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POLITIQUE- DOCUMENTS POLITIQUES- DROITS HUMAINS 2020- RAPPORT LADDH 2020
© Synthèse Madjid Madekhi/El Watan, mercredi 9/12/2020
Le rapport annuel 2020 sur la situation des droits
humains élaboré par la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme
(LADDH aile de Hocine Zehouane) dresse un constat des plus sombres. Selon le
document qui sera rendu public aujourd’hui, au moment «où le monde célèbre les droits de l’homme de la 5e génération», en
Algérie le pouvoir continue de brimer les plus élémentaires d’entre eux.
«Aujourd’hui encore, à l’adresse du pouvoir politique, les militants des droits
humains disent ceci : aucun discours ou programme ne peut permettre à la
société de se développer sans les droits de l’homme.
Plus encore,
‘‘les droits de l’homme ou le chaos’’»,
précise d’emblée le rapport de la LADDH, publié à la veille de la célébration
de la Journée internationale des droits de l’homme, coïncidant avec le 10
décembre.
Selon le document, «en Algérie,
on a fait un recul, y compris pour des textes élaborés durant les siècles
derniers». «Et si le régime continue à ne pas respecter les droits de l’homme,
il aura fait le choix du chaos, qu’il assumera devant l’histoire, alors
qu’ailleurs on célèbre les droits de l’homme de la 5e génération», notent les rédacteurs du rapport.
Les messages du Hirak ignorés
Rappelant
l’appel de Me Hocine Zehouane à «un débat
national sur les droits de l’homme» déjà
fait en 2018 à l’occasion du 6e Forum
sur les droits de l’homme, interdit par l’administration de la wilaya de
Béjaïa, la LADDH estime que la proposition est toujours valable.
«Deux années après, et en dépit de l’avènement d’un
mouvement révolutionnaire : le hirak, qui a suscité l’admiration des peuples à
travers le monde entier en raison de son caractère pacifique et des très fortes
mobilisations des Algériens de tout âge et à l’échelle de tout le pays où la
participation des femmes a été massive et permanente, on est dans l’obligation
de reprendre cette doléance dans laquelle il avait appelé à aller ‘‘vers
l’agrégation de toutes les volontés’’ et, peut-être même, créer ‘‘une instance
nationale avec une assise œcuménique’’»,
précise la même source.
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«Il s’agit de se retrouver dans la matrice des
droits de l’homme», appuie
aussi le document. Selon le rapport, c’est la «problématique,
qui se pose avec acuité, devant la dégradation de la situation des droits
humains en Algérie».
Le texte relève, surtout, l’attitude du
pouvoir qui a préféré ignorer les messages, pourtant clairs, du hirak pour le
respect des libertés.
L’Algérie, ajoutent les rédacteurs du
rapport, est loin de «construire au mieux», qui est le slogan choisi par
l’ONU pour célébrer l’anniversaire de la Déclaration universelle des droits de
l’homme de 1948.
Violations de tous les droits
«En témoignent la série d’arrestations d’acteurs
politiques du hirak, de blogueurs, journalistes ou même de personnes, qui
commentent l’actualité nationale sur les réseaux sociaux, la fermeture de sites
d’information (TSA, Maghreb Emergent, Radio M., etc.), de blogs, ainsi que
l’interdiction de toutes activités, politiques et associatives, depuis le mois
de décembre 2019»,
explique ce rapport, soulignant que l’Algérie, qui a ratifié la Déclaration
universelle de 1948 au lendemain de son indépendance, ne vit pas en dehors de
cette communauté internationale.
«L’adhésion quasi universelle au principe des
droits de l’homme, placés sous la protection de la communauté internationale,
n’est donc pas une garantie – y compris dans des Etats, qui les ont ratifiés,
comme l’Algérie – contre les atteintes qui continuent à leur être portées, et
que, si ces atteintes sont plus visibles que jamais – dans le cas qui nous
concerne directement –, grâce à la circulation instantanée et mondialisée de
l’information, on finit aussi par s’y résigner, comme à une forme de fatalité», note la LADDH.
Ce
faisant, le rapport énumère la liste interminable des violations des droits,
dont ceux des femmes, les libertés d’association, de réunion et d’expression ainsi
la liberté de conscience qui «a même été supprimée dans le texte de la révision
constitutionnelle du 1er novembre
2020».
Le rapport de la Ligue énumère
également la batterie de lois liberticides sur la base desquelles sont jugés et
condamnés, depuis le mois de juillet 2019, des centaines de militants et
d’activistes du hirak. Il s’agit notamment des articles du code pénal, à savoir
les 74, 75, 77, 78, 79, 97, 100, 144-bis, 144-bis 2, 146, 147, dont certains
datent de l’époque du parti unique.
© Synthèse Liberté/Nissa H. mercredi 9 /12/2020
La
Ligue algérienne de défense des droits
de l’Homme (aile, Me Zehouane) établit un
constat pour le moins difficile de la
situation des droits de l’Homme en Algérie.
Dans
son rapport annuel rendu public
à l’occasion de la déclaration universelle
des droits de l’Homme, la Ligue algérienne
de défense des droits de l’Homme (Laddh) évoque une
“violation continue” des droits des citoyens et un “recours abusif” à la
détention préventive.
“Le
pouvoir a profité de la crise, des
mesures de confinement et des restrictions en raison de la
pandémie de Covid-19 pour procéder à des
arrestations ciblées des activistes pensant ainsi briser le Hirak. Cette
gestion n’a fait qu’exacerber la méfiance faisant croire même à certains
que la Covid-19 est une invention du pouvoir pour casser le Hirak”, note le
rapport dont nous détenons une copie.
La Laddh
rappelle qu’au début de l’année 2020, “au moins 180 manifestants, militants ou
journalistes ont été placés en détention provisoire, essentiellement pour avoir
brandi les emblèmes berbères, pour des écrits sur les réseaux sociaux ou pour
avoir participé aux marches du Hirak. Beaucoup ont été condamnés à de lourdes
peines d’emprisonnement et à des amendes aux montants exorbitants”.
Les ex-détenus,
précise cette Ligue des droits de l’Homme, revendiquent leur réhabilitation,
alors qu’il reste actuellement encore dans les geôles 95 prisonniers d’opinion.
Le rapport note également que plusieurs journalistes ont été poursuivis et
emprisonnés alors que le délit de presse a été abrogé par la loi fondamentale
de 2016.
Dans ce
document, on considère, en outre, que la pandémie de coronavirus a eu un
impact “violent” sur l’économie et le quotidien des Algériens. “Si au
double plan social et économique, la situation de l’Algérie n’est pas enviable,
elle ne fait guère mieux en matière de liberté de culte et de respect des
droits humains et de liberté de conscience.
Pour rappel,
l’Algérie a été classée à la 42e place des pays où les personnes de confession
chrétienne sont les plus persécutées dans le monde, selon le rapport 2018”,
fait remarquer la Laddh qui cite le cas de Yacine Mébarki accusé “d’offense à
l’islam” et condamné en appel à un an de prison et à une amende de 50 000 DA.
La situation des femmes n’est pas plus reluisante, estime
l’organisation dont le vice-président est Saïd Salhi.
“Ces deux
dernières années, les violences faites aux femmes se sont multipliées
dangereusement, surtout dans le contexte du confinement lié à la Covid-19, avec,
notamment, une augmentation des cas de féminicide. il y a quelques années, un
sujet tabou. Ainsi, on a l’impression qu’il y a une augmentation des violences
faites aux femmes parce que nous en parlons plus aujourd’hui”.
Les causes de
cette violence sont directement liées, pense-t-on, au statut de la femme et à
sa condition politico-juridique.
“Tant que le
code de la famille continuera de régir le fonctionnement de la famille en
consacrant la discrimination, l’inégalité entre l’homme et la femme, la suprématie
et la domination masculine — en totale contradiction avec les textes de la
Constitution qui, elle, consacre l’égalité citoyenne et la non-discrimination
notamment basée sur le sexe —, les femmes continueront de subir la violence
sous toutes ses formes, c’est l’avis de beaucoup de militantes, un avis partagé
par la Laddh”.
Rappelant sa
position constante contre la peine de mort, la Ligue algérienne de défense des
droits de l’Homme, se dit consciente qu’une bonne partie de la population est
favorable à son application dans les cas de crimes contre les enfants. “Il est
vrai, reconnaît-on dans ce rapport, que depuis 1993, aucune exécution n’a eu
lieu.
Seulement, les
condamnés à mort — dont certains sont âgés de 90 ans et plus — sont toujours
regroupés dans les couloirs de la mort. Si l’on veut rendre effective
l’abolition de la peine de mort, qu’on leur change de régime, qu’on les fasse
bénéficier du statut de la réclusion criminelle. Leurs familles réclament la
grâce présidentielle vu leur âge et le fait qu’ils n’aient pas les mains
tachées de sang.”
Mettre les
autorités devant leurs responsabilités
Face à cette situation critique et au constat de régression établi qui ne
manquent pas de susciter des critiques à travers le monde, l’ONG préconise
l’organisation d’un débat national sur les droits de l’Homme.
À travers cette
démarche, elle souhaite “mettre les autorités devant leurs responsabilités face
à la multiplication des arrestations d’acteurs politiques du Hirak, de
blogueurs, de journalistes ou même de personnes, qui commentent l’actualité
nationale sur les réseaux sociaux, la fermeture de sites d’informations (TSA,
Maghreb Emergent, Radio M., etc.), de blogs, ainsi que l’interdiction de toutes
activités, politiques et associatives, depuis le mois de décembre 2019”.
“Les membres de
la Laddh étaient loin de penser devoir présenter un rapport sur les droits de
l’Homme aussi désavantageux pour le peuple algérien qui a suscité
l’admiration du monde entier à travers ses fortes mobilisations
pacifiques depuis le 22 février 2019”, déplore la Laddh.
Selon elle, en
imposant sa feuille de route, notamment à travers la tenue d’un référendum sur
la nouvelle Constitution, largement boycotté, “le régime espère que les
militants des droits humains, les acteurs sociaux et politiques et globalement
la majorité des Algériens seront gagnés par la lassitude, le pessimisme et
l’usure. Si le régime continue de ne pas respecter les droits de l’Homme, il
aura ainsi fait le choix du chaos qu’il assumera devant l’histoire”.
Commentant la
récente résolution sur les atteintes aux droits de l’Homme et les
libertés adoptée par le Parlement européen, la Laddh rappelle qu’elle n’a pas
attendu une prise de position internationale pour “dire une situation que nous
ne cessons de dénoncer nous-mêmes chaque jour. Après un Hirak pacifique et
exemplaire de plus de 20 mois, qui a mis les droits humains au centre du combat
pour la dignité et la liberté, la situation a régressé”.
“Toutes les
options futures, qui ne sont pas à l’écoute des aspirations réelles du peuple
algérien pour le changement authentique, qui ne prennent pas en compte les
expériences antérieures, notamment celles qui ont déjà échoué et qui ne
comptent pas avec le Hirak, comme interlocuteur et partie prenante de la solution,
seront, encore une fois, vouées à l’échec. Le pouvoir est entre deux choix :
sauver le système ou sauver le pays”, souligne-t-elle.
Par ailleurs,
abordant la programmation d’une cascade de procès d’anciens hauts responsables,
la Laddh estime que les audiences ont révélé l’ampleur de la corruption, sans
convaincre l’opinion publique.
“Au cours de ces
procès, sur lesquels planait l’ombre de Bouteflika, des accusés ont regretté
l’absence du président déchu — impotent et reclus — et de son frère Saïd , l’ex-influent conseiller, détenu pour complot contre
l’autorité de l’armée et de l’État”, observe-t-on dans ce rapport.