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Communication de wilaya (III) - Témoignage

Date de création: 16-11-2020 18:52
Dernière mise à jour: 16-11-2020 18:52
Lu: 887 fois


HISTOIRE- GUERRE DE LIBERATION NATIONALE- COMMUNICATION-TEMOIGNAGE

© El Moudjahid, 1er Novembre 2020

La communication est «une arme redoutable» dans toutes les guerres, et l’Armée de libération nationale (ALN) n’a pas négligé ce volet dans sa lutte contre le colonialisme français, en créant le Service presse, a observé le moudjahid Salah Mekacher (88 ans).

Cet ancien secrétaire et membre du Service presse du PC de la wilaya III historique, a relevé que «dans toute guerre le contrôle de la communication et de l’information est primordial. Le rôle important de la propagande et de la contre-propagande, n’a pas échappé aux congressistes de la Soummam (20 août 1956) et la plate-forme qui a sanctionné ce Congrès a prévu la création d’un service de presse pour contrer la propagande de l’ennemi», a-t-il souligné.
Le Service presse crée par le colonel Amirouche au PC de la wilaya III historique a été géré par le secrétaire de ce même PC, Tahar Amirouchene. Ce service publia le journal de l’ALN La Renaissance algérienne, a rappelé M. Mekacher qui a observé que toutefois «le meilleur produit de ce service presse, restera le tract». Il dira à ce propos, que «le tract de la wilaya III fut l’outil de propagande le mieux approprié au cours de la Guerre de libération nationale. Il sera très apprécié parce qu’il deviendra le lien ombilical entre la tête et la résistance, les maquisards au combat et les militants du FLN».
Le Service de presse a publié des tracts qui ont percé les murs de prisons et entretenu le lien de l’ALN avec le peuple, les combattants et les détenus leur donnant de l’espoir et du courage. «En dehors de nos militants dans les villes et dans les campagnes et des djounouds dans nos rangs, les cibles choisies sont les détenus dans les prisons, les camps d’internement, les camps de concentration afin de soutenir leur lutte et leur moral», a-t-il souligné.
Ce tract qui traduit la parole «ultime et vengeresse» de nos chouhada, allait de réseaux en réseaux, pour «franchir les portes des prisons et les portails des camps de concentration et parvenir à ses destinataires, ces détenus qui l’attendaient avec impatience, et auprès de qui il insufflera l’enthousiasme de la lutte engagée et qui se perpétue. Il réchauffa les cœurs et gonfla leurs poitrines de détermination ardente», a retracé M. Mekacher.
Le tract de la Wilaya III fera tout ça et plus, puisqu’il deviendra le noyau de rayonnement qui dispense toute l’énergie indispensable à la résistance et à la poursuite de la lutte. Les geôliers français, lieutenants et capitaines, n’auront de cesse que de le traquer par de fréquentes perquisitions et des fouilles corporelles qui n’influeront en rien sur le moral des résistants, a-t-il ajouté.
Dans son tout récent livre, paru il y a un mois aux éditions Imal, sous le titre Plumes et écritoires et pages d’Histoire, Salah Mekacher accorde un volet important à l’organisation et au rôle du Service presse de la wilaya III historique et de la communication, dans la lutte contre le colonialisme français.
Le Service presse de la wilaya III historique disposait d’une ronéo à tirage manuel avec courroie en acier. Cette ronéo qui sera récupérée par l’armée coloniale sera remplacée par le système Gutenberg dit système de la planche. Le papier duplicateur en rames de 500 feuilles, parvenait à Tamgout par convois de mulets avec d’autres articles dont des cartons de stencils, d’encre grasse en tube, du papier carbone, et autres accessoires en tous genres, rapporte-t-il dans son livre.
Selon lui, les militants du FLN ont franchi des obstacles insurmontables pour faire parvenir tout ce matériel aux maquis. «Ils ont payé de leur personnes et ont consenti d’énormes sacrifices qu’il faudra bien, un jour rendre hommage à tous ces patriotes engagés dans la lutte, qui ont souffert pour que le Service presse de la wilaya III puisse fonctionner normalement», a-t-il insisté.

Contrer la désinformation  et la propagande ennemies

La mission du service de presse était de «propager à l’intérieur de nos rangs mais aussi au sein des populations tous les messages que la direction politique du FLN voudrait répandre pour lutter contre l’intoxication et le black-out de l’information de la partie adverse».
Aussi le sommaire du journal La Renaissance algérienne comprenait un éditorial, généralement rédigé par Tahar Amirouchene, qui «retraçait dans le détail, les idées maîtresses de la doctrine FLN telle que définie dans la plateforme de la Soummam et détaillait les opérations militaires avec très souvent des récits sur les batailles et les combats engagés par nos unités. De même que des pages entières étaient consacrées aux atrocités ennemies». «Il est arrivé aussi que Moh Said Aissani et Si Lamara Hamel, prennent la plume pour rédiger des articles qui répondaient dans le détail aux affabulations et autres assertions parues dans les journaux de la colonisation ou bien instrumentées par la propagande des SAS. «Ils parvenaient toujours à démonter pièces par pièces leurs élucubrations». Ils dénonçaient aussi «la répression, les sévices, les atrocités barbares et monstrueuses d’une armée, celle d’une nation soi-disant civilisée», a-t-il fait savoir. Le travail achevé, les exemplaires sont compilés en tas, enveloppés et attachés, puis chargés sur dos de mulets pour partir à destination des PC de zones avec le courrier ordinaire et accompagné par les agents de liaison attachés au PC de wilaya. «Ils sont portés jalousement par les militants et les moussebiline et ils sont distribués judicieusement sans attirer l’attention soupçonneuse de l’ennemi», a rapporté ce même moudjahid dans son livre.
Le responsable de presse était aussi chargé de participer aux réunions des villageois, initiées par le commissariat politique et de lire et commenter les contenus des tracts et du journal. Il fera de même au sein des unités de combat, «ainsi tous les djounoud entendront et comprendront les message transmis du Haut commandement», a-t-il précisé.
Pendant tout ce temps, les forces coloniales, ont déployé tout un arsenal dont les services d’Action psychologique qui ont «appelé à la rescousse des experts en communication, en graphologie, en psychologie et en photographie» pour faire passer leur propagande à travers un véritable «matraquage» médiatique, a-t-il ajouté.
L’armée française a mis le paquet ignorant que «ni la guillotine ni les camps de concentrations ni la torture ne sont parvenus à bout de la résistance de ce peuple. Son attachement à l’idéal de liberté et de dignité et sa foi en la Victoire inéluctable après des sacrifices énormes, ont scellé son cœur définitivement et l’on rendu impénétrable au spectacle des Français»