COMMUNICATION-
OPINIONS ET POINTS DE VUE - « VIOLENCE EXPRESSIVE »- MINISTRE
COMMUNICATION,, SAMEDI
17/10/2020
La "violence expressive" véhiculée par les
réseaux sociaux est "inadmissible" et "menace" le tissu
social national, a affirmé samedi le ministre de la Communication, porte-parole
du Gouvernement, le professeur Ammar Belhimer,
assurant que son département ministériel saisira la justice "chaque fois
que de besoin".
"Le poids des
nouvelles technologies de communication ne fait point de doute. Il reste à connaître
la qualité du message qui est, malheureusement, à bien des égards peu enviable.
La + violence expressive+ qui se déverse sur nos réseaux sociaux est
inadmissible et menace le tissu social de banalisation de l’incivisme, de brutalisation et d’+ensauvagement+, imposant ce que
d’aucuns ont appelé une +démocratisation de la méchanceté+ et d’autres
+passions tristes+ ", a déploré le ministre dans un entretien accordé à
l'APS.
Abordant
l'impact du foisonnement des fake news sur les
réseaux sociaux et dans la presse électronique, il s'est référé aux résultats
d'un sondage réalisé par Immar en avril 2019, selon
lesquels 18 millions d'Algériens sont quotidiennement exposés aux chaînes de
télévisions, 17 millions à Internet, 15,5 millions aux médias sociaux, 3 millions
aux radios et, enfin, 2,6 millions sont des lecteurs.
Tout en s'opposant à
la "banalisation et à la légitimation de la violence, sous quelque forme
que ce soit, dans le débat public, où qu’il se déroule et quel que soit son
enjeu", M. Belhimer a indiqué que cette violence
donnait libre cours aux "trolls", rappelant qu'il s'agit d'une
expression désignant "les internautes plus ou moins malveillants dont
l’objectif est de +pourrir+ des fils de discussion en générant artificiellement
des polémiques".
"Au-delà du +trolling+ et de
l’agressivité comme registre d’expression, que l’on pourrait réunir sous le
terme d'+incivilités+, le cyber-harcèlement militant et les discours de haine,
même s’ils sont punis par la loi, en raison des dommages psychologiques qu’ils
peuvent occasionner chez leurs victimes, ont également des effets néfastes sur
le débat public et peuvent être considérés comme des atteintes au pluralisme
démocratique, car engendrant des phénomènes de censures collectives et
d’autocensure qui appauvrissent le débat", poursuit le ministre.
Tout en qualifiant
ces produits informationnels motivés par l'argent de "particulièrement
nocifs", le Porte-parole du Gouvernement a estimé que le dispositif
répressif mis en Algérie pour lutter contre ce phénomène "n’est pas plus
sévère que d’autres", rappelant que la loi n 20-05 du 28 avril 2020
relative à la prévention et à la lutte contre la discrimination et le discours
de haine comprend 48 articles, répartis en 7 chapitres, traitant des mécanismes
de prévention contre la discrimination et le discours de haine.
De même que ladite
loi stipule des règles procédurales ainsi que tout ce qui se rapporte aux
dispositions pénales, à la coopération judiciaire et aux peines définitives,
détaille-t-il encore, avant de rappeler la disposition prévoyant "une
peine d’emprisonnement de deux (2) ans à cinq (5) ans et une amende de 200.000
DA à 500.000 DA, pour quiconque produit, fabrique, vend, propose à la vente ou
à la circulation des produits, des marchandises, des imprimés, des
enregistrements, des films, des cassettes, des disques ou des programmes
informatiques ou tout autre moyen portant toute forme de discours pouvant
provoquer la commission des infractions prévues par la loi".
Ces dispositions,
a-t-il commenté, s’ajoutent au nouveau dispositif d’incrimination et de
répression de la diffusion et de la propagation de fausses informations portant
atteinte à l’ordre et à la sécurité publics, citant l’amendement de l’article
196 bis du code pénal qui prévoit de punir "quiconque volontairement
diffuse ou propage, par tout moyen, dans le public des nouvelles ou
informations, fausses ou calomnieuses, susceptibles de porter atteinte à la
sécurité ou à l’ordre public, compte tenu de l’effroi qu’ils sèment au sein des
citoyens et du climat d’insécurité qu’ils génèrent dans la société".
Interpellé sur le
rôle du département qu'il dirige, quant au respect du droit, son premier
responsable rétorque en ces termes :" Le ministère de la communication ne
peut pas se taire devant les publications électroniques nauséabondes attentant
à l’honneur et à la dignité des responsables de l’Etat et saisira la justice
chaque fois que de besoin pour que les sanctions les plus sévères soient
prononcées contre leurs auteurs".
Face aux dérives
d’une "presse de caniveau", explicite-t-il encore, la loi l’article
premier du décret exécutif n 11-216 du 12 juin 2011 fixant ses
attributions officielles ordonne ceci: "Dans le cadre de la politique
générale du Gouvernement et de son plan d’action, approuvés conformément aux
dispositions de la Constitution, le ministre de la Communication exerce ses
attributions sur l’ensemble des activités liées à la promotion, la
consolidation de la démocratie et de la liberté d’expression ainsi qu’au
développement de la communication".
"En l’espèce, il s’agit des atteintes à la liberté d’expression
bien comprise, dans le strict et absolu respect de la vie privée, du droit à
l’image, du secret de la correspondance de l’honneur et de la dignité des
citoyens. En tant que Porte-parole du gouvernement, je suis tenu à la
solidarité gouvernementale, ce qui m’autorise à recourir aux articles 144 et
146", argumente-t-il, considérant, par ailleurs, que "le recours
récurrent à la norme juridique émane de notre conviction que le mépris de la
caution juridique et la violation de la règle de droit, ou encore la
non-exécution des décisions de justice, y compris - peut être bien plus - par
notre corporation car elle est tenue de donner l’exemple - sont antinomiques
avec l’Etat de droit que nous aspirons à construire".
M.Belhimer souligne, à ce
propos, que "les premiers chantiers du secteur portent sur le rapatriement
des activités de communication sous l’empire du droit, qu’il s’agisse des sites
électroniques, des agences de communication, de la publicité ou encore des
chaînes de télévision dites +thématiques+, en dehors de l’action visant un
exercice apaisé du métier de journaliste qui conjugue liberté et
responsabilité".
"Le réflexe,
fortement ancré, du mépris de la règle de droit et son corollaire, la
sous-estimation, de la caution juridique ont tendance à pousser des minorités
actives à prendre des raccourcis autoritaires qui peuvent créer des situations
de rupture dommageables et despotiques", déplore le ministre, en guise de
conclusion.