CULTURE-
BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH-TOP 10 LIVRES 2020 (EN FRANÇAIS)- MEDIATIC/LE QUOTIDIEN
D’ORAN jeudi 24/12/2020
1/ LES
FLEUVES IMPASSIBLES. Roman de Akram El Kébir. Apic Editions, Alger, 2019, 196 pages, 700 dinars
Un alcoolique, un
dégénéré, un qui est de la « jaquette flottante », un peureux comme
pas deux, un chanteur raté, un qui est déjà clando avant d’avoir atteint
l’Espagne…..sans oublier un « niqué de la tête » (celui qui eu
l’ingénieuse idée de faire le voyage)……et deux nouveaux « imposés »
en dernière minute…… « trop bagarreurs sur
le bords et qui ne renâclent pas à, l’idée d’envoyer quelqu’un à l’hôpital
qu’ils ont payé grassement en retour »…. Un programme….El Harga !
L’Auteur : Né à Oran
(1984) , journaliste, déjà auteur de plusieurs romans,
toujours aux éditions Apic : « Vivement
septembre » (2016) et « Au secours Morphée ! » (2018), les
deux présentés dans Médiatic
Avis : Bien sûr il y a une histoire
de « harga », mais, en fait, il y a surtout
l’histoire d’un pan important de la société oranaise :celui
des jeunes……qui ne vivent pas mais vivotent, qui existent mais
s’ennuient….C’est aussi Oran by night….Oran jeunesse démunie…..jeunesse
désespérée…….un autre monde…
Un ouvrage très
bien écrit (avec une certaine « préciosité » grammaticale que les
puristes du français apprécieront), une histoire très bien emmenée (avec une fin , me semble-t-il « tirée par les cheveux »)
…..un livre qui pourrait connaître un sort….très
enviable, pour peu que l’éditeur sache le promouvoir.
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2/ L’AGONISANT. Roman de Hedia
Bensalhi. Editions Frantz Fanon, ,
Boumerdès,
2020, 197 pages, 700 dinars
Ce sont, en fait,
deux histoires , l’une lointaine, l’autre assez proche qui se croisent et
souvent se mêlent pour décrire une seule et même situation…..frisant, bien
souvent, dans une atmosphère, surréaliste et presque toujours noire, de liberté et de répression……. de
« révolution culturelle et artistique »
La première, la
cause ou la source (c’est selon !) s’est déroulée en Autriche, à Vienne,
juste avant la première guerre mondiale, avec Egon Schiele (et son modèle et
amante Wally)…..un peintre et dessinateur – fan de Gustave Klimt, le peintre , figure clé de l’ Art nouveau viennois - qui se met, avec des amis à
« casser » les codes classiques et petits bourgeois de le
peinture….. La seconde se déroule en Algérie, dans une ville de l’Ouest
algérien, juste avant le Hirak (je suppose ) avec
Hamid, un peintre ,enseignant, libre
penseur, adepte de la subversion (culturelle)
et poète qui, en compagnie de son épouse , muse et
amante , Louisa, marqué par l’histoire d’Egon et une copie saisissante du
portrait de Wally par Egon en sa possession,
avec quelques amis aussi engagés que lui dans la
« révolution » artistique (les
« activistes de l’esprit » , les « agitateurs d’idées »
dont les échanges permettent la réflexion, l’innovation puis l’émergence de
leurs mouvements respectifs) , font face
à l’incompréhension d’une société « travaillée » par le
conservatisme, la religiosité exacerbée et la bureaucratie.
L’Auteure : Née à Ténès. Master en littérature (Alger) et Dea en didactologie des
langues et des cultures (Paris III) , enseignant
et, accessoirement, photographe. Son premier roman , « Orages » , a
été prix Yamina
Mechakra 2019 (langue française)
Avis : Il faut le terminer pour comprendre la forte dose philosophique……et le
dur, le très dur combat des « révolutionnaires » de la culture et des
arts.
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3/ LES
MATINS DE JÉNINE. Roman de
Susan Abulhawa (traduit de l’américain par Michèle
Valencia).Editions Media-Plus, Constantine, 2008 (Usa : 2006,
France : 2008), 422 pages, 1 050 dinars.
Ein Hod……..un village fondé en
1189 par un général de l’armée de Saladin …..Plus de quarante générations ayant
vécu et étant mortes dans ce village. Quarante générations de naissances,
funérailles, mariages, danses , prières et genoux
écorchés…..de péchés et de charité, d’inimitiés et de pactes, de pluie et d’
actes d’amour…..de souvenirs, de secrets et de scandales gravés dans les mémoires.Une architecture, des vergers, des puits, des fleurs… Quarante générations , toutes
englouties brusquement et brutalement
par la notion du droit d’un autre peuple à s’installer dans un espace
ainsi « libéré » et à le proclamer sien…Un autre peuple , venu
d’ailleurs, composé d’étrangers juifs arrivés d’Europe, de Russie , des Etats
unis et d’autres coins de la planète. Toute une histoire « enterrée
vivante », à partir de l’année 48. ..une
année expulsée de « la liste des années et des nations »
L’Auteure :Née en 1967 en Palestine.Parents
dans un camp de réfugiés de la guerre des Six-Jours, en Jordanie et dans la partie
occupée de Jérusalem-Est.Vit aux Etats Unis. Premier
roman (Prix Best Books Award 2007 ,
catégorie fiction historique)
Avis :Formidable livre : Intense, beau, puissant, brillant,
émouvant, bouleversant, poignant, déchirant. A lire et à faire lire sans
délai……pour que les mentalités… de ceux qui ne savent pas ou ne veulent pas
savoir les souffrances du peuple palestinien , ceux
qui doutent encore….. changent.
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4/LA ROBE BLANCHE DE BARKAHOU. Roman de Farida Saffidine.
Casbah Editions, Alger 2020, 197 pages, 700 dinars
Barkahoum ! Il était évident qu’avec un tel prénom, elle
allait « ramer » dur pour se sortir de l’ impasse
sociétale qu’on lui avait « fabriqué » dès sa naissance…..
Barkahoum est la dernière d’une famille de …dix enfants, sept
filles et trois garçons…..qui , non désirée, mal-aimée (sauf par son père….un peu trop taiseux) va
passer tout son temps à sa battre pour se faire une place dans la vie. Aicha –radjel ?
Une féministe avant l’heure ? Non ! tout
simplement une femme qui veut « exister » …..à
la maison, dans la rue, au travail…..
Elle sera médecin.
Cinquante cinq ans d’âge , et encore
vierge , et faisant toujours ses prières
quotidiennes sans pour autant porter le hidjab et le foulard , elle rejoint une
de ses sœurs , médecin installée à Paris , et elle s’y installe…non pour
exercer mais surtout pour « souffler » dans une autre atmosphère …..moins pesante ? Heureux (et curieux) hasard, elle y rentrera celui qu’elle
attendait tant. Happy end !
L’Auteure : Née en 1953 à Bordj
Bou Arréridj.Etudes secondaires à Sétif puis
supérieures à Constantine (langue et littérature anglaises). Enseignante
(Université Ferhat Abbas de Sétif). Retraite en 2006. Déjà un premier roman, , « Voix de femmes.Voies de
fait » (2018) et un recueil de poèmes.
Avis : Un récit de vie chargé de colère (féminine) mais
aussi plein de volonté et d’espoir. A lire par toutes les femmes ….révoltées ou
non
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5/ LE BONHEUR D’ÊTRE ALGÉRIEN. Essai de
Fadéla M’Rabet. Enag Editions, Alger, 2019, 103 pages, 530 dinars.
Quelle mémoire que celle de Fadela M’Rabet ! En peu de
pages et en dix-huit textes assez courts,
elle vous conte et raconte presque toute sa vie .
Elle nous transporte du Sila
à Skikda, de Skikda à Vienne, de Vienne à Ostende, d’Ostende et sa mer à Strasbourg, de Strasbourg, à Montréal,
Stockholm, Istanbul, Paris...... et de Paris à Skikda, une ville qui ne quitte
plus sa pensée
L’Auteure : Née Abada à Skikda. Docteur en biologie......interdite (au milieu des années 60)
d’enseignement (Lycée Frantz Fanon) et d’animation à la radio chaîne 3 (à la
suite de la publication de ses deux ouvrages,
« La femme Algérienne », en 1965 et « Les Algériennes » en 1967...et de
ses émissions avant-gardistes). Exilée (ainsi que son époux, Tarik Maschino) en France, elle a été maître de conférences et
praticienne des hôpitaux parisiens.
Auteure de plusieurs ouvrages
Avis : De la belle écriture, prose et poésie mêlées......Et,
toujours, droit au but !
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6/
BOUSSOUF ET LE MALG. LA FACE CACHEE DE LA REVOLUTION.Essai et mémoires
de Dahou Ould Kablia.Casbah Editions, Alger 2020, 446 pages, 1300 dinars
Malg……ce n’est plus un sigle depuis bien longtemps…le
« ministère de l’Armement et des Liaisons générales » étant publié
pour ne laisser place qu’à un acronyme…une marque lié intimement à un
produit…..de très haute qualité durant la guerre (mises à part quelques couacs)
mais quelque peu déconsidéré en raison
de l’épisode tragique visant Abane Ramdane d’une part, et,
d’autre part, une certaine mal-information laissant croire (à tort ou à raison)
que les « malgaches » sont encore un groupe de pression politique
encore lourd :jusqu’à ce jour,
trois chefs de gouvernement, vingt ministres, vingt-et-un walis, trente-et-un
ambassadeurs, tous issus du Malg…..
L’Auteur :Né à Tanger en mai 1933 .Parents originaires de Mascara
(Béni Chougrane).Bachelier en 1954.Etudes de droit à
Toulouse (France).Rejoint le Fln en 1958 (Aln/Wilaya
V).Septembre 1968, affecté (après
formation ) le Malg….Début d’une longue carrière dans
le rensiegnement. L’Indépendance….plusieurs postes au
sein de l’Administration. …jusqu’à sa retraite en 2013…… à 80 ans.
Actuellement président de l’Association des anciens du Malg.
Avis : Pas mal de Malg, beaucoup de
Révolution.Un véritable livre d’histoire….avec
ses photos et ses documents
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7/ ALI LA POINTE.AU CŒUR DE LA
« BATAILLE D’ALGER ». Récit de Abdelfatah El Haouari ( En collaboration avec Abdenour Dzanouni).Aca, Alger 2020,
223 pages, 750 dinars. »
« La
soi-disant bataille d’Alger a duré 9 mois et 25 jours. Avec la fin d’Ali la
Pointe, une des plus glorieuses pages de la lutte armée est tournée. Le Fln a
perdu une bataille. Il n’a pas perdu la guerre »
Ali la Pointe, un
nom de légende, symbolisant la révolte, la détermination et un engagement
révolutionnaire sans faille….jusqu’au sacrifice de sa vie. Un nom et un symbole
qui sont d’ailleurs repris à l’unisson
par les jeunes du Hirak .
Et pourtant, notre
héros avait mal commencé sa vie .
L’Auteur :Né à El Asnam (1938). Rejoint l’Aln.
Arrêté alors qu’il avait à peine 19 ans. Rencontre avec un membre du commando
Ali Khodja qui lui a conté les faits d’armes de la
fameuse unité …Des premiers éléments qui ont servi à son enquête sur la
« Bataille d’Alger »
Avis : Comme un roman ! Tout, tout ou presque tout sur la « Bataille
d’Alger »
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8/ AUX SOURCES DU HIRAK. Essai de
Rachid Sidi Boumedine, Chihab
Editions, Alger 2019, 232 pages, 950 dinars.
Le Hirak algérien
est devenu au fil du temps un très long « fleuve », plutôt assez
tranquille en comparaison avec ce qui se passe ailleurs (France, Irak,
Bolivie...) et avec ce qui, habituellement, s’est passé chez nous (avec,
toujours, des gros lots de victimes et
de dégâts matériels).
Un long fleuve ayant déjà apporté à la société traversée bien des changements
bénéfiques ……..
L’Auteur :. Sociologue et enseignant –chercheur dans le domaine de l’urbanisme et
l’aménagement. Travail dans le secteur de l’énergie .
A dirigé plusieurs organismes publics d’étude et de recherche. Activité de
recherche au Cread (associé). Quarante ans au moins
dans les rouages de l’Etat. Retraite , consulting et écriture.Auteur de plusieurs ouvrages (essais..... et une
biographie, « Yaouled ! Parcours d’un
indigène », Apic 2012)
Avis : Un observateur averti de
la société et du paysage socio-politique. Un
« expert » vrai.....qui « ne sait pas tout » mais qui sait
bien. Approche rigoureuse. Austère même ! Certes pas facile à lire mais
fourmillant d’infos, tout particulièrement sur la phase de démarrage du Hirak.
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9/ LE DÉSORDRE AGRICOLE.ÉCHECS ET DÉFIS DU
SECTEUR.Essai de Makhlouf Azib.
Editions Dalimen, Alger 2019, 172 pages, 800 dinars
« En
management, il est admis que la meilleure façon de programmer un échec d’un
projet c’est de le faire gérer par le moins compétent possible » (p 20).
C’est l’extrait le plus représentatif de ce qu’a développé, en filigrane de ses
exposés ,
l’auteur . …….Le drame est présent dans presque tous les sous-secteurs dont le plus
représentatif est bien
le « fameux » et ambitieux « Pnda » (programmes de reconversion des terres, de
mise en valeur par la concession, promotion des jeunes investisseurs et du développement rural, de développement de
la production des semences, d’organisation de la profession agricole et des
espaces interprofessionnels…). Des programmes et des objectifs –mal
préparés- non atteints et/ou dévoyés,
« ce qui a conduit à des échecs assortis de véritables scandales »…..non
suivis de sanctions.
L’Auteur : Né en 1954 à M’Zita (Bordj Bou Arréridj).
Universitaire (Docteur d’Etat es-sciences), enseignant et chercheur (agronomie et pédologie et
techniques de la communication) dont Recteur de l’Université de Laghouat
(2007-2010), durant seize années , cadre au
ministère en charge de l’agriculture et du Développement rural (dont Ig et Pdg de la Sgp/Sgda)
Avis : Un titre qui, au départ, peu paraître rebutant mais qui, au fil des pages
et des chapitres, vous plonge dans un « autre » monde (si vous ne le
connaissez pas) aux difficultés innombrables mais aux espoirs multiples. Pour
peu qu’on y mette un peu (ou beaucoup selon le champ) d’
ordre.
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10/ JE SUIS UN CHAMP DE BATAILLE. Ecrits de
Jean El-Mouhoub Amrouche.
Textes réunis et présentés par Rejane et Pierre Le Baut (préface de Seloua Boulbina). Editions Frantz Fanon, Boumerdès
2020, 152 pages, 600 dinars
Les
accidents de l’Histoire du pays natal ont fait qu’il a été ce que les hasards
de la vie lui ont imposé comme « identité ». Son immense culture
acquise et son ouverture d’esprit lui
ont permis de s’interroger et surtout d’interroger le monde, au moment de la
« mise en scène de l’un des épisodes les plus désolants de l’histoire
de l’humanité qui s’est déroulé en
Algérie : une guerre contre l’homme », une guerre opposant le colonisé
au colonisateur.
Il n’a pas hésité à choisir son camp même si , au départ, il s’était bercé de quelques illusions quant
à la capacité de la France de faire face résolument au problème de la déclonisation.
Les
Auteurs : Jean El Mouhoub Amrouche, né le 7 février 1906 à Ighil
Ali (Bejaia) et décédé le 16 avril 1962 à Paris. Enseignant (à Sousse, Tunis,
Annaba…. écrivain, journaliste littéraire, homme politique algéro-français.
Il a participé à la conférence de Bandoeng en 1955……et il était
, en 1957, accrédité par le Gpra comme
journaliste à Radio Genèce
Régine
Le Braut, née à Montrouge en 1931 .Professeur de
lettres, arrivée en Algérie le 9 juillet 1962 où elle y enseigne jusqu’en 1968.
Pierre
Le Baut, né à Blida en 1925. Docteur en théologie,
responsable (1958-1970) des émissions radiophoniques religieuses de l’Eglise
d’Algérie. De nationalité algérienne depuis 1963.
Seloua Luste Boulbina, née en 195,7 est
une philosophe franco-algérienne, spécialiste des études postcoloniales
Avis : Il ne voulait être ni érudit, ni philosophe ou
historien….mais seulement un homme de son monde et de son temps, près des
choses et des hommes….cherchant à débusquer la vérité.
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Propositions de cadeaux de fin d’année :
-The
Art of calligraphy .The miniature and illumination.Coffrets en arabe ou en français ou en anglais.
Zaki Bouzid Editions.
10 950 dinars
-Images
d’Algérie.Sous le ciel d’Algérie. Par
Nadir Djama. Les Editions Nadir Djama
(anglais-français).7450 dinars
-Les
Phares d’Algérie.Vigiles de la côte.Photographies de Zinedine Zebar
et texte de Mohamed Balhi . Casbah Editions, 5 100 dinars
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