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Ugema* - Appel à la grève de 1956

Date de création: 16-12-2020 18:13
Dernière mise à jour: 16-12-2020 18:13
Lu: 837 fois


HISTOIRE - GUERRE DE LIBÉRATION NATIONALE - UGEMA* - APPEL A LA GRÈVE DU 19 MAI 1956

 

 Date de première création: 01-09-2009 17:18
Avant-dernière mise à jour: 11-06-2012 10:57
Déjà lue : 903 fois

Texte intégral de l'appel de l'Ugema à la grève du 19 mai 1956 :

Etudiants algériens!

Après l'assasinat de notre frère Belkacem Zeddour par la police française, après le meurtre de notre frère aîné le Dr Benzerdjeb, après la tragique fin de notre frère Brahimi du collège de Bougie, brûlé vif, dans sa mechta incendiée par l'armée française pendant les vacances de Pâques, après l'exécution sommaire dans un groupe d'otages de notre éminent  écrivain Réda Houhou, secrétaire de l'Institut Benbadis de Costantine , Baba Ahmed et Tobbal de Tlemcen, après l'arrestation de nos camarades Amara, Lounis, Saber et Taouti de Tlemcen, aujourd'hui arrachés aux geôles de l'administration française, celle de nos camarades Ferroukhi et Mahidi, après la déportation de notre camarade Mihi, après les campagnes d'intimidation contre l'Ugema, voici que la police nous arrache des mains, un matin à la première heure, notre frère Ferhat Hadjadj , étudiant en propédeutique et maître d'internat au lycée de Ben Aknoun, le torture, le séquestre pendant plus plus de 10 jours (avec la complicité de la justice et de la haute administration algérienne, prévenues de son affaire) jusqu'au jour où nous apprenons , atterés, sous le coup de l'émotion,la nouvelle de son égorgement par la police de Djidjeli, aidée de la milice locale.

L'avertissement donné par notre magnifique grève du 20 janvier 1956 n'aurait-il servi à rien? Effectivement, avec un diplôme ne plus, nous ne ferions pas de meilleurs cadavres ! A quoi donc serviraient-ils ces diplômes qu'on continue à nous offrir pendant que notre peuple lutte héroiquement , pendant que nos mères , nos épouses, nos soeurs sont violées, pendant que nos enfants , nos vieillards tombent sous la mitraillette, les bombes, le napalm. Et nous,  "les cadavres de demain" , on nous offre d'encadre quoi? D'encadrer?....

Les ruines et les morceaux de Constantine, de Tébessa, de Phillipeville, de Tlemcen et autres lieux appartenant déjà à l'épopée de notre pays. Notre passivité face à la guerre qu'on mène sous nous yeux nous rend complice des accusations ignobles dont notre vaillante armée nationale est l'objet.

La fausse quiétude dans laquelle nous sommes installés ne satisfait plus nos consciences. Notre devoir nous appelle à d'autres tâches plus urgentes , plus coopératives , plus catégoriques , plus glorieuses.

Notre devoir nous appaelle à la souffrance quotidienne aux côtés de ceux qui luttent et meurent libres , face à l'ennemi.

Nous observons tous la grève immédiate des cours et des examens et pour une durée illimitée.

Il faut déserter les bancs de l'université pour le maquis, il faut rejoindre en masse l'Armée de Libération Nationale et son organisme politique le FLN

Etudiants et intellectuels algériens , pour le monde qui nous observe, pour le destin héroique de notre pays, serions-nous des rénégats?

UGEMA* : Union générale des étudiants musulmans algériens

1/Lors d'une conférence -débat tenue le 17 mai 2012 (Alger) le Dr Lamine (Abderrahmane)  Khène affirmait que "ce sont les étudiants eux-mêmes qui ont décidé , à la majorité  et après concertation, de la grève, lors d'une réunion que j'ai présidée au cercle des Oulémas qui se trouvait à proximité de la mosquée Ketchaoua » ( Le rédacteur du texte n'est autre que Lamine Khene, au nom de l'UGEMA). Un texte décisif et une action fondamentale pour la poursuite de la lutte de libération.