SANTE- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- ROMAN
FATEH BOUMAHDI- « LA CHAMBRE 36 »
© Liberté ,mercredi 16
décembre 2020, H.M/ “La chambre 36”, roman de Fateh Boumahdi, éditions
El Ibriz, , 104 pages, 500 DA
Dans
ce récit, l’auteur plonge le lecteur dans l’univers des établissements
psychiatriques, à travers trois personnages meurtris et incompris par leur
société.
Passionné de littérature depuis son plus jeune âge, Fateh Boumahdi décide de
sauter le pas dès ses 20 ans, en épousant la carrière d’écrivain. Après la
parution d’ « Avec toi je perds
mes repères » aux éditions
El Ibriz en 2019, il revient cette année
avec le nouvel ouvrage « Chambre 36 » (chez le même éditeur). Dans ce deuxième
récit psychologique, l’auteur nous fait découvrir un lieu où des âmes torturées
se retrouvent piégées, non pas entre quatre murs, mais dans une société
intolérante enfermée dans des prismes religieux et machistes.
Le livre s’ouvre sur Assil (l’authentique)
qui s’apprête à quitter sa chambre, la n°36, où il a élu domicile durant huit
mois et sept jours. Loin d’être des vacances dans un hôtel luxueux, Assil passait ses journées à se “nourrir”
d’antidépresseur et d’anxiolytiques ou à traîner dans les jardins de cet
établissement, qui n’est autre que l’hôpital spécialisé en psychiatrie Drid-Hocine (Alger).
Dès l’entame des premières pages, nous sommes propulsés dans
cet univers si “mal jugé” et “tant méprisé par les Algériens”. Pour ces
derniers, les établissements psychiatriques “sont tout comme les tavernes, mis
dans le même sac. Jugés à la même enseigne. Et pourtant… les bars sont remplis
de personnes incomprises, tout comme les hôpitaux”.
Et ces personnes incomprises, nous apprendrons à les
connaître au fil des lignes, à déceler leur profondeur, leurs angoisses, leur
peur ou leurs aspirations. Ces “fous” ont une histoire, un vécu qui les a
modelés et rendus complexes, mais surtout incompris par cette société ; la
cause de leur déchéance : “On ne tombe pas malade, on nous rend malade… On ne
devient pas fou, on est seulement blasé par toute cette comédie…” Avant de se
confier sur sa descente aux enfers, le narrateur raconte l’histoire de ses
compagnons de galère, la porteuse d’espoir Thassaâdith et
Malek qui se retrouvent enfermés à cause d’un cumul.
La première est le produit d’une société patriarcale :
mariage arrangé, époux violent et infidèle, qui fait naître à la jeune femme un
sentiment de désespoir et de solitude qui engendrera un “phénomène aux conséquences
dangereuses”. Dans le même sillage, Malek a connu des souffrances similaires :
un paternel aveuglé par la religion, un extrémiste tyrannique dont la
progéniture est privée d’amour et de dignité… Ce récit dresse le tableau de ces
personnages façonnés par leur société, dont la tradition et la religion ont
réduit des personnes sensibles au silence, alors que d’autres ont pu lutter
face à ses travers.
Et cela est le cas de l’infirmière Djoher,
la nounou des malades, qui, par la force des choses, devient une mère de
substitution. Contrairement à ses patients, cette femme de poigne a pu résister
aux codes infames dictés par son entourage.
À travers ses 104 pages, La chambre 36 fait revivre à chacun les traumas
psychiques d’une jeunesse qui souffre encore des séquelles de la décennie noire
ainsi que des coutumes d’une société qui a du mal à s’émanciper. Pour connaître
l’histoire d’Assil, ce récit est disponible sur les
étals des librairies.