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Robert Castel

Date de création: 06-12-2020 18:09
Dernière mise à jour: 06-12-2020 18:09
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CULTURE- PERSONNALITES- ROBERT CASTEL

© El Watan, dimanche 6 décembre 2020

Comédien, humoriste et musicien juif d’Algérie, le Français Robert Castel, connu comme le père de l’humour «pied-noir», est mort samedi 5 décembre 2020 à l’âge de 87 ans à Paris.

Né le 21 mai 1933 à Bab El Oued, Robert Moyal, de son vrai nom, est le premier à apporter l’esprit de ce quartier populaire d’Alger à la scène métropolitaine. Son père, connu sous le nom de Lili Labassi, est l’un des maîtres du chaâbi, cette musique aux sonorités arabo-andalouses et aux rythmes berbères, typique du quartier. Robert Castel apprend le tar (le tambourin traditionnel), la guitare, et l’accompagne dans ses concerts. Instituteur, puis critique musical après ses études de lettres, il rejoint en 1957 le Centre régional d’art dramatique d’Alger, où il rencontre deux apprenties humoristes, Lucette Sahuquet et Marthe Villalonga.

Ensemble, la troupe monte La famille Hernandez, un enchaînement de scènes de vie algéroise, qui permet à la métropole de découvrir le folklore et les expressions typiques des pieds-noirs, les Français d’Algérie. La pièce, prévue pour 15 représentations, fait rire aux larmes le public parisien et Castel interprète finalement Robert le bègue plus de 1700 fois.

En 1962, il quitte définitivement l’Algérie nouvellement indépendante et s’installe à Paris avec Lucette Sahuquet, qu’il épouse. Le couple inaugure cette année ses sketchs en duo, notamment à l’Olympia, où ils enchaînent les premières parties de Frank Sinatra, Marlene Dietrich et Philippe Clay.

Dans les années 1970, l’humoriste, vif et provocateur, multiplie les sketchs télévisés avec sa partenaire fétiche . Pour le grand écran, ce comédien brun, au front dégagé, qui parle avec les mains, abandonne son registre de prédilection.

Principalement cantonné à des seconds rôles, il cumule les apparitions, notamment aux côtés d’Edith Piaf dans Les Amants de demain de Marcel Blistène. Il tourne au total dans plus d’une trentaine de films, jusqu’au début des années 2000. Il se fait discret quelques années avant de retrouver la scène en 2007, cette fois-ci musicale, grâce au projet «El Gusto», un orchestre de musiciens juifs pieds-noirs et arabes algériens, réunis pour faire revivre le chaâbi, passé au second plan derrière le raï et le rap.

Le chaâbi, apparu dans les années 1920, mêle la musique arabo/judéo-andalouse, la tradition de la poésie orale et les rythmes berbères. Il a battu son plein dans les années 1940-50, dans la basse-Casbah, autour de la grande synagogue, à Bab El Oued, au port, où se côtoyaient Arabes, Juifs, Kabyles, Maltais, Espagnols, Italiens…

En 2008, Robert Castel signe son autobiographie Je pose 75 (son âge, ndlr) mais je retiens tout. Il remonte sur scène en 2013 pour présenter son dernier one-man-show, Nostalgérie. Après la mort de son épouse en 1987, il s’était remarié. Il n’avait pas d’enfant.