SANTE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI BENDIF ALLAOUA- « VIOLENCES ALGÉRIENNES »*
© Le Soir d’Algérie/A. Kersani,
mercredi 18 novembre 2020
L’essai sera suivi,
dans les semaines à venir, de l’édition du tome 2. L’auteur a démontré, au fil
des 333 pages du livre, que, depuis des décennies, la violence s’est insinuée
dans le corps social national et s’y est imposée comme mode relationnel
statistiquement significatif.
Dans Violences algériennes, paru chez Koukou
Éditions, Allaoua Bendif,
Docteur en psychologie clinique, a exploré un thème d’une actualité brûlante.
Dans son essai, qui sera suivi, dans les semaines à venir, de l’édition du tome
2 — chez un autre éditeur —, le Dr Bendif, diplômé de
l’Université de Constantine puis de Lille 3, en France, a opté pour une
approche multidisciplinaire de la violence au sein de la société algérienne
contemporaine.
Il a démontré, au fil des 333 pages, que, depuis des décennies, la violence
s’est insinuée dans le corps social national et s’y est imposée comme mode
relationnel statistiquement significatif : dans nos stades, sur nos routes, au
sein de nos familles, au niveau des services d’urgence de nos hôpitaux contre
nos soignants, contre nos enfants, kidnappés, souvent violentés sexuellement
et, dans les cas les plus dramatiques, assassinés en toute perversité.
Et comment taire la violence terroriste barbare, qui a déferlé sur notre pays à
partir des années quatre-vingt-dix et qui a tragiquement endeuillé les
Algériens, assassiné ses meilleurs filles et fils dans tous les secteurs
d’activité et dans toutes les régions du pays, poussé à l’exil quelque 20 000
de ses meilleurs cadres et détruit une partie de son infrastructure économique
et sociale ?
Comment se résoudre à abandonner ce champ de travail fondamental de la
construction actuelle et à venir de notre pays à tous ces pays «amis qui nous
veulent du bien», dit-il avec ironie, et «qui n’hésitent jamais à souffler
ardemment sur toute étincelle, qui viendrait attirer leur attention»?
C’est pour tenter de participer à combler un tant soit peu ce déficit de
présence factuelle, analytique et bibliographique et pour donner, dans le même
temps, l’avis d’un citoyen, universitaire et psychologue clinicien praticien, y
compris en situation d’urgence, que l’auteur a commencé à écrire cette œuvre en
deux volumes à partir de 2014, avec la distanciation nécessaire. Mais aussi
dans le cadre d’une approche multidimensionnelle et ce, «en évitant
méthodiquement et déontologiquement de se réfugier derrière les modèles
théoriques qui masquent plus la réalité qu’ils ne l’expliquent vraiment et
suffisamment pour orienter et encadrer leur prise en charge pratique,
opérationnelle et sur la durée». Ce qui retient l’attention dans ce tome 1,
c’est une longue et minutieuse analyse du fonctionnement de ce que l’on appelle
abusivement, selon l’auteur, l’islamisme politique et son objectif,
l’installation de la dawla islamya
et qui n’est autre que le jihadisme, c’est-à-dire la
conquête du pouvoir par la violence terroriste pour instaurer, définitivement,
sans espoir de retour, le système de gouvernance théocratique, aux antipodes de
toute forme de démocratie. Pour l’auteur, toute démarche dite, abusivement,
islamiste n’est qu’une première étape, méthodiquement habillée de formes
démocratiques entristes, qui a appelé, partout où elle s’est matérialisée, le «théocratisme» violent.
Mais même cette violence qui se réclame abusivement des valeurs de l’Islam
est-elle venue de nulle part ? Est-elle vraiment venue de l’Islam ? Ou alors
a-t-elle été générée par les dysfonctionnements chroniques dans la gouvernance
nationale ?
*Koukou Editions ,
Alger 2020, 1 000 dinars