HISTOIRE – PERSONNALITES – GUERROUDJ ABDELKADER
Natif de Tlemcen en
1928, Abdelkader Guerroudj a
fait partie des “combattants de la libération”, appelés aussi
“maquis rouge”, ce groupe de guérilla créé par le Parti communiste pour lutter
contre le colonialisme.
Le hasard a fait que leur mort survienne en novembre : au lendemain de
l’enterrement de Lakhdar Bouregâa,
une figure non moins célèbre, bien que peu connue des nouvelles générations,
Abdelkader Guerroudj, dit “Djilali”, est décédé
samedi 7 novembre 2020 à Alger
à l’âge de 92 ans. Ancien militant communiste, ce natif de Tlemcen en 1928 où
il officia en tant qu’instituteur, notamment dans les petites villes de Sebdou et Fezzan, a fait partie des “combattants de la
libération”, appelés aussi “maquis rouge”, ce groupe de guérilla créé par le
Parti communiste pour lutter contre le colonialisme.
Bien qu’accueilli avec méfiance par le FLN, ce groupe verra nombre de ses
membres dont un certain Fernand Iveton intégrer
individuellement les rangs de l’ALN au terme d’un accord entre les deux
parties. Époux de Jacqueline Guerroudj et beau-père
de Djamila Amrane (Danièle Minne) ,
autres figures de la Révolution, Abdelkader Guerroudj
devient très actif dans l’Algérois avant d’être arrêté début 1957.
Il assistera même à l’exécution de Fernand Iveton,
cette autre grande figure qui épousa la Révolution algérienne, en février de la
même année à la prison de Barberousse. Condamné en décembre en compagnie de son
épouse et d’Abderrahmane Taleb, l’artificier des commandos, lequel sera
guillotiné le 24 avril 1958, Abdelkader Guerroudj
sera toutefois gracié quelques mois plus tard par le président René Coty.
Il faut dire qu’il a pu bénéficier d’une grande campagne conduite par de
célèbres intellectuels français dont le célèbre philosophe, Jean-Paul Sartre ou
encore Simone de Beauvoir.
Élu à l’Assemblée constituante à l’indépendance du pays, puis devenu
président du conseil d’administration de la SNCF, Abdelkader Guerroudj va s’éclipser de la scène politique,
particulièrement au coup d’État de Houari Boumediene en juin 1965. Dès lors, il
mènera une vie dans la discrétion la plus totale.
Il aura fallu attendre novembre 2015 pour que son nom, quasiment inconnu de
la jeunesse algérienne, apparaisse en tête de liste du “groupe des 19”, en
compagnie de Zohra Drif Bitat,
Lakhdar Bouregâa, Meriem Benhamza ou encore Mustapha Fetal,
Rachid Boudjedra et Louisa Hanoune,
demandant une audience au président Bouteflika alors qu’il semblait diminué
depuis son AVC qui l’avait frappé deux ans plus tôt.
Les signataires entendaient dénoncer et démontrer que des forces
extraconstitutionnelles avaient pris les leviers de la décision. On connaîtra
la suite des événements. Même s’il a choisi, comme tant d’autres, la discrétion
dès l’indépendance, considérant sans doute avoir accompli son devoir à l’égard
de la patrie, Abdelkader Guerroudj semblait faire
partie de ceux qui étaient favorables à l’établissement de relations apaisées
avec la France.
On lui attribue cette phrase prononcée lors de son procès et rapportée dans
la revue « Temps modernes » de Jean-Paul Sartre. “On ne peut pas
forcer les Algériens à se sentir Français. Mais si l'Algérie ne veut pas, elle
ne peut pas être française, est-ce à dire que cette indépendance doive se faire
contre la France ?
Non ! Et ne serait-ce que pour des commodités de langue, je suis sûr que
lorsque nous aurons besoin de matériel, de techniciens, d'ingénieurs, de
médecins, de professeurs pour construire notre pays, c'est à la France que nous
nous adresserons d'abord. Je crois que ce serait là l'intérêt véritable de nos
deux pays.
L'intérêt de la France n'est pas d'avoir ici des valets prêts à tout moment
à passer au service d'un maître plus puissant, mais des amis ayant librement
consenti cette amitié.” Abdelkader Guerroudj repose
désormais au cimetière d’El-Alia.