FINANCES- ETUDES ET ANALYSES- COUR DES
COMPTES ( APPRECIATIONS LF 2018)
Les gouvernements successifs ne cessent de crier à la crise financière et
les rapports de la Cour des comptes leur renvoient chaque année leur mauvaise
maîtrise du budget et des dépenses.
La Cour
des comptes vient de remettre ses conclusions d’appréciation de l’exécution de
la loi de finances pour l’année 2018. Cette dernière avait, pour rappel, établi
un cadre budgétaire pour une durée de trois années (2018-2019-2020).
Sur la
base d’un baril à 50 dollars pour 2018, 55 pour 2019 et 2020, ladite loi
prévoyait un cadre macroéconomique basé sur une croissance à 4%, 4,3% et 4,6%. «Après exécution, les indicateurs
macroéconomiques ayant servi de toile de fond à l’élaboration du budget sont
bien inférieurs à ceux escomptés», note
la Cour des comptes dans son rapport.
Un taux de
croissance 1,4% et un déficit s’élevant à -2082 milliards de dinars contre une
prévision de -1913,5 MDS de DA. L’écart est énorme et dénote de l’incompétence
criante des concepteurs des budgets et des lois de finances qui semblent vivre
en parfait décalage avec la réalité nationale.
L’année
2018 était, pour rappel, celle de l’application de la planche à billets, le
déficit du Trésor a été en majorité alimenté par le financement non
conventionnel décidé par le gouvernement Ouyahia à
hauteur de 3371,2 MDS de DA.
La
situation de fragilité financière n’a pas empêché pourtant une hausse de 24,75%
des dépenses budgétaires globales, surtout les dépenses d’équipement qui ont
augmenté de 74,14%.
«Les dotations budgétaires de certains chapitres ne répondent pas
toujours à des besoins suffisamment évalués, ce qui est loin de se conformer à
la note d’orientation du ministère des Finances de l’exercice 2018.
De ce fait les prévisions sont peu maîtrisées, ainsi des modifications
de crédits du budget des charges communes se sont avérées, parfois, sans
utilité, en plus du niveau de consommation relativement faible réalisé sur
certains chapitres» remarque le rapport de la
Cour des comptes.
Il cite à
titre d’exemple le ministère des Moudjahidine qui recourt souvent aux
modifications des dotations budgétaires de certains chapitres à travers le
virement total des crédits, ce qui dénote de la non-maîtrise des prévisions
budgétaires.
Même
constat pour le ministère de la Santé, où certains chapitres n’ont pas
enregistré de consommation, comme celui dédié à l’encouragement des œuvres de sauvegarde
de la santé ou les contributions au financement du Croissant-Rouge.
Le
ministère des Ressources en eau a bénéficié d’un transfert de crédit de l’ordre
de 14 millions de dinars pour l’organisation de conférences et séminaires
portant les crédits révisés à un montant de 15,48 millions de DA, alors que le
taux de consommation n’a atteint que 37,94%. Même constat pour le ministère de
l’Habitat et même les services du Premier ministère.
Des
crédits sont accordés et ont fait l’objet de virement au chapitre des dépenses
de fonctionnement, aux travaux d’entretien et dépenses diverses sans pour
autant être consommés. «Ceci dénote de l’insuffisante maîtrise des besoins réels», relève la Cour des comptes.
Des
dépassements des crédits en 2018 se sont élevés à 18,36 mds de DA et concernent
essentiellement les chapitres de dettes publiques, frais judiciaires, frais
d’expertise et indemnités dues par l’Etat.
Mais les
dépassements de budgets les plus élevés ont été constatés dans les budgets des
charges communes (1,951 mds de DA) et au niveau du ministère de l’Habitat et de
l’Urbanisme 4,547 mds de DA, de l’Intérieur et des collectivités locales (4,297
mds de DA, des Travaux publics (1,77 mds DA) et de la Culture (1,327 mds DA).
«L’insuffisante maturation des opérations d’équipement public et les
retards dans leur mise en œuvre n’ont pas été sans conséquence sur la structure
des coûts et la composante physique des projets d’investissement. En effet, la
quasi-totalité des autorisations de programmes initiales ont subi des
modifications importantes, récurrentes au cours de la phase de réalisation et
parfois même avant le début des travaux d’exécution des projets», critique le rapport en notant que ces modifications touchent
souvent les coûts, la consistance physique des travaux, les délais de
réalisation et voire la structure des projets.
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opérations ont enregistrées des réévaluations au niveau du ministère de la
Communication, qui avait une autorisation de programme de
17 555 713 000 DA et a subi une réévaluation d’un montant de 8
442 911.000 DA, soit 48,09%.
Les
investigations de la Cour des comptes sur l’exécution des budgets en 2018 ont
montré l’existence de «lacunes
et des insuffisances ayant trait, notamment, à l’inscription des opérations
d’équipement public, à la maturation des études, à la conduite et au suivi de
programmes d’investissement, au rythme de consommation des crédits de paiement,
aux délais d’exécution et d’achèvement des projets d’investissement, à
l’exploitation des projets réalisés et à l’assainissement de la nomenclature
des opérations d’équipement». En
somme, tout le mal de l’administration chargée d’améliorer les conditions de
vie économique et sociale du pays.
La Cour
des comptes pointe du doigt cette incompétence qui dispose pourtant de la dépense
de l’argent public et du contribuable. Plusieurs exemples de mauvaise gestion
du budget sont signalés au niveau de tous les départements ministériels et même
au niveau de la présidence de la République.
De
l’argent est dépensé et aucun résultat de réalisation n’est constaté. Dans ses
recommandations, la Cour des comptes invite les services du ministère des
Finances de renforcer la préparation budgétaire par l’intégration des dépenses
imprévues, qui ne sont pas inscrites actuellement dans le budget de l’Etat,
afin d’établir une budgétisation réaliste des charges de l’Etat.
Aussi, «améliorer la qualité de la préparation
et de l’évaluation des opérations d’investissement et proposer, au financement,
les seuls projets ayant atteint un niveau de maturation suffisant, afin
d’éviter les retards dans leur réalisation ainsi que le recours à des
réévaluations plus coûteuses».