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Bensedira Belkacem

Date de création: 11-12-2020 16:45
Dernière mise à jour: 11-12-2020 16:45
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EDUCATION –PERSONNALITES- BENSEDIRA BELKACEM

Il est né en 1845 à Biskra. Il est décédé et enterré en 1901 à Alger. Il fut le premier à s’intéresser et à faire des études sur les langues algériennes, toutes les langues algériennes sans distinction de statut juridique ou social.

En 1866, il devint à l’âge de 21 ans professeur à l’École normale d’Alger et contribua ainsi à la formation des premières élites algériennes dont notamment le berbérisant et/ou berbériste Said Boulifa.

Il fut aussi le premier chercheur algérien à avoir inauguré les études linguistiques sur le berbère au 19ème siècle. Bref, il est peut-être le premier érudit algérien des temps modernes. L’homme dont il est question ici est Belkacem Ben Sedira. Cet intellectuel natif de la reine des Ziban ne cesse, après plus d’un siècle de sa disparition, de fasciner par l’œuvre qu’il a léguée à la postérité. Les études qu’il a menées sur les langues algériennes notamment l’arabe dialectal et le berbère suscitent en effet l’étonnement. Surtout que ces deux langues furent longtemps minorées et négligées avant qu’elles ne connaissent, à l’aube du 21ème siècle, un regain d’intérêt et une réelle valorisation.

Les recherches qu’il a faites sur les langues ont permis en effet de sauvegarder un patrimoine algérien des plus riches dans la mesure où il est à la fois ethnologique, linguistique, littéraire et culturel. En plus, l’homme s’est intéressé, sans distinction ni parti pris, à toutes les langues algériennes : l’arabe littéraire, l’arabe dialectal, le berbère à travers ses travaux sur la variante kabyle. Il n’en a occulté aucune.

La reconnaissance institutionnelle de tamazight et l’intérêt grandissant que suscite, depuis quelque temps, l’arabe dialectal avec, en sus, des appels de linguistes – tels que Abdou Elimam – et de nombreux pédagogues pour valoriser cette langue et l’introduire dans le champ de l’éducation, sont autant d’indices qui dénotent que Ben Sedira était d’un esprit visionnaire et son œuvre constituait une véritable réflexion prémonitoire sur ce qu’adviendra des ambitions futures de son peuple. D’aucuns pourraient toutefois contester l’apport de l’homme dans la mesure où son œuvre ne serait motivée, peut-être, que par des injonctions de l’administration coloniale de l’époque. Elle ne sous-tendrait donc aucune volonté sincère tendant à sauvegarder et promouvoir un quelconque héritage culturel et linguistique. Pis encore, ses travaux et recherches viseraient, selon eux, à aider seulement les occupants français à communiquer dans les langues des indigènes pour mieux les asservir.


Mais qui est Belkacem Ben Sedira ? Qui est cet intellectuel et néanmoins précurseur des études linguistiques en Algérie ? Comment est-il parvenu, en ces temps où l’Algérien ne connaissait que zaouïa et planchette coranique pour s’instruire ou plutôt s’alphabétiser, à faire des études approfondies et à fréquenter de prestigieuses écoles telle que l’Ecole normale de Versailles (1860-1863) ? Comment a-t-il réussi, lui l’homme des oasis, à explorer les sentiers tortueux de l’ethnologie, de la linguistique berbère et de la littérature arabe ? Ce sont là autant de questions qui méritent d’être mises au clair. Pour ce faire, il est intéressant de revenir sur la vie de l’homme en remontant à l’époque de son enfance. Le but étant bien entendu de comprendre les conditions de cette réussite fulgurante et surtout les circonstances qui ont mené l’homme de Biskra à Paris avant de revenir au pays pour s’établir enfin à Alger où il exerça comme professeur à l’école normale jusqu’à sa disparition en 1901. Cette biographie pourrait éventuellement nous renseigner beaucoup plus sur l’homme en vue d’éviter toute affabulation mensongère et tout jugement de valeur. Belkacem Ben Sedira est venu au monde dans le tumulte. Il est né en effet une année après la prise de Biskra par les forces coloniales sous la houlette du duc d’Aumale le 4 mars 1844. On peut donc imaginer l’enfance difficile qu’il a eue en cette période ayant suivi la conquête de sa région. Période où tueries, razzias, insurrections et résistances faisaient le quotidien des populations. L’insurrection des Zâatcha (1848), la révolte de Si Sadek Ou lhadj (1858) sur les monts d’Ahmar Khaddou, une zone située à quelques encablures de la ville de Biskra, sont autant d’épisodes qui devaient sans doute marquer son enfance. Ces faits d’armes témoignent également que sa région n’a pas abdiqué face aux nouveaux occupants français. Elle leur a, au contraire, livré une farouche résistance en consentant de grands sacrifices à Lichana, M’Chounèche, Seriana et dans de nombreux villages et douars de la région des 

Ziban

 .Belkacem Ben Sedira, c’était peut-être l’homme, qui n’a rien laissé d’informations ni sur lui ni sur sa famille, refuse ainsi de se confiner dans une quelconque culture régionaliste ou un quelconque carcan clanique. Par l’œuvre plurielle qu’il a laissée, il veut seulement être algérien et appartenir uniquement à l’Algérianité.

Dans ce registre, un homme politique bien connu disait, dans les années 1990, qu’un acte de naissance n’est pas un programme politique. En effet ce document attestant notamment le lieu où l’on est né, ne peut se substituer en un quelconque projet de société. Il ne doit pas non plus se transformer en un enclos ou un rempart derrière lequel l’on s’abrite pour rejeter l’autre et promouvoir la culture du clan, de la haine et d’exclusion. Dans notre pays malheureusement, nous n’avons pas encore atteint ce degré de conscience. Tout le monde vous dira par exemple, y compris les antagonistes de la question identitaire, que toutes les cultures se valent, que toutes les langues (Arabe littéraire, Arabe dialectal et Berbère) constituent un patrimoine appartenant à tous les Algériens. Tout le monde le dit en effet aujourd’hui, mais est-ce pour autant que tout le monde le pense ? Il ne suffit donc pas de le dire, il faut surtout le penser. Belkacem Ben Sedira ne l’a peut-être jamais dit ; mais, lui, il l’a pensé et l’a fait. Et c’est tout à son honneur !