SANTE-BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI ABDELHAMID SENOUCI BEREKSI-
« ITINERAIRES DU CORONAVIRUS M3 »
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Le Soir d’Algérie/A.Kersani, jeudi 24 décembre 020
En dépit des catastrophes naturelles,
des pandémies qu’a connues l’humanité à travers les âges, elles n’ont pas eu
raison de «la vanité et de l’arrogance de l’Homme prétentieux, orgueilleux
tyran, esclave du profit». C’est la raison pour laquelle M3 a décidé, «tout
simplement, de faire taire le monde, d’arrêter toutes les activités et de
donner répit à l’Homme pour se reconstituer et à la nature pour se régénérer».
L’essai de l’ancien diplomate et ancien SG du ministère des Affaires
étrangères, Abdelhamid Senouci Bereksi,
Itinéraires du coronavirus M3. Essai d’une uchronie
du siècle XXI, est un véritable «petit précis de mondialisation».
Le petit livret de 60 pages, paru chez Rafar Éditions , le 1er semestre
2020, donne à voir, en effet, ce concept, d'ordinaire abstrait, de la
mondialisation à travers l’histoire du virus ou de l’agent M3. Si à travers ces
itinéraires du coronavirus on ne peut s’empêcher de penser au film documentaire
d’Erik Orsenna, Sur les routes du coton, inspiré de son livre Voyage au
pays du coton, l’ancien diplomate a laissé libre cours à son formidable talent
de conteur. Et à une imagination créative.
Il a dénommé le virus, son personnage principal, l’agent M3, lequel a été
«ressuscité dans un marché», le marché de Wuhan, en Chine. Un «marché aux
animaux vivants», qui constitue «une attraction majeure de la ville». Donc,
c’est à des «milliers de kilomètres à l’est-sud-est asiatique géographiquement,
et à des années-lumière technologiquement», qu’un événement se préparait,
écrit l’auteur, et ce, «dans le plus grand secret».
Plus encore, il «allait bouleverser la quiétude et les certitudes individuelles
et collectives de l’humanité», a clarifié Senouci Bereksi bien qu’il ait pris le soin d’avertir le lecteur
dans le chapitre introductif : «L’épisode du coronavirus dit Covid-19 est à inscrire dans la lignée des grandes
épidémies qui ont marqué l’histoire de l’humanité depuis les temps immémoriaux,
non pas tant en raison du nombre de victimes, dérisoire en comparaison avec…
les victimes d’accidents de voiture par exemple, mais plutôt en raison de
l’état de psychose qu’il a engendré et le climat d’hallucination collective
qu’il a cultivé.»
Bien que dans cet essai, uchronique, — l’auteur y a
relaté les faits tels qu'ils auraient pu se produire — soit écrit les premiers
mois de la pandémie, la deuxième vague qui se poursuit était encore loin
— on ne lâche pas le petit livret, qui se lit d’une traite. Avec une
imagination débordante : rien à faire, l’agent M3, le virus, veut «absolument
revivre l’extraordinaire épopée de (ses) aïeux» — il s’agit en l’occurrence des
autres virus qu’a connus l’humanité. Plus encore, M3, «ambitieux, intelligent
et philosophe», veut «faire ce qu’aucun virus n’a fait avant»!
Sa première ambition : rivaliser avec la peste noire, une pandémie de peste
ayant sévi au Moyen-Âge, au milieu du XIVe siècle.
Mais pour l’ancien diplomate, en dépit des catastrophes naturelles, des
pandémies qu’a connues l’humanité à travers les âges, elles n’ont pas eu raison
de «la vanité et de l’arrogance de l’Homme prétentieux, orgueilleux, tyran,
esclave du profit». C’est la raison pour laquelle M3 a décidé, «tout
simplement, de faire taire le monde, d’arrêter toutes les activités et de
donner répit à l’Homme pour se reconstituer et à la nature pour se régénérer»
Une déferlante, qui fut le début «d’un dérèglement à l’échelle universelle». La
preuve, écrira-t-il en page 36 : «On immobilisa des pays pour moins de 300
malades et 15 décès ! On décréta le couvre-feu, la suspension de
l’enseignement, la fermeture de tous les établissements à forte concentration
humaine et l’arrêt des transports…» Toutefois, écrit plus loin Senouci Bereksi, «un vent de
révolte commença à poindre. Les populations, excédées par les encagements, le
chômage et la pauvreté, n’en peuvent plus». Même sur le plan religieux, «M3 fut
témoin de bouleversements inimaginables et uniques. La Mecque, la place
Saint-Pierre, le Mur des Lamentations, se vidèrent…».
Pour l’auteur, c’est une opportunité unique pour «un ressourcement profond et
fécond». Les calamités viennent, indique-t-il, «nous rappeler notre force, celle
de bâtir des ouvrages plus résistants aux furies de la nature et notre extrême
vulnérabilité».
Ce n’est pas la fin du monde, mais probablement la fin d’un monde…