SANTE-MALADIE-DIABÈTE (COMPLEMENT 2020)
Si les risques de
contamination au nouveau coronavirus des diabétiques
sont, selon les médecins, pareils à
ceux de la population générale, il n’en
demeure pas moins qu’une fois
infectés, ils sont davantage
éligibles aux formes sévères, compliquées ou mortelles.
La prévalence du diabète de type 2 chez la population âgée de 18 à 69
ans est de 14,4%, selon une étude récente réalisée par le ministère de la
Santé. Le taux représente 2,8 millions de diabétiques dans le pays. Le chiffre
bondit à 3,8 millions de sujets, si l’on prend en compte les patients de plus
de 70 ans.
Ces résultats ont été livrés par le Pr Safia Mimouni-Zergui,
spécialiste en endocrinologie, diabète et maladie métabolique, chef de service
au CPMC, et le Pr Samia Zekri, chef de service
de médecine interne hommes de l’EPH Bitraria,
au cours d’un webinaire organisé par le groupe Sanofi
(mardi 24 novembre 2020/Alger)
“C’est la statistique la plus fine obtenue
jusqu’alors”, précise la praticienne. Elle aborde
aussitôt le chapitre de l’évolution de
la maladie et, conséquemment, de ses complications, malgré la
disponibilité, dans le pays, de nombreux traitements efficaces pour la
régulation du taux de la glycémie.
Elle souligne que les études IDMPS et Baromètre, évaluant l’autogestion du
diabète et la prise en charge en pratique clinique d’une grande proportion de
patients en Algérie, ont révélé que “l’objectif fixé par les sociétés savantes
internationales d’HbA1C < 7% sous traitement n’était atteint dans ces
deux études respectivement qu’à 40% et 35,5%”.
En clair, la prise en charge médicale
et l’observance du traitement sont carentielles. La
responsabilité de cet échec incombe aussi bien au médecin traitant qu’au
patient lui-même. “Dans l’inertie clinique, les facteurs liés aux
médecins sont plus importants que ceux liés aux patients. Ils
contribuent à 50%.
Il s’explique d’abord par le retard à la mise sous traitement adéquat (…)
et aussi par le défaut de titration, c’est-à-dire le
délai avant d’augmenter la dose déjà administrée du médicament (…) ou encore le
temps insuffisant de la consultation”, avance-t-elle. Les deux enquêtes
susmentionnées impliquent le patient dans la défaillance du processus
thérapeutique à hauteur de 30% et mettent en cause le système de santé dans une
proportion de 20%.
“Il peut considérer, à tort, que sa maladie n’est pas grave, qu’il a trop
de médications, qu’ils ont des effets indésirables, mais aussi qu’il ne croit
pas le médecin et qu’il n’y a eu que peu de communication entre lui et son
médecin pour le convaincre”, explique le Pr Mimouni-Zergui.
Le Pr Abdelkrim Berrah, chef de service de
médecine interne au CHU Lamine-Debaghine (ex-hôpital
Maillot à Bab El-Oued), assure que les risques de
contamination par le nouveau coronavirus chez les diabétiques sont pareils à
ceux de la population générale.
Il n’en demeure pas moins, qu’une fois infectés, ils sont davantage
éligibles aux formes sévères, compliquées ou mortelles. “Cela explique leur
positionnement (les diabétiques, ndlr) sur la liste des sujets dits
vulnérables. Bonne nouvelle, quand ils sont bien équilibrés, ce risque diminue
notablement”, soutient-il.
Selon le Pr Samia Zekri, chef du service médecine
interne hommes à l’EPH de Bitraria, “les diabétiques
qui font des complications dues au Covid-19 sont ceux
dont la maladie est ancienne, compliquée et déséquilibrée, fragiles, âgés de
plus de 70 ans, ceux qui ont des comorbidités, et
dont le cœur, les poumons ou les reins ont été antérieurement atteints ou ceux
ayant des facteurs de risque comme par exemple l’obésité, l’HTA ou un syndrome
d’apnée obstructive du sommeil”.
Elle indique que les diabétiques et leur entourage ont une perception
erronée des risques. “Ils ont déserté nos consultations, se suffisant d’un
renouvellement d’ordonnance transmise par un tiers”, regrette-t-elle.