COMMUNICATION- ETRANGER- EDITEURS PRESSE FRANÇAISE /GOOGLE/DROITS
VOISINS 2020
Les
droits voisins prévoient une rémunération pour les contenus des éditeurs de
presse (photos et vidéos notamment) utilisés par les plateformes en ligne,
par exemple lorsqu'ils apparaissent dans les résultats de recherche sur
Google.
C'est un virage majeur dans les
relations entre Google et la presse : le géant américain vient de signer
plusieurs accords avec des journaux français afin de rémunérer l'utilisation de
leurs contenus, une première mondiale qui s'inscrit dans le cadre de la
législation européenne sur les droits voisins. Dans un billet de blog mis en
ligne jeudi 19/11/2020, Google annonce
avoir signé des accords individuels avec “un certain nombre d'éditeurs de la
presse quotidienne et des magazines dont Le Monde, Courrier International, L'Obs, Le Figaro, Libération et L'Express”. Google précise
être “actuellement en discussion avec de nombreux autres acteurs de la presse
quotidienne nationale et régionale, ainsi que de la presse magazine”.
Les droits voisins prévoient une
rémunération pour les contenus des éditeurs de presse (photos et vidéos
notamment) utilisés par les plateformes en ligne, par exemple lorsqu'ils
apparaissent dans les résultats de recherche sur Google. Ils résultent d'une
législation européenne adoptée en 2019 et immédiatement mise en application par
la France. L'évolution des négociations est donc scrutée dans d'autres pays où
les problématiques des éditeurs face à Google sont similaires. Google avait
refusé dans un premier temps de payer la presse française, déclenchant un bras
de fer avec le secteur. L'Autorité de la concurrence française lui avait alors
enjoint de négocier avec les éditeurs, une décision validée par la cour d'appel
de Paris.
“Nous avons un système de suivi
très vigilant, nous serons très attentifs à ce que les contrats signés
reconnaissent explicitement le droit voisin et le rémunèrent”, a averti jeudi19
novmebre 2020 Isabelle da Silva, présidente de l'Autorité de
la concurrence, lors d'une intervention à Médias en Seine, un événement
organisé à Paris. Outre ces premiers accords individuels, Google continue de
négocier avec l'Alliance de la presse d'information générale sur un accord
cadre, des négociations qui devraient aboutir “avant la fin de l'année”.
“Cette avancée permet de rémunérer les
éditeurs de presse en France au titre de la loi sur les droits voisins, selon
des critères objectifs, transparents et non discriminatoires, tels que la
contribution de l'éditeur à l'information politique et générale, son volume
quotidien de publication, son audience internet mensuelle, ainsi que l'usage
des contenus sur nos sites”, salue Sébastien Missoffe,
directeur général de Google France.
Aucun détail financier n'est communiqué.
Les agences ne veulent pas être en reste
Les accords prévoient par ailleurs que les signataires bénéficieront du
programme Google News Showcase, déjà déployé dans de
nombreux pays et qui propose également de rémunérer les éditeurs pour
une sélection de contenus. Ce programme “permettra aux lecteurs d'accéder
à un contenu enrichi, et aux éditeurs de développer une relation encore plus
étroite avec leur lectorat, tout en bénéficiant de conditions additionnelles de
rémunération de leurs contenus”, précise Google, ajoutant avoir investi “près
de 85 millions d'euros” depuis 2013 dans la presse en France via ses divers
programmes.
À Médias en Seine, Sébastien Missoffe a notamment indiqué travailler avec Le Monde sur
un programme pour développer ses abonnements, qui a assuré selon lui le tiers
de ses recrutements de nouveaux abonnés cette année. De leur côté, les agences
de presse ont indiqué via leur fédération qu'elles ne “se laisseront pas
spolier”, regrettant que “certains éditeurs (soient) prêts à conclure avec
Google des accords sur des droits qu'ils n'ont pas : les droits voisins des
agences de presse”.
À Médias en Seine, le PDG de l'Agence
France Presse, Fabrice Fries, s'est dit “optimiste”
sur les relations avec les GAFA. “On sent depuis quelques mois un changement
d'attitude des plateformes”, a-t-il estimé, précisant vouloir doubler en un an
les revenus apportés par les plateformes à l'AFP (aujourd'hui 10 millions
d'euros).
“Nous sommes à une époque historique, on
est en train de renégocier les termes de la compensation concernant
l'utilisation de notre contenu”, a estimé David Chavern,
PDG de la News Media Alliance, association professionnelle de la presse
américaine, au cours du même événement, jugeant que “la nouvelle administration
Biden sera plus combative dans ces domaines”.