ENVIRONNEMENT- REGION- KABYLIE ORIENTALE
© wikipédia (novembre
2020)
La Kabylie orientale est
le nom donné à l'époque coloniale par
les militaires et géographes français à la région située dans le Nord Constantinois,
dans le Nord-Est de l'Algérie.
Cette région a notamment été l'une de celles où la résistance à l'occupation
française a duré le plus longtemps (1839-1871). Cette région qui n'avait pas de
nom s'est constituée en une entité ethnographique surnommée
« Kabail El Hadra », ce n'est qu'à partir de l'occupation
française et de l'expédition de Saint-Arnaud en
1851 que l'appellation de Kabylie orientale entra en usage pour désigner ce
territoire arabophone occupé par des montagnards
d'origine Berbère Kutamas. Les
limites Ouest-Est seront situées de la région du sahel (côte) Jijelien jusqu'à
la vallée du Safsaf1. Cette appellation de Kabylie
orientale a été adoptée pour distinguer cette région de la Kabylie
des Babors (Petite
Kabylie) et la Kabylie du Djurdjura ( Grande
Kabylie).
Il est à noter que le nom Kabylie a été choisi à
l'époque pour faire référence à des régions habitées par des montagnards vivant
en tribus, indépendant du joug ottoman, et
que les différentes Kabylies n'abritaient pas un peuple homogène mais formaient
différentes régions et populations.
Cette appellation de Kabylie orientale n'a pas duré et
a été remplacée par les colons Français par le département de Constantine,
puis lors de la guerre d'indépendance dirigée
par le FLN la région fera partie de la Wilaya II correspondant
au Constantinois. Les deux cités historiques de la Kabylie
orientale sont Jijel et Collo qui
ouvrent vers la mer d'où envahisseurs et marchands abordèrent ses côtes,
cependant la région étant protégée par d'immenses remparts naturels et difficile d'accès, ces derniers n'ont jamais pu franchir la
grande barrière montagneuse.
La région a aussi été le foyer de plusieurs dynasties islamiques comme
les Fatimides2 et les Hammadites3. La région correspond au territoire de la
tribu Berbère des Kutamas.
Récemment la région fut l'un des fiefs du FIS, le parti islamiste algérien qui, après le
coup d’État militaire qui l'a privé de son succès électoral (1992), est entré
en insurrection armée.
La Kabylie orientale traversait donc les wilayas de Béjaïa (Ouest), Jijel, Skikda ainsi
que le Nord de celles de Mila, Sétif et Constantine. Aujourd'hui et depuis
le début de la guerre d'Algérie on
parlera de Nord-Constantinois pour désigner cette région.
Les frontières de la Kabylie orientale sont situées d'ouest en est,
entre le versant oriental du Babor (Nord
Sétif, Choba-Ziama Mansouriah)
jusqu'à l'Edough.
Pour ce qui est de ses frontières du sud, elles sont figurées par une ligne qui
passe par l'embouchure de l'oued Djendjen au nord-ouest, traverse l'oued
Ennadja, puis suit son cours jusqu'à Sidi
Mérouane en contrebas de la chaîne du Zouagha, passe entre
Sidi Driss et l'oued Smendou et remonte le long des vallées de l'oued Safsaf
jusqu'à son embouchure.
La langue d'origine est le berbère mais une grande
partie de cette région a été arabisée et a gardé le dialecte arabe
pré-hilalien, c'est-à-dire issu de la première vague d'immigration arabe
au Maghreb,
quand au contraire la plupart des autres dialectes arabes en Algérie ont été
influencés par les Hilaliens1. Il faut préciser que cela n'est pas une
exception, on trouve aussi ce phénomène linguistique dans d'autres régions
d'Algérie comme à Tlemcen ou Nedroma,
mais aussi au Maroc dans les régions de Fès ou Tanger et
en Tunisie.
Le dialecte pré-hilalien se reconnaît car « Il se distingue par une
prononciation aiguë des lettres « qaf » et « kaf », ainsi
que par l’élimination de nombreuses consonnes arabo-berbères lourdes telles que
le « dh » et le « th » et
par l’usage des particules « h•a » (un, une), « di » (de), « d » (c’est,
ce sont) et « ka » (modal placé devant les verbes au
présent).
On trouve également plusieurs expressions dans l'Ouest de la région qui
semblent être du Kabyle traduit en arabe, voir des mots berbères qui ont
subsisté grâce aux vents de l'histoire qui ont bouleversé la tribu Kutamas qui
Jadis occupait, en plus des montagnes Jijeliennes et des pleines environnantes,
la majeure partie du Constantinois4.
La région est peuplée par les Kabyles
hadra (descendants des Berbères Kutamas) qui
sont des montagnards d'origine berbère arabophone et parlent une variante du
dialecte Djidjélien ayant comme substrat du berbère proche
du de celui du kabyle.
La culture d'origine est le berbère, cependant la région étant en grande
partie arabisée, les traditions berbères ont quasiment disparues. Néanmoins
Yennayer (nouvel an berbère) est fêté chaque années notamment dans la région
de Jijel et Mila. Les
Kabyles Hadra ont conservé leur spécialité culinaire le « seksou (ou
Berboucha) bel hout » qui est un couscous d'orge au poisson, typique de la
région où le poisson est mis en avant.