Nom d'utilisateur:
Mot de passe:

Se souvenir de moi

S'inscrire
Recherche:

Roman Hajar Bali- " Ecorces"

Date de création: 03-12-2020 18:26
Dernière mise à jour: 03-12-2020 18:26
Lu: 840 fois


POPULATION-BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN HAJAR BALI- « ECORCES »

Ecorces. Roman de Hajar Bali. Editions Barzakh, Alger, 2020, 273 pages, 900 dinars

On a l’arrière grand-mère, « Son Altesse » Baya, 95 ans, la matriarche….puis la grand-mère, Fatima , la bru chérie choisie dès l’enfance et élevée pour ce faire , devenue veuve (du chahid Haroun –Vincent (lisez , vous comprendrez….les dégâts collatéraux de la guerre ), un fils adoré, menuisier et surtout poète  puis Meriem (dont l’époux Kamel , un « naïf » qui s’est retrouvé en prison pour longtemps , durant la décennie rouge,  pour avoir fait trop confiance aux « barbus » du quartier qui se sont servis de sa menuiserie pour cacher des armes) et , enfin, l’arrière petit-fils, le chéri et le protégé de toutes ces dames, Nour, 23 ans, étudiant en mathématiques , plein de vie et surtout d’espoirs….. d’une « autre vie » …..qui ne sait plus où donner de la tête pour s’échapper….d’un appartement de plus en plus exigu et, surtout, de la surveillance serrée de ces dames……..Ce n’est pas fini : il y eut aussi Mayssa…..la maîtresse cachée et premier (et unique ?)  amour de Kamel, une musicienne libre de toutes attaches, celle qui , bien qu’enceinte, avait été rejetée par Baya et ses « filles ».….. Kamel  est le père de Nour mais aussi de  Mouna, la fille naturelle à « l’inquiétante étrangeté » . Nour et Mouna (la demi-sœur) se rencontrent et  sympathisent. Nour est (presque) amoureux. Mouna « l’aime bien » . Mouna sait et cherche à mieux connaître cette famille qui avait rejeté sa mère mais Nour ne le sait pas…..Quand il comprendra  , comme d’ailleurs Baya et les autres , il est trop tard…Mouna , elle, a tout compris et ne cherchant plus à se venger, choisit de s’éloigner….

Un récit labyrinthique qui décortique une vie familiale en apparence linéaire et lisse mais qui reste enfermée ,depuis la colonisation ,  plus d’un demi siècle après l’ élimination de celle –ci , dans la mémoire et le bloc familial , rejetant et faisant rejeter par les plus jeunes – matheux ou pas matheux, à Alger ou pas -, toute tentative d’indépendance ou de simple autonomie. Un morceau de société à l’image de la vie politique ?

L’Auteure : Née en 1961, enseignante de mathématiques (Alger).Dramaturge, déjà auteure  d’un recueil de pièces théâtrales et d’un recueil de nouvelles.En plus d’une participation à un ouvrage collectif, «   Alger, quand la ville dort »  (Editions Barzakh, 2010), un recueil de nouvelles accompagnées de photographies

Extraits : « On ne s’endurcit jamais complètement, et lorsque les larmes viennent, elles font voler en éclats les nombreuses couches dont on a voulu les envelopper.L’étincelle fait ressurgir instantanément dans les mémoires une série de faits malheureux, qui s’y étaient accumulés, et qui alors constituent un tout indistinct, aux aguets, tyrannique » (p 30), « Il n’y a pas de désert.Mais on avance plus vite là-bas .Je crois que c’est ce qu’il faut chercher.A avancer plus vite.A embrasser l’univers.Vite.Avant que….Avant que la lumière magnifique ne nous quitte  »(p 213) , « Quand on vient au monde, l’équation s’écrit. Nous nous agitons pour enlever des poussières alors que le moindre mouvement, le moindre vécu, introduit des paramètres à l’équation première.Elle s’épanouit, se renforce, finit par avoir raison de nous.Ce que vivent les gens détermine ce qu’ils sont.On n’y peut rien » (p 230)

Avis :L’écriture compliquée d’une histoire compliquée d’une  famille compliquée traversant l’histoire compliquée d’une société compliquée dans un  pays….de plus en plus compliqué. Très belle couverture avec le détail d’un tableau de Baya….compliqué pour le commun des lecteurs.Un roman qui a été nommé pour le Prix Mohammed Dib 2020

Citations : « Peut-être, le secret de la longévité serait dans l’absence de désir, ou d’orgueil, ou de rareté des amis, qu’il faut choisir avec parcimonie » (p 19), « Comme la miséricorde de Dieu, l’amnistie est refusée aux plus faibles, aux moins chanceux, aux moins quémandeurs.On absout les plus visibles, on oublie les autres. L’exemple est ainsi donné, l’honneur de la nation est sauf.Les timides ne parleront pas » (p 87), « Le monde se transforme sans arrêt.C’est nous qui le freinons parce que nous nous donnons le droit d’en stopper les contingences » (p 93)