FINANCES – OPINIONS ET
POINTS DE VUE- FONDS ET COMPTES SPECIAUX- ALGERIEPARTPLUS
© www.algeriepart plus.com, fb, 12 novembre 2020 ( ?)
Enfin la vérité est lâchée. Le
gouvernement algérien vient de reconnaître qu’il y avait beaucoup d’argent,
mais vraiment beaucoup d’argent qui était dissimulé dans les fameux comptes et
fonds spéciaux utilisés par l’Etat algérien dans la plus grande opacité et sans
aucune transparence depuis ces 30 dernières années.
Et c’est l’actuel ministre algérien des
Finances qui vient de faire cet aveu. Aymane Benabderrahmane a affirmé, mercredi à Alger, lors d’une
séance plénière consacrée aux réponses aux préoccupations des députés de
l’Assemblée populaire nationale (APN) dans le cadre du débat du projet de loi
de finances (PLF-2021), présidée par Slimane Chenine,
président de l’APN, qu’il y avait pas
moins de 2.239,38 milliards de DA, soit l’équivalent de 14,74 milliards
d’euros, qui étaient placés dans pas moins de 38 comptes et fonds spéciaux. Ces
fonds et comptes seront définitivement clôturés à partir de 2021 grâce aux
nouvelles dispositions de la nouvelle Loi de Finances 2021.
Les chiffres communiqués par le ministre
des Finances algérien confirment les révélations faites par Algérie s’agissant
des montants colossaux qui étaient affectés à des comptes spéciaux totalement
méconnus de l’opinion publique et échappant à tout contrôle indépendant. Il
faut savoir qu’en 2021, l’Etat algérien va clôturer uniquement 38 comptes
spéciaux alors qu’il existe encore plusieurs dizaines d’autres fonds spéciaux
secrètement gérés par l’Etat algérien. Leur nombre dépasse selon nos
investigations, les 70 comptes spéciaux.
Les fonds spéciaux ou ce qu’on appelle
aussi les comptes d’affectation spéciaux (CAS) sont une zone d’ombre de la
gestion des budgets publics de l’Etat algérien. Un peu de pédagogie pour
comprendre les vrais enjeux. En Algérie, l’Etat est financé, d’abord, par un
budget général. Il s’agit de l’ensemble des recettes assurant l’exécution de
l’ensemble des dépenses, toutes les recettes et toutes les dépenses sont
imputées à un compte unique, intitulé budget général.
Ce budget général est déterminé et régi
par une Loi de Finances qui est annuellement adoptée par le gouvernement en
plein Conseil des Ministres et ensuite votée au Parlement, à savoir l’APN en
Algérie, et au Sénat, Conseil de la Nation. Or, il y a d’autres budgets qui
échappent totalement à ce circuit formel et officiel. Il s’agit des comptes
spéciaux ou fonds spéciaux comme on les appelle dans le jargon financier.
De quoi s’agit-il ? Les comptes spéciaux
ne peuvent être ouverts que par une loi de finances. Pourquoi ? Parce qu’ils
portent sur l’affectation de recettes à des dépenses particulières qui ne
figurent pas sur les budgets officiels de l’Etat ou ce qu’on appelle les
budgets annexes. Les “budgets annexes” sont les budgets alloués par un Etat
pour retracer les recettes et dépenses de services de l’Etat qui ont une
activité de production de biens et services donnant lieu au paiement d’un prix
ou d’une redevance.
En Algérie, le fonctionnement des
comptes ou fonds spéciaux est encore plus opaque et mystérieux. Jusqu’à 2012,
l’Algérie disposait officiellement de 70 CAS ou fonds spéciaux. Mais ces
chiffres officiels provenant du ministère des Finances ont été contredits par
un rapport de la Cour des Comptes qui avait révélé entre 2011 et 2012, l’existence de 101 comptes spéciaux du Trésor, dont
70 CAS, 24 comptes de prêts, 3 comptes d’avance, trois comptes d’affectation et
2 comptes de participation. Pour l’Etat algérien, les CAS sont en fait des
comptes dépendant essentiellement du budget de l’Etat, négligeant d’autres
ressources financières, pourtant prévues par les lois de finances, à
l’exception du Fonds de régulation des recettes, financé quant à lui par
l’excédent de la fiscalité pétrolière.