ECONOMIE –ETUDES ET ANALYSES- PREVISIONS FMI 2020/2021
L’institution
de Bretton Woods prévoit (Mi-octobre
2020) la chute du PIB à -5,5 en 2020 et
un solde extérieur courant à -16,8%.
Fonctionnant quasi-exclusivement
grâce à la rente pétrolière, l’économie nationale ne pouvait qu’aller très mal
depuis la chute du prix du baril en 2014. Conjuguée à la crise politique, à
l’absence de véritables réformes, et à la crise sanitaire due à la pandémie du
nouveau coronavirus qui frappe sévèrement le monde entier, les perspectives
économiques de l’Algérie tendent vers le pire.
Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une chute
historique du Produit intérieur brut (PIB) réel à
-5,5% en 2020 avant une légère reprise de 3,2% l’année prochaine. Selon
l’institution de Breton Woods, les prix à la
consommation qui étaient de 2,0% en 2019, passeront à 3,5 en 2020 et à 3,8 en
2021.
Les projections portant sur le Solde extérieur courant sont aussi
alarmantes ; elles évolueront de -10,1 en 2019, à -10,8 en 2020 et -16,8
en 2021. Selon les prévisions du FMI, le chômage grimpera également pour
atteindre 14,1% à fin 2020 avant d’évoluer à 14,3 l’année prochaine. L’économie
algérienne est indéniablement dans le rouge.
Elle n’a jamais plongé dans une aussi grave récession qui a
impacté lourdement les prévisions de l’avant-projet de loi de finances 2021
rendu public la semaine dernière.
Pour la première fois, le montant jumelé des recettes ordinaires
prévues au titre de l’exercice 2021 qui s’établit à 3408,9 milliards de dinars,
et des recettes de la fiscalité pétrolière qui sont de l’ordre de 1919,2
milliards de dinars (5328,1 milliards de dinars) ne pourront couvrir que les
dépenses de fonctionnement estimées à 5314,5 milliards de dinars.
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Eviter le scénario des années 1990
Pour les dépenses prévues pour l’équipement dont le volume est de
l’ordre de 2879,7 milliards de dinars, le gouvernement devrait faire appel à
d’autres mécanismes de financement, y compris, peut-être, le recours, encore
une fois, à la planche à billets qui pourtant est exclu des solutions possibles
par le président de la République Abdelmadjid Tebboune.
La crise est là et elle est imparable. Maintenant qu’on y est, la
question est de savoir comment en sortir sans trop de dégâts ? Comment ne
pas retomber, comme cela a été le cas au début des années 1990, dans la
«gueule» du FMI avec une batterie de réformes structurelles à forte facture
sociale ?
L’Algérie avait le temps et les moyens de se les imposer à
elle-même au lieu de se les faire dicter par le prêteur indélicat qu’est
l’institution de Bretton Woods
tant elle détenait encore suffisamment de réserves de change pour amortir
l’impact des réformes. Des experts ne cessent d’alerter depuis longtemps sur la
crise accentuée par le coup d’arrêt donné par la pandémie du nouveau
coronavirus à l’économie nationale, mais il semble bien que la logique
politique tend à l’emporter sur le bon sens.
Le gouvernement n’ose toujours pas à se défaire de son excessif
populisme économique en maintenant la même cadence des transferts sociaux, et
secourir obstinément un secteur public qui bat de l’aile. Où en est-on dans la
révision des politiques de subvention ? Annoncée à plusieurs reprises,
elle tarde à se mettre en place.
Pas seulement en dépit des urgences que dicte la situation de
crise, l’Exécutif hésite à donner un véritable coup de pied dans la fourmilière
de l’économie informelle dont le volume est évalué par certains à 80 milliards
de dollars. Une manne qui aurait pu venir compenser les déficits encore en
attendant de mettre à niveau un système économique déréglé par une
non-gouvernance qui a duré des décades.