CULTURE- PERSONNALITES-
MALEK BENNABI
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Malek Bennabi (en arabe مالك بن نبي ) est un penseur algérien , né le 1er janvier 1905 à Constantine et mort le 31 octobre 1973 à Alger . Il a étudié
les problèmes de civilisation en général et ceux du monde musulman en
particulier. Il est issu d'un double courant culturel. On lui doit le concept
de « colonisabilité
», qu'il introduit dans
son ouvrage Vocation de l'islam paru
en 1954. Ce concept recouvre l'idée que les sociétés en décadence, c'est-à-dire
qui ont perdu leur dynamique sociale, se retrouvent dans un état de faiblesse
structurelle qui agit comme un appel à la colonisation étrangère.
Malek Bennabi
commence sa scolarité à l'école coranique de Tébessa ,
ville où son père, ancien médersien 1 et lettré bilingue, a été muté
en 1911. En 1913 il est inscrit à l'unique école de cette ville, après deux
années de cours dans une classe réservée aux petits indigènes. Ensuite, il
retourne à Constantine ,
où il poursuit ses études au collège Ould Ali (ex
Jules Ferry) puis à la medersa de
Constantine, établissement destiné autrefois à la magistrature musulmane, les medersiens de l'époque ayant une formation bilingue. Bennabi fréquente cette institution pendant trois ans pour
obtenir son diplôme de Bach-adel (diplôme de fin
d'études) en 1925. C'est pendant cette période qu'une "triple culture se
forge en lui, musulmane, occidentale et asiatique, d'abord par la lecture des
œuvres de Rabelais , Hugo , Condillac , John
Dewey , Romain
Rolland , Courtellemont ,
ensuite celle de Imrou
el-Kaïs , Hafez
Ibrahim , Eugène Jung, Ibn
Khaldoun , Tahtawi ,
et enfin Tagore ."
À partir de 1927, Il travaille comme
auxiliaire judiciaire au tribunal de Aflou puis
à Châteaudun-du-Rhumel 2 . En 1928, il rencontre pour une première fois le théologien
réformiste Ibn
Bâdîs
En 1930, avec l'aide de ses parents,
il décide d'aller étudier en France. Refusé à l'Institut
des langues orientales . Sans motif apparent, il
s'inscrit alors à l’École
spéciale de Mécanique et d’Électricité de Sudria .
Il fréquente l'Union Chrétienne des Jeunes Gens parisiens (UCJGP), et intègre
ensuite l'Association des Étudiants musulmans nord-africains (AEMNA). L'année
suivante, il épouse Paulette-Khadija Philippon et donne sa première conférence.
Il rencontre l'orientaliste Louis
Massignon , « dont il reconnaît
l'étendue autant de son savoir que de ses réseaux jugés obscurs » .
Toujours en 1936, accompagné de quelques amis, il rencontre la délégation
algérienne qui s'était rendue à Paris pour revendiquer, auprès des autorités
françaises, les réformes proposées par le Congrès
musulman . La délégation comprenait cheikh Abdelhamid
Ben Badis et cheikh Bachir
El‑Ibrahimi . En 1938‑39,
Bennabi fonde, à Marseille ,
une école pour les analphabètes adultes parmi les travailleurs algériens en
France Devant le succès de son entreprise, les autorités françaises le
convoquèrent et lui interdirent de continuer à enseigner dans cet établissement
arguant qu'il n'avait pas de diplôme d'enseignant.
. Fin 1943, Bennabi décide de rentrer en
France.
Dans ses Mémoires, publiés
en 1965, Bennabi explique que depuis la fin de ses
études d'ingénieur en 1935, il est implicitement interdit de travail dans sa
branche par l'administration coloniale et qu'il vit de petits boulots et de
l'aide de son père. Le débarquement
anglo-américain du 8 novembre 1942 allait
isoler la France de l'Algérie et tarir l'aide que Bennabi
recevait de son père.
En 1947, Malek Bennabi
publie à Alger, en français, Le
Phénomène coranique , qu'il voulait une preuve scientifique du caractère
divin du Coran et une réfutation des thèses l'attribuant à une œuvre humaine.
Il publie également un roman Lebeik (1948) et des études comme Les conditions de la renaissance (1949), Vocation de l'Islam (1954), L'afro‑asiatisme —ouvrage
paru à l'occasion de la conférence
de Bandoeng . En 1949 paraît également Conditions de la renaissance: Problèmes de
la civilisation . Bennabi choisit ce titre
parce qu'il considère que les différents problèmes du monde musulman renvoient
à ce contexte.
En 1956, il se rend au Caire ,
coupant totalement avec la France qu'il ne reverra qu'en 1971. Malek Bennabi perfectionne, durant son séjour au Caire, son
arabe, langue dans laquelle il commença à écrire et à donner des conférences.
Il visite, à plusieurs reprises, la Syrie et
le Liban pour
y donner des conférences. Il est en outre, au Caire, un des conseillers du
Congrès de la Conférence
afro-asiatique , et ce poste lui permet de se consacrer au
travail intellectuel et d'envoyer une aide financière à son épouse restée en
France.
À la demande de plusieurs amis et
d'étudiants, il traduit ses œuvres en arabe, langue qu'il adoptera par la suite
comme langue de travail.
En 1963, Malek Bennabi
retourne en Algérie où
il est nommé directeur de l'Enseignement supérieur. Il fonde alors
l'association islamique El
Qiyam , qui demande l'application de
la charia dans
le pays. Il démissionne en 1967 pour se consacrer au travail intellectuel, à la
réforme et à l'organisation de rencontres intellectuelles. Il passe les
dernières années de sa vie en Algérie, où il meurt le 31 octobre 1973. Il
est inhumé au cimetière Sidi M'hamed à Alger.
Malek Bennabi a à son actif plus d'une
vingtaine d'ouvrages traitant de civilisation, de culture, d'idéologie, de
problèmes de société ainsi que d'autres sujets tels le phénomène coranique et les
raisons de la stagnation de la société musulmane en particulier. Par ses
écrits, Malek Bennabi voulait éveiller les
consciences musulmanes et relancer une renaissance de la société musulmane. Il
n'a de cesse de critiquer vivement l'administration coloniale française par ses
écrits et ses conférences. Il n'a jamais accepté la colonisation de l'Algérie
par la France et le statut d'indigène octroyé par l'administration de l'époque
aux autochtones algériens.
Bennabi a traité tous les domaines, social,
politique et économique, ayant trait au monde musulman. Il a ainsi écrit sur la
femme, sur la démocratie et sur tous les problèmes de la civilisation et du
développement. Il n'a pas omis d'étudier les Évangiles pour une étude
comparative. Dans son livre intitulé La Pensée et la culture moderne en Afrique du Nord (Le
Caire 1965), le Pr Anouar El‑Djoundi
écrivait : « Malek Bennabi est très
différent des prédicateurs, des penseurs et des écrivains. C'est un philosophe
authentique avec un profil de sociologue qui, profitant de sa double culture
arabe et française, a tenté de concilier entre la science et la pensée arabes
inspirées du Coran et de la Sunna et du patrimoine arabo‑islamique
d'une part et la science et la pensée occidentales inspirées du patrimoine
gréco-romain et chrétien, d'autre part ».
Malek Bennabi a publié une trentaine d’ouvvrages et a bien souvent, au début de l’Indépendance
publié beaucoup d’articles et d’études dans la presse algérienne