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Roman Canesi & Rahmani-

Date de création: 26-11-2020 19:13
Dernière mise à jour: 26-11-2020 19:14
Lu: 749 fois


HISTOIRE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH-ROMAN CANESI & RAHMANI- « ULTIME PREUVE D’AMOUR »

Ultime preuve d’amour.  Roman de Canesi & Rahmani.  Editions Dalimen , Alger 2020, 271 pages, 1000 dinars

Alger, 1962, juste avant l’Indépendance. Inès , un Algérienne de seize ans et Pierre, un jeune pied-noir. Ils ont grandi ensemble. Voisins de palier dans un immeuble résidentiel (ce qui facilite les échanges de mots doux grâce aux balcons mitoyens) et ayant fréquenté les bancs des mêmes établissements scolaires…. depuis le jardin d’enfants. C’est évident , ils s’aiment….et les parents ne le savent pas, bien sûr.

Le pas est franchi…..dans une chambre de l’hôtel Aletti….avec la complicité d’un parrain gestionnaire…..et sous l’œil réprobateur mais silencieux du liftier, Mohand.

Puis vint la grande rupture……avec une Indépendance qui s’annonçait proche et le terrorisme aveugle des ultras européens……Pierre,, Oas contre l’avis de son père , un homme de gauche libéral et indépendantiste, est « exfiltré »…. Inès , à la fibre nationaliste,  découvre la réalité. N’empêche , elle n’oubliera jamais son premier pas de femme.

Le temps passe.  Plus de nouvelles, chacun faisant sa vie de son côté.

Plus de trente années plus tard, Inès est devenue médecin, mère de deux enfants et épouse d’un cadre aimant,  aimé  et  compréhensif  du drame intérieur de sa moitié.Il l’avait su par hasard , par Mohand, bien avant le mariage.  Pierre , devenu , lui aussi, médecin, est désormais bien loin. Mais , le hasard ( ?) va les  faire se rencontrer sur le lit de mort de l’époux, alors atteint d’une maladie grave.

Le reste est une sorte de « retour » aux origines. Pierre venu à Alger pour la première fois  découvre un autre Alger, une autre Algérie….alors en pleine décennie rouge. Le nouveau terrorisme intégriste va lui « ouvrir » les yeux sur la société algérienne réelle et  sur ce qu’ont enduré les Algériens durant le terrorisme Oas.

Tout ça, c’est l’histoire d’ amour …..qui finira bien…..en France , rassurez –vous. Mais tout ça dit sur fond d’une description (matérielle) assez noire d’Alger…..comparativement à ce qui  avait prévalu avant. Alger était devenue une ville du tiers –monde. L’hôtel Aletti , qui a pris des rides, n’a plus de liftier au beau costume rouge et discret et les ascenceurs sont en panne….Mohand n’a plus de dents ni de costume…..Le Vendredi est devenu un jour sinistre….L’Algérie a beaucoup changé   après le départ des Européens et de la France … devenue, forcément,  bien meilleure .

Un flot de détails où les auteurs   prennent du plaisir  de manière assez douteuse ! Ce qui fait rapidement penser au contenu du livre « Alger sans Mozart » des mêmes auteurs…..et des « bons »  livres écrits sur le Maroc (« Siamoise » et « Villa Taylor »)

Les Auteurs : Un Algérien et un Français. Le premier, médecin anésthésiste et le second médecin dermatologue, tous les deux en permanence témoins, en direct, de douleurs humaines  . Déjà auteurs, ensemble , de plusieurs  romans dont le premier , en 2006, « Le Syndrome de Lazare » (sur l’arrivée du  sida en France) a été adapté au cinéma par André Téchiné, sous le titre « Les Témoins » . Le second livre, « La douleur du fantôme » a été édité en 2010. Leur troisième , « Alger sans Mozart » a été édité par les Editions Dalimen (Alger) en 2013 (Médiatic du jeudi 8 octobre 2015). « Siamoises », a été édité toujours par Dalimen en 2016. Quant au  cinquième , « Villa Taylor » (  Editions Anne Carrière, Paris 2017) il  n’ a pas été édité en Algérie (mais présenté exceptionnellement in Mediatic)

 Extraits : « Dans  nos familles, la sexualité féminine n’existait pas hors mariage et, tant que nous n’étions pas officiellement engagées, il était impensable d’en faire état.Nous étions considérées comme des enfants alors que nous avions des corps et des désirs de femmes «  (p 103), « L’argent est le fossoyeur des sentiments ; mon père n’avait rien, il ne nous a légué que son éducation, ses principes, sa droiture et des souvenirs.Son héritage n’a engendré aucun contentieux » (p 153)

Avis : Un véritable  roman de gare….haut de gamme. Une histoire d’amour qui va traverser le temps à l’écriture fluide et simple….Une histoire  « tirée par les cheveux »,  mais ça se lit vite , très vite.

Au lieu de titrer sur l’hymen « offert », ils auraient du choisir un titre moins « cucul » et plus commercial : « Hôtel Aletti »

Citations : « Les militaires portent un fusil, ils peuvent s’en servir et tuer de façon anonyme.Ils sont utiles à leur pays, ils le défendent. Ils se ressemblent tous et ça leur enlève tout sentiment de culpabilité .Les tenues de combat ont sûrement été inventées pour ça » (p 38), « Les beaux endroits, ça donne de beaux souvenirs, de ceux qu’on aime retrouver.Tout est toujours question d’argent…..La belle mémoire , ça s’achète aussi » (p 130), « On ne s’en rend pas toujours compte, mais la dégringolade se niche dans les détails « p 216), « J’ai toujours trouvé bizarre qu’un même cri (le youyou)célèbre les plus grandes douleurs et les plus grands bonheurs.Peut-être que chaque joie porte en elle le germe de malheurs futurs » (p 231), « Les riches sont capables de dépenser des fortunes pour des choses qui ne servent à rien, des choses qui leur font imaginer qu’ils vivent plus fort que les autres » (p 247)