coté le 20 décembre 2020 sur le marché
libre à 2,779 dollars le MBTU contre 8/10 dollars en 2010. Nous avons assisté à
une baisse sensible en volume en raison de la concurrence internationale, de la
faible rentabilité des anciens puits et peu d'attrait de l'investissement
international, entre 2007-2019 tant du pétrole que du
gaz. Les prévisions du ministère de l'Energie au rythme de la consommation
actuelle avec les subventions généralisées, la consommation intérieure
dépassera les exportations actuelles horizon 2030. Par exemple, les
canalisations représentant environ 70% (les GNL 30%) Medgaz
via l'Espagne et Transmed Via l'Italie fonctionnent à
une capacité inferieure à 50% depuis l'épidémie du coronavirus. D'où
l'importance de la transition énergétique, efficacité énergétique et
développement des énergies renouvelables dont l'Algérie a d'importantes
potentialités.
Sur le taux de croissance Qui est
déterminé essentiellement par la dépense publique via la rente des
hydrocarbures qui a été de 0,8% en 2019 étant prévu un taux de croissance
négatif de 5% pour 2020, et positif de 3% en 2021. Mais attention, un taux de
croissance se calcule par rapport à la période précédente:un
taux de croissance élevé en T1 par rapport à un taux de croissance négatif en
T0 donne globalement en
T1 un taux de croissance faible amplifié par l'épidémie du coronavirus qui
paralyse la majorité des activités, le seul secteur dynamique en 2020 pour
l'Algérie étant l'agriculture.
Comme conséquence du faible taux de croissance
sur le taux de chômage La population
algérienne est passée de 12 millions en 1965, de 34.591.000 le 1er juillet
2008, à 37,5 millions d'habitants en 2010, 39,5 millions d'habitants au 1er
janvier 2015, et à 44,6 au 01er janvier 2020. Il faudra créer 350.000/400.000
emplois par an qui s'ajoutent aux taux de chômage actuel prévu à 15,5% par le
FMI entre 2020/2021 contre 11,5%, données du gouvernement en 2019.La structure
actuelle de l'emploi montre le primat du commerce et de l'administration
(tertiairisation) suivi du bâtiments travaux publics- avec la dominance de la
sphère informelle où pour environ 12,9 millions de population active, plus de
40% de l'emploi hors hydrocarbures au sein de cette sphère sans projection
sociale et contrôlant selon la banque d'Algérie 33% de la masse monétaire en
circulation. Avec l'épidémie du coronavirus et la crise actuelle cette sphère
s'est amplifiée et cela n'étant pas propre à l'Algérie, des organisations
patronales évoquent pour la sphère réelle une utilisation des capacités d'à
peine 50% et des pertes d'emplois importants.
Sur les réserves de change Qui tiennent à
70% comme au Venezuela la cotation du dinar algérien: qui ont évolué ainsi:
2013: 194,0 milliards de dollars, - 2018: 79,88 milliards de dollars - fin
2019: 62 milliards de dollars, - fin 2020, les prévisions de la loi de finances
complémentaire étant de 44,2 milliards de dollars contre 51,6 prévu dans la loi
initiale Le FMI pour prévoit 33,8 milliards de dollars fin 2020, le trésor
français 36 milliards et fin 2021, début 2022, entre 12/15 milliards de
dollars. Dans ce cas fin 2021 et non 2023 comme le prévoit le gouvernement, en
cas de non dynamisation du tissu productif dans le cadre des valeurs
internationales (coûts et qualité), la banque d'Algérie sera contrainte de
dévaluer officiellement le dinar à plus de 200 dinars un euro et le cours sur
le marché parallèle risque de s'envoler à environ 300 dinars un euro,
entraînant une hausse des taux d'intérêts des banques pour éviter leur faillite
avec une spirale inflationniste.
Quelle conclusion? Les
investisseurs attendent depuis des mois le Code d'investissement et la
délimitation de la règle du 49/51% de ce qui est stratégique et des segments
qui ne le sont pas. Mais malgré toutes ces tensionsbudgétaires,
le gouvernement algérien a maintenu les transferts sociaux budgétisés, comme
acte de solidarité nationale quasiment inchangés par rapport à 2019,
s'établissant à près de 14 milliards de dollars au cours de 128 dinars un
dollar, 1.798,4 Mds de DA, soit 8,4% du PIB, et plus de 21% de la totalité du
budget de l'Etat, destinés au soutien aux familles et à la caisse de retraite
qui a connu, depuis 2014, un déficit qui ne cesse de s'accroître en passant de
1,2 milliard de dollars en 2014 à 5,2 milliards de dollars en 2019, lequel
atteindrait les 5,3 milliards de dollars en 2020, le nombre de retraités
s'élevant fin 2019 à 3,2 millions.. Cependant, à l'avenir ces transferts,
injustes socialement, source de gaspillage économiquement, sont intenables pour
le Trésor public sans actions ciblées au profit des territoires et des couches
les plus démunies.
D'une manière générale, l'Algérie pays à fortes potentialités, acteur
stratégique de la stabilité de la région méditerranéenne et africaine doit
renouveler sa gouvernance par la démocratisation des institutions, impliquant
la moralisation des dirigeants et la société par la lutte contre la mauvaise
gestion et la corruption, cancer de la rente, l'implication des citoyens par
une réelle décentralisation autour de quatre à cinq pôles régionaux, s'adapter
tant aux nouvelles mutations géostratégiques qu' à la quatrième révolution
économique mondiale fondée sur la transition numérique et énergétique, en bref,
réaliser de profondes réformes politiques, économiques, sociales et culturelles
solidaires.
*Professeur Abderrahmane Mebtoul,diplômé en expertise comptable de l'Institut
supérieur de gestion de Lille France, Docteur
d'Etat Es Sciences économiques (1974) Président
du Conseil national des privatisations (Algérie) 1996/1999 sous la période du
président Liamine Zeroual - Haut magistrat, premier
conseiller à la Cour des comptes, directeur
général des études économiques 1980/1983 directeur
d'études ministère Energie-Sonatrach1974/1979-1990/1995-2000/2007-2013/2015-
2019 à ce jour Chef
de file de la délégation algérienne de la société civile de la Méditerranée
orientale des 5+5+ Allemagne et président de la Commission de la transition
énergétique.