FINANCES – BOURSE- COSOB 2020
©Samir Sid
Avec seulement cinq entreprises
cotées, le niveau de capitalisation de la Bourse d’Alger s’illustre par un
montant dérisoire et bien loin du potentiel économique national. Un constat qui
témoigne du sérieux retard pris en Algérie sur le plan du développement du
marché boursier.
©Massiva Zehraoui - Alger
(Le Soir, dimanche 18/10/2020) - Le président de la Commission d'organisation
et de surveillance des opérations de Bourse (Cosob),
Abdelhakim Berrah, conviendra lui-même que le marché
boursier algérien est à la traîne et peine à se développer.
Intervenant hier, dimanche, dans l’émission hebdomadaire du Soir d’Algérie,
«LSA Direct», le patron de la Cosob l’atteste : «
Chez nous, la Bourse n’est pas efficiente .» Car tout
simplement « le nombre d’entreprises cotées à la Bourse d’Alger est minime »,
précisant, toutefois, qu’il est bien loin de refléter les potentialités
économiques du pays.
Un tableau qui s’est dessiné, selon lui, par le poids de certains facteurs que
nous connaissons tous, à l’image du « manque de transparence des entreprises ou
de l’absence d’éducation financière des gestionnaires». Il impute également
cela au manque des professionnels du marché, capables de conseiller ou, mieux,
d’accompagner ces entreprises.
Définissant, par ailleurs, le rôle de la Cosob,
Abdelhakim Berrah souligne qu’il consiste à réguler
la Bourse et que sa mission est « de protéger les investisseurs et de contrôler
les sociétés de capitale investissement ». En résumé, la Cosob
fait office de gendarme de la place financière. « Elle édicte le règlement et
surveille son application », fait-il savoir.
À
propos de l’indice de cotation algérien
Le président de la Cosob a, en outre, expliqué que
notre indice de cotation « Djazaïr Index » existe,
sauf que celui-ci n’est pas représentatif de « l’économie nationale ». Élément
qui fait que, souvent, lorsqu’un événement se produit sur la scène économique,
« il n’est pas répercuté dans la Bourse ». Plus étonnant encore, Abdelhakim Berrah révèle que la place boursière palestinienne est plus
importante que celle de l’Algérie. Développant ce point, il détaille d’abord
que contrairement à l’Algérie, la Palestine compte un plus grand nombre
d’entreprises cotées en Bourse. En second lieu, il est plus difficile pour les
entreprises palestiniennes petites ou grandes de bénéficier d’un financement
bancaire. Ces dernières sont de ce fait « plus transparentes et arrivent ainsi
plus facilement à la Bourse ».
Qu’en
est-il du marché boursier algérien ?
Évoquant ce point important, Abdelhakim Berrah a
rappelé que ce marché a été mis en place à l’époque où le Fonds monétaire
international (FMI) avait engagé certaines réformes structurelles. « Mais dans
les années 2000, nous n’avons pratiquement pas eu recours à la cotation en
Bourse», a-t-il indiqué. Il défendra que peu d’obligations « ont été émises par
les entreprises algériennes et donc très peu ont été introduites en Bourse ».
Un état de fait qu’il impute aux facilités de financement via le secteur
bancaire, à travers « des prix bonifiés que l’on accordait aux entreprises »,
qualifiant cette démarche d’erreur. Il développe son propos en soutenant que «
pour entrer en Bourse, l’entreprise se doit d’être totalement transparente »,
et qu’il est exigé que les états financiers doivent être publics et publiés
régulièrement.
Entreprises
cotées en Bourse en Algérie
L’invité de «LSA Direct» a, sur le même
plan, indiqué que nous avons en tout cinq entreprises cotées en Bourse, mais
qu’elles représentent un noyau plutôt performant.
Et pour cause, « ce sont d’excellentes entreprises qui donnent des rendements
supérieurs à 10 ». Il s’agit, entre autres, de Biopharm,
Saidal, l’hôtel El-Aurassi,
Alliance assurances… Abdelhakim Berrah a, néanmoins,
émis son souhait de voir d’autres entreprises publiques ou privées « faire leur
entrée en Bourse ».
Quelle
éligibilité pour l’entrée d’une entreprise en Bourse
Abdelhakim Berrah a, toutefois, précisé que si une
entreprise aspire à faire son entrée en Bourse, elle se doit de remplir
certaines conditions. « Seules les meilleures arrivent en Bourse car elles sont
obligées de donner des dividendes », a-t-il relevé. Il poursuivra en relevant
qu’une entreprise déficitaire ne peut pas être cotée.