RELATIONS INTERNATIONALES – UE- ETAT DES RELATIONS ALGERIE 2020
L’Union européenne estime que l’impact combiné des restrictions à
l’importation décidées par l’Algérie “a été très négatif sur les
opérateurs européens”.
Les mesures de restriction à
l’importation prises par l’Algérie font l’objet de sévères critiques de l’Union
européenne (UE) qui évoque un impact “très négatif” de ces politiques sur ses
opérateurs. Dans un rapport (novembre 2020)
sur l'état des relations Union européenne -
Algérie, dans le cadre de la politique européenne de voisinage (PEV) renouvelée
pour la période, allant d’avril 2018 à août 2020, la Commission européenne
indique que “l'UE est affectée par les mesures restrictives aux échanges introduites
par le gouvernement algérien en contradiction avec l'accord
d'association”.
Depuis 2015, rappelle le rapport,
“l'Algérie a introduit une série de mesures protectionnistes, invoquant la
détérioration de la balance des paiements à cause de la chute du prix du
pétrole”. Le document cite, notamment, l’introduction, jusqu’à fin 2019, d’un
régime de licences d'importation non automatiques pour certains produits
(véhicules, ciment, rond à béton).
Il évoque, également, la suspension, à
partir de janvier 2018, de l'importation de 45 familles de produits et
l'augmentation des droits de douane (jusqu'à 60%) pour 32 familles de produits
finis. L’UE fait, aussi, référence au droit additionnel provisoire de
sauvegarde (DAPS), compris entre 30% et 200% de la valeur de la marchandise
importée, affectant 1 095 positions tarifaires.
“L’impact combiné de ces mesures qui
sont sans précédent dans la région sur des opérateurs européens a été très
négatif”, relève l’UE. Selon le rapport, “au cours de la période 2015-2019, l’exportation
par les 27 pays membres de l’UE (EU27) des produits affectés par ces mesures
restrictives a chuté de plus de 50%, de 2,722 milliards d’euros en 2015 à 1,348
milliard d’euros en 2019”. D'autres mesures, prises l’année dernière sur les
modalités de paiement des importations, “nuisent aussi aux échanges”, ajoute la
Commission européenne.
Cette dernière fait référence à la
circulaire publiée par l'Association des banques et établissements financiers (Abef) qui “n’autorise des opérations d’importation que pour
les contrats utilisant, dans la mesure du possible, la clause incoterms FOB”.
La note de l’Abef, note le rapport, “impose également
un recours en priorité au pavillon national, ainsi qu'un délai de paiement
minimum de 9 mois aux banques commerciales”. Ces mesures “ont provoqué de vives
réactions des exportateurs européens et de leurs clients algériens”, soutient
l’UE, précisant que ces modalités ont été assouplies en décembre 2019.
En parallèle, ajoute le rapport, “l'Abef a imposé aux importateurs de placer auprès d'une
banque 120% de la valeur de l'importation au moins 30 jours avant sa livraison
pour obtenir une lettre de crédit”. Pour la Commission européenne, “l'effet
négatif de ces mesures est amplifié par le manque de prévisibilité et de communication
préalable par des autorités algériennes”.
Le rapport indique qu’après des contacts
au niveau politique entre le Commissaire européen du commerce et le ministre
algérien du Commerce le 24 juin 2020, “l’UE a initié une procédure de
règlements de différends sous l’accord d’association, afin d’entamer des
consultations techniques et politiques en vue d’une éventuelle décision du
Conseil d’association pour résoudre ces mesures restrictives”. De son côté,
l’Algérie avait affiché, dès 2015, son insatisfaction face aux résultats jugés
décevants et asymétriques de l’application de l’accord d’association.
Quinze ans après son entrée en vigueur,
l'accord présente un bilan fortement déséquilibré. Même une étude ex-post,
commandée par la Commission européenne, a révélé que l'impact de l’accord
d’association sur les relations commerciales “est quelque peu déséquilibré”.
Les flux d’investissement européens sont en deçà des attentes de
l’Algérie.
Le rapport revient, par ailleurs, sur le
partenariat stratégique UE-Algérie dans le domaine de l'énergie qui, depuis
2015, cherche à renforcer la sécurité de l'approvisionnement, à promouvoir les
énergies renouvelables ainsi que l'efficacité énergétique et à encourager les
investissements.