EDUCATION-
BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH – ROMAN JEAN CLAUDE FOURNIER – « LE FOU DE
LEÏLA… »
Le fou
de Leïla. Roman de Jean-Claude Fournier. Tafat Editions,
Alger, 2020, 335 pages, 800 dinars
L’Algérie, les années 80. Des enseignants
français qui se retrouvent, dans le cadre de la coopération technique
, affectés à Bejaia et sa région.
Un couple –des soixante-huitards endurcis -
avec deux enfants en bas âge….Un célibataire …qui avait fait ses premières
armes , en 62, juste avant l’indépendance du pays , comme soldat d’occupation…..petit
comptable du « Bmc »
(lieu accueillant des « filles de joie » ) de la base navale de Ain el
Turk….Tous avec , dans la tête, soit des images
produites par l’imaginaire colonial : du soleil à gogo, du camping au bord
de l’eau,une vie libre et libéré de la bureaucratie
« métropolitaine », un bon
salaire , des « indigènes » accueillants, pas rancuniers pour un
sou….et la volonté d’accomplir une mission humanitaire d’importance…soit le
projet (et l’envie) de participer à
nouvelle aventure « révolutionnaire ».
Hélas, pour eux, si Bougie et sa région sont
généreuses en mer bleue , en merguèzes,
en aires de camping conviviales et pacifiques, en « aventures »
amoureuses avec les coopérantes célibataires, en jeunes « indigènes » assez
ouverts sur le monde extérieur….le reste est « décevant ». Pas de
logement décent, une hygiène publique laissant à désirer, un approvisionnement
en produits de première nécessité difficile…..et même le Sahara
« déçoit ». Seuls les enfants –certainement la tête pas chargée du
tout d’images d’ « avant »- sont heureux.
Un roman ? Le titre pourrait le laisser
croire. En fait, le récit d’un homme qui, nostalgique d’une amourette vécue
dans un Bmc (de l’ Armée
française), avec une pensionnaire « indigène » , cherche à la
retrouver…..en venant enseigner là où , disait-elle, elle est née. Orient , quand tu nous tiens !Ou, bien plutôt, une
raison de vivre pour échapper à une vie « merdique ».
Un livre qui ne mérite pas une ligne de plus
de commentaire.Mais comme je l’ai payé, je voulais en
avoir pour mon argent.Je l’ai terminé
difficilement…..
L’Auteur :Auvergnat. Né en 1942 à Montluçon (Allier).
Enseignant d’anglais…..Il a « tenté l’aventure algérienne »
(sic !) de 1983 à 1986 en tant que coopérant dans des établissements
scolaires à Bejaia.
Extraits : « Dans cette atmosphère de colonie
de vacances pour addos attardés, peu pressés de virer
leur cuti soixante-huitarde, le temps semblait suspendu. L’exil leur
communiquait l’impression de se trouver en équilibre instable entre les deux
ères. Ils avaient vécu une jeunesse militante et exaltée.Puis
venait l’âge d’une maturité rendue plus pessismiste
par la réalité d’un monde qui résistait aux utopies généreuses » (p 64),
« C’était comme si rien ne s’était passé vingt ans auparavant.On
eût dit que les haines accumulées pendant des siècles et pendant la guerre de
libération n’avaient pas laissé de trace dans le cœur des gens.Les
rancœurs semblaient abolies par la fierté d’être enfin libres de décider
soi-même de son destin.Et qu’importait si
l’indépendance n’ avait pas encore changé significativement la vie des
populations rurales et citadines » (p 107)
Avis :Un roman ? Non,surtout un essai…..raté, sur l’Algérie des années
80.Un fouillis d’observations,un embrouillamini de
commentaires….. fruits bien plus de la déception de se
retrouver, loin d’un nouvel Eldorado, dans un pays en pleine reconstruction.
Citation : « La traversée (en bateau pour la
France) fut l’occasion de prendre un peu plus conscience du décalage culturel
entre les deux rives de la Méditerranée.En vérité, il
serait plus juste de parler de béance civilisationnelle »
(p 242)