SANTE
– MALADIE – HYPERTENSION ARTÉRIELLE (COMPLEMENT 2020)
A l’origine des
accidents cardiovasculaires, causes des décès dans le monde, l’hypertension
tension artérielle (HTA) est un sérieux problème de santé publique. La dernière
enquête Stepwise Oms lancée en 2017 par le ministère de la Santé a révélé que
23, 6% des personnes interrogées, âgées entre 18 et 69 ans, sur les 7450 cas
ciblés par l’étude déclarent être hypertendues, soit un quart de la population
générale.
«Une
maladie grave qui nécessite un programme de prévention car il s’agit d’une
maladie silencieuse qui est en augmentation et le risque de devenir hypertendu
augmente avec l’âge», a déclaré le Pr Djamelddine Nibouche, chef de service de
cardiologie au CHU Parnet à Alger lors d’une session d’information au profit
des journalistes à l’occasion Journée mondiale de lutte contre l’hypertension artérielle
(Samedi 17 octobre 2020).
L’étude
Stepwise OMS de 2017 a révélé que la prévalence a atteint 62% dans la tranche
d’âge se situant entre 60 et 69 ans. «La prévalence la plus élevée de
l’hypertension artérielle est notée dans la région africaine.
Elle
se définit par une tension systolique égale ou supérieure à 140 mm Hg ou par
une tension diastolique égale ou supérieure à 90 mm Hg», a- t-il indiqué. Il
précise que la mortalité liée à l’hypertension artérielle est très élevée dans
le monde. «Les maladies cardiovasculaires sont responsables d’environ 17
millions de décès par an dans le monde, soit près d’un tiers de la mortalité
totale. 9,4 millions de décès par an sont imputables aux complications de
l’hypertension», a -t-il précisé, tout en déplorant
l’absence de statistique précises liée à la mortalité dans notre pays.
Le
Pr Nibouche revient ainsi sur l’importance d’une stratégie prévention pour
réduire cette prévalence qui augmente chaque année. Il est important selon lui,
de promouvoir l’activité physique, une bonne hygiène de vie et une alimentation
saine. Comme il a longuement insisté sur le dépistage individuelle
de la maladie pour une prise en charge précoce. «Le dépistage à un stade
précoce protège de l’évolution vers le stade d’hypertension artérielle
compliquée et facilite la prise en charge thérapeutique.
Cinq
grandes classes de médicaments sont préconisées dans le traitement de
l’hypertension artérielle : les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC),
les antagonistes des récepteurs de l’angiotensine 2 (ARA 2), les
béta-bloquants, les inhibiteurs calciques et les diurétiques thiazidiques ou
épargnant le potassium», a-t-il signalé tout en indiquant que «ces traitements
sont basés sur des recommandations internationales. Un algorithme décisionnel a
été développé pour fournir une recommandation de traitement simple et
pragmatique pour le traitement de l’hypertension artérielle, basé sur quelques
principes et recommandations clés».
Le conférencier déplore que
«malgré la disponibilité des traitements médicamenteux efficaces contre
l’hypertension artérielle, le taux de contrôle de la pression artérielle en
Algérie et dans le monde reste insuffisant». Il revient donc sur l’importance
du contrôle tensionnel dont la cible n’est pas toujours atteinte. Il rappelle
que l’étude step Wise OMS de 2017 a montré que 71,9% des sujets hypertendus
sont non traités et seulement 11,8% sont traités et équilibrés. «L’étude PACT
effectuée en 2007 en Algérie (prévalence de l’atteinte de la cible tensionnelle
chez l’hypertendu algérien) retrouve une prévalence de seulement de 23,5% de
sujets bien équilibrés. Cette prévalence est très faible et montre que des
efforts importants sont nécessaires afin d’améliorer la prévalence de
l’atteinte de la cible tensionnelle, en particulier chez le sujet diabétique ou
insuffisant rénal, afin de diminuer la morbi-mortalité de cette redoutable
affection.
Une
étude similaire dénommée PACT II est envisagée pour étudier l’état des lieux
actuels.» Pour ce faire, le conférencier a insisté sur l’observance au
traitement à travers l’éducation thérapeutique pour une meilleure adhésion des
patients au traitements.
Les
recommandations internationales soulignent de plus en plus l’importance
d’intégrer l’éducation thérapeutique dans la stratégie thérapeutique des
maladies chroniques telles que le diabète et l’hypertension artérielle, «car
les médicaments seuls ne sont pas toujours suffisants et il est important que
le patient soit accompagné par de l’éducation sur sa maladie, ainsi que sur les
mesures hygiéno-diététiques permettant ainsi une meilleure prise en charge et
une meilleure adhésion au traitement qui vont contribuer à retarder, voire
éviter l’apparition des complications liées à ces maladies», a-t-il encore
expliqué tout en soulignant le rôle important des infirmiers et des pharmaciens
dans la prise en charge à long terme de l’hypertension artérielle (éducation,
soutien, suivi), qui s’inscrit dans la stratégie globale visant à améliorer le
contrôle de la pression artérielle des patients traités pour l’hypertension
artérielle. Il a également abordé la question liée à l’hypertension, Covid-19
et anti hypertenseurs.
Le
Pr Nibouche précise que l’hypertension ne favorise pas la Covid-19 mais un
hypertendu contaminé, tout comme un diabétique, court le risque de
complications, voire de mortalité suite à cette maladie. «A l’heure actuelle,
nous ne savons pas pourquoi.
Il
s’agit d’une maladie qui n’a pas livré tous ses secrets», a-t-il noté et de
lancer un appel aux patients pour ne pas abandonner leur traitement et ne pas
reporter leur rendez-vous. Le conférencier a également présenté les résultats
de l’étude «Initiation» (Prise en charge de l’hypertension artérielle en primo
dispensation chez les patients algériens en pratique médicale courante) a été
réalisée en Algérie entre 2015 et 2017.
Son
objectif principal a été d’évaluer chez les patients hypertendus algériens
traités pour la première fois (primo-dispensation) le contrôle de la pression
artérielle après 6 mois de suivi et d’étudier le comportement du malade et du
médecin durant cette phase thérapeutique.
Extrait
entretien avec le Pr Nibouche (Djamila Kourta, El Watan, dimanche 18 octobre
2020)
Vous avez déclaré que l’hypertension artérielle est une maladie
grave lors de la session d’information au profit des journalistes. Quelle est
la prévalence en Algérie et est-ce que cette maladie bénéficie d’une prise en
charge adéquate ?
La prévalence de l’hypertension artérielle
est variable et nous avons connu, à travers les différentes études réalisées,
des prévalences qui se rapprochent l’une de l’autre. Ce qui révèle qu’un quart
de la population algérienne est hypertendue si l’on se réfère à l’étude
réalisée en 1987 par le Pr Feghoul (25%), suivie de celle de la société
algérienne d’hypertension artérielle avec le Pr Merad en 2004 dont le taux est
(35%) et d’évoluer sur un prévalence semblable
similaire, selon l’étude Step-OMS de 2005, étude Tahina 2007 et Step Wise Oms
2017 respectivement, 26%, 24, 93% et 23,6%. La différence de prévalence entre
les différentes études est liée à des méthodologies différentes. Je pense qu’il
faut dire que 25% de la population algérienne des sujets âgés de plus de 18 ans
est hypertendue. Quant à la prise en charge de l’hypertension artérielle, elle
présente de nombreuses difficultés en Algérie et dans le monde concernant le
contrôle tensionnel. Malgré la disponibilité des traitements médicamenteux
efficaces contre l’hypertension artérielle, le taux de contrôle de la pression
artérielle en Algérie et dans le monde reste insuffisant. Selon l’étude PACT
(Sanofi) effectuée en 2007 en Algérie (prévalence de l’atteinte de la cible
tensionnelle chez l’hypertendu algérien) seulement 23,5% des sujets hypertendus
traités sont bien équilibrés. Actuellement, 36% sont bien équilibrés en France.
Le contrôle tensionnel est un problème mondial.