HISTOIRE-BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH-
ESSAI DAHOU OULD KABLIA- « BOUSSOUF ET LE MALG….. »
BOUSSOUF ET LE MALG. LA FACE CACHÉE
DE LA RÉVOLUTION.Essai et mémoires de Dahou
Ould Kablia.Casbah
Editions, Alger 2020, 446 pages, 1300 dinars
Malg……ce n’est plus un sigle depuis bien
longtemps…le « ministère de l’Armement et des Liaisons générales »
étant publié pour ne laisser place qu’à un acronyme…une marque lié intimement à
un produit…..de très haute qualité durant la guerre (mises à part quelques
couacs) mais quelque peu déconsidéré en raison de l’épisode
tragique visant Abane Ramdane
d’une part, et, d’autre part, une certaine mal-information laissant croire (à
tort ou à raison) que les « malgaches » sont encore un groupe de
pression politique encore lourd :jusqu’à ce jour, trois chefs
de gouvernement, vingt ministres, vingt-et-un walis, trente-et-un ambassadeurs,
tous issus du Malg…..
Il est vrai que la plupart des écrits mémoriels (ils
l’étaient presque tous) mettant en avant bien plus les exploits individuels, ce
qui est normal et compréhensible, en ont donné une image quelque déformée.
L’ouvrage de Dahou Ould Kablia vient réparer cette
distorsion dans l’écriture de l’histoire d’un pan important de notre
guerre de libération nationale. Certes, il présente et décrit les personnages
mais il essaye à chaque fois de contextualiser.
Prudence ou distanciation intellectuelle ?…Les deux.En
tout cas une histoire (presque ) exacte et (presque )
complète.
L’Auteur :Né à Tanger en mai 1933 .Parents
originaires de Mascara (Béni Chougrane).Bachelier en
1954. Etudes de droit à Toulouse (France).Rejoint le Fln en 1958 (Aln/Wilaya V).Septembre 1968, affecté (après formation ) le Malg….Début d’une
longue carrière dans le renseignement. L’Indépendance….plusieurs postes au sein
de l’Administration ;…jusqu’à sa retraite en 2013…… à 80 ans.
Actuellement président de l’Association des anciens du Malg.
Sommaire :Introduction/ Première partie : Aux
origines du Malg/ Deuxième partie : Le soutien
multiforme du Malg/ Troisème
partie :Episodes particuliers de la guerre d’Algérie/ Quatrième
partie : Les problèmes internes du Fln/Cinquième partie : L’héritage
de la Révolution/ Annexes/ Bibliographie/Abréviations et sigles
Extraits : « Le premier soutien médiatico-politique à la cause de la Révolution revient à
l’Egypte qui a rendu publique la Déclaration du 1er Novembre 1954
dans sa radio officielle « Saout Al Arab ».Celle-ci sera la seule radio à diffuser
quotidiennement « la Voix de l’Algérie » jusqu’à l’indépendance. En
1955, les radios de Damas et de Bagdad suivront son exemple.En
1956 , el Maroc et la Tunisie…… » (p111),
« Cette question des frontières avec l’Algérie a donc été , tout au long
des sept années de guerre, un point de fixation du Maroc et de la
Tunisie » (p 197), « La bataille des frontières a été une
véritable guerre dans la guerre……le nombre de chouhadas
sur les barrages, simples combattants et responsables, de 1958 à 1962 , entre 6000
et 7 000 et autant de blessés invalides à vie….. » (pp 218-219)
Avis : Un peu de Malg,
beaucoup de Révolution.Un véritable livre
d’histoire….avec ses photos et ses documents
Citations : « Au sein du Malg, le renseignement n’était pas un art ou une science
mais bien une culture, une seconde nature » (p74) , « La création du
corps des transmissions par le colonel Boussouf, deux
ans à peine après le déclenchement de la lutte armée, constitue, en elle-même,
un évènement majeur, une révolution dans la Révolution « (p 104),
« La lutte pour la libération du pays a été le fait de toutes les couches
de la population.Personne n’a le monopole du patriotisme.Celui-ci se mesure à l’aune de la constance de
la foi, de la force des convictions et de l’esprit de sacrifice.Des
témoignages nombreux et de sources variées confirment que les Daf ont répondu à ces exigences tout au long de leur
présence dans l’armée des frontières » (p255.), « Le
président Ben Bella, tenu éloigné du cours de la guerre par sa longue détention,
a délibérément fait table rase de ce qui s’est passé avant lui, se contentant
du slogan : un seul héros, le peuple.Le colonel
Boumediene, pour sa part, conscient du caractère sensible de certains dossiers
estimait le moment inopportun pour leur accès tant que les plaies n’étaient pas
encore refermées.Ces deux blocages conjugués de tout
ou partie de la mémoire nationale vont placer malheureusement le pays dans un
silence mémoriel abyssal qui perdure depuis cinq décennies à ce jour, occultant
une histoire vivante et trépidante pour céder la place à une caricature
sublimée à l’excès » (p 261)