VIE POLITIQUE
ENQUETES ET REPORTAGES - ELECTIONS AUX USA
© El Watan/Amnay Idir, dimanche 1er novembre 2020
A propos des « swing states »
Les
«swing states» ou États pivots, ou encore États de la bataille sont des Etats
où règne la plus grande incertitude : les intentions de vote demeurent
floues et pourraient ainsi basculer dans un camp comme dans l’autre, à la fois
par tradition, par évolution démographique ou encore en raison du taux de
participation le jour de l’élection. Dans la grande majorité des Etats, les
intentions de vote sont déjà clairement définies.
Ainsi, les campagnes des
candidats ont tendance à s’attarder un peu moins sur les Etats considérés comme
«acquis» et davantage sur ceux qui pourraient faire la différence ou
susceptibles de créer la surprise : les «swing states». La liste de ces
Etats n’est pas figée.
A titre d’exemple, le
Michigan, un Etat du Midwest, a été l’une des surprises de 2016, puisque ses 16
grands électeurs ont voté pour Donald Trump, qui a
battu Hillary Clinton de 10 740 voix, soit 0,2% des suffrages exprimés. Il
intègre désormais la liste des «swing states».
Mais la situation peut
changer en faveur des démocrates. L’Etat est composé d’une importante
communauté blanche, urbaine et diplômée et d’une importante minorité
afro-américaine.
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Au Wisconsin, Donald Trump a battu son adversaire de 22 748 voix, sur près de 3
millions, soit une marge de victoire de 0,7%. Depuis 1988, l’Etat penchait du
côté démocrate.
La Pennsylvanie a
plébiscité Bill Clinton, Al Gore ou Barack Obama par le passé, un bastion en théorie des démocrates.
Mais là encore, en 2016, c’est Donald Trump qui l’a
emporté. Il compte bien réitérer son exploit. Cependant, sa gestion de
l’épidémie peut légitimement être mise en doute, le Président en exercice
multiplie les campagnes de publicité et les meetings dans cet Etat de la côte
est pour y dénoncer la gestion des démocrates.
En 2016, il a pu séduire
les populations blanches et rurales de l’Etat, il espère récidiver en
expliquant à ces électeurs que les démocrates (qui gèrent l’exécutif local) les
ont confinés, leur ont fait perdre leur travail et sont responsables de la
crise économique qui s’abat sur le pays.
Pour l’élection de
2020, les Etats à surveiller sont, entre autres, la Floride, la Pennsylvanie,
le Wisconsin, le Michigan, l’Arizona, l’Ohio, la Caroline du Nord,
l’Iowa et la Georgie.
Comment
on vote au Pays de l’Oncle Sam
Instauré lors de l’adoption de la Constitution
de 1787, le système électoral américain est à l’origine, pour les pères
fondateurs, un compromis entre les uns, méfiants à l’égard du vote populaire,
et les autres, réfractaires à l’idée d’un Président choisi par les élus du
Congrès.
Ainsi, aux Etats-unis,
le Président est élu au suffrage universel indirect, en d’autres termes, il est
désigné par un collège électoral. C’est celui-ci que les citoyens élisent
lorsqu’ils se rendent aux urnes. Le collège électoral est composé de
538 grands électeurs et, pour être élu Président, un candidat doit obtenir
les voix d’au moins 270 d’entre eux. Leur nombre est proportionnel à la
population d’un Etat, mais un Etat ne peut pas avoir moins de trois grands
électeurs.
Dans presque le
totalité des Etats (49 sur 51), quand un candidat est en tête, il «remporte»
tous les grands électeurs : ainsi avec 50% des suffrages plus une voix, le
candidat en tête envoie tous les grands électeurs acquis à sa personne au
collège électoral. C’est la règle du «winner takes
all».
Une fois les 538 grands électeurs
désignés, ils votent alors en décembre (le 14, pour l’élection de 2020) et
choisissent ainsi le président des Etats-Unis.
Le candidat qui réunit 270 grands
électeurs est élu Président, il n’a pas pour autant remporté le vote populaire.
Depuis 1988 et la victoire de George Bush Sr, un seul a réussi cet exploit, son
fils, en 2004. En 2000, comme Donald Trump 16 ans
plus tard, George W. Bush a obtenu moins de voix que son adversaire, Al Gore,
ce qui ne l’a pas empêché de décrocher la Maison-Blanche. Hillary Clinton, qui
a pourtant recueilli près de 3 millions de voix de plus que Donald Trump, mais avec, au bout du compte, la défaite.
Mais qui a le droit d’être
électeur ? L’alinéa 2 de l’article II de la Constitution des
Etats-Unis indique qu’«aucun sénateur ou représentant, ni aucune personne
tenant des Etats-Unis une charge de confiance ou de profit, ne pourra être
nommé électeur».
Dans les faits, avant l’élection
proprement dite, chaque parti désigne des grands électeurs dans tous les Etats.
Le plus souvent, les partis nomment des militants ou des personnalités qu’ils
souhaitent récompenser et mettre en valeur. Cela peut donc aller d’élus à la
retraite à des bénévoles.
Théoriquement, rien n’empêcherait un
grand électeur de voter contre son candidat pour favoriser l’opposant. Ce
dernier peut-il passer outre les consignes de son parti ? La Constitution
américaine ne mentionne rien en la matière. Aucune loi fédérale non plus ne
tranche à ce sujet. Le vote des grands électeurs est déjà encadré par une loi
ou par les règles d’un parti dans 33 des 50 Etats ainsi que dans le
district de Columbia.
Certains de ces Etats imposent une
amende à ceux qui ne respectent pas le vote populaire exprimé dans l’Etat,
d’autres annulent leur vote et les remplacent. Ailleurs, les grands électeurs
conservent leur indépendance.