HISTOIRE-
GUERRE DE LIBERATION NATIONALE- COMMEMORATION MANIFESTATIONS 17 OCTOBRE 1961-
ENTRETIEN MINISTRE MOUDJAHIDINE/APS
Le ministre des Moudjahidine et des Ayants-droit, Tayeb Zitouni, a
réitéré vendredi
16 octobre
2020, l'attachement de l'Algérie à ses droits pour l'examen et le règlement,
"dans leur cadre défini", des dossiers liés à la Mémoire nationale.
Dans un
entretien accordée à l'APS à la veille de la commémoration de la Journée
nationale de l'immigration correspondant au 59e anniversaire des manifestations
du 17 octobre 1961, M. Zitouni a réaffirmé que l'Algérie "demeurera
attachée à ses droits suivant les mécanismes mis en place, tels que la création
de groupes de travail conjoints, pour l'examen et le règlement, dans leur cadre
défini, des dossiers liés à la Mémoire nationale".
La
question mémorielle, a-t-il assuré, dans ce sens, fait l'objet d'un suivi
permanent de la part du ministère des Moudjahidine et des Ayants-droit,
notamment en ce qui concerne les dossiers au centre des groupes de travail
conjoints, comme celui de la restitution des crânes.
Un dossier
qui a enregistré "une avancée notable après la récupération, la veille de
la célébration du 58e anniversaire de l'indépendance nationale (5 juillet
2020), des crânes de 24 des Chouhada de la Résistance populaire suite à
l'intervention du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune", a
souligné M. Zitouni rappelant que le chef de l'Etat avait affirmé que cette
action se poursuivra jusqu'à la récupération de tous les restes mortuaires des
Chouhada de l'Algérie.
Les dossiers de la Mémoire traités à
travers le canal diplomatique
Le
traitement des dossiers de la Mémoire se fait à travers le canal diplomatique
avec la contribution de tous les secteurs et instances concernées, a expliqué
le ministre des Moudjahidine et des Ayants- droit.
Affirmant
que son département continuera à travailler "inlassablement" jusqu'au
règlement de l'ensemble de ces dossiers, M. Zitouni a tenu à rappeler, à cette
occasion, que la préservation et la protection de la dignité des symboles, des
héros et des hauts fait de la Résistance populaire, du Mouvement national et de
la Guerre de libération nationale et la garantie de leur transmission aux
générations montantes étaient la vocation du Ministère des Moudjahidine et des
Ayants- droit.
M. Zitouni
a cité, également, entre autres missions de son département, la préservation
des droits des victimes de la colonisation française et leur indemnisation pour
les préjudices subis, outre "la mise à nu des crimes coloniaux, qui n'ont
épargné ni l'Homme ni la nature, en vue de documenter les faits historiques et
afin que nul n'oublie", a-t-il insisté.
Par
ailleurs, le ministre a estimé que les dossiers relatifs aux explosions nucléaires
effectuées dans le Sahara algérien et aux disparus et exilés nécessitaient
"recherches et étude" sur tous les aspects, faisant état de démarches
pour mettre sur pied des commissions ad-hoc regroupant des experts et des
chercheurs au niveau du Centre national d'études et de recherches sur le
Mouvement national et la Révolution du 1er Novembre 1954 (CNERMN54).
Evoquant
des dossiers "objet de suivi et de coordination entre les secteurs
concernés, qui travaillent dans le cadre des commissions conjointes entre les
parties, algérienne et française", le ministre a précisé qu'ils sont
relatifs à la récupération des archives en lien avec la Résistance populaire,
le Mouvement national et la Guerre de libération nationale et de leur accès aux
spécialistes et chercheurs.
Le
ministre des Moudjahidine et des Ayants- droit a rappelé, au sujet de la
question mémorielle, que l'Algérie a toujours affiché sa position officielle,
consciente de la nécessité de composer avec le présent et les exigences de la
coopération dans le cadre du respect mutuel et du devoir de préserver les
intérêts nationaux suprêmes, sans préjudice aux relations stratégiques avec la
France.
Les manifestations du 17 octobre 1961,
une forte impulsion à la Guerre de libération
S'agissant
de la commémoration du 59e anniversaire des manifestations du 17 octobre, le
ministre des Moudjahidine et des Ayants- droit a affirmé que cette date
constitue une halte cruciales dans le processus de la Glorieuse Guerre de
libération nationale, ajoutant que "sa commémoration relève de la fidélité
à notre Mémoire et du devoir de glorification des sacrifices des fils et filles
de l'Algérie pour le recouvrement de sa liberté et son indépendance".
Soulignant
le rôle des émigrés algériens, M. Zitouni a déclaré qu'ils n'avaient de cesse
de "crier à travers leurs positions que l'émigration n'était nullement
pour eux un abandon de leur patrie, ni un oubli des souffrances et des
aspirations de leurs concitoyens".
"Ces manifestations historiques au coeur
même de la capitale du colonisateur avaient donné une forte impulsion à la
Révolution de libération au plan externe et démontré à quel point était solide
le lien spontané entre les enfants de l'Algérie, qu'ils soient à l'intérieur ou
à l'extérieur", a déclaré M. Zitouni.
Relevant
que ces manifestations étaient le reflet d'une prise de conscience quant au
devenir du pays, le ministre a affirmé qu'elles étaient "une expression
sincère de la conviction de la diaspora algérienne quant à l'impératif de la
Guerre de libération et un défi extraordinaire à la plus forte puissance
coloniale soutenue par l'OTAN que la volonté des peuples était
invincible".
A cette occasion, M. Zitouni a tenu à
rappeler que l'Algérie avait, encore aujourd'hui, "extrêmement"
besoin de toutes les compétences et contributions de ses enfants établis à
l'étranger qui, a-t-il ajouté, demeurent attachés, fidèles et dévoués à leur
patrie.
Dans ce contexte, le ministre a mis en avant
l'histoire de l'émigration algérienne "jalonnée de sacrifices pour le
recouvrement de la souveraineté nationale et d'abnégation au service de
l'édification de l'Algérie indépendante et prospère".
S'agissant des pratiques
"monstrueuses" et auxquelles ont fait face les Algériens le 17
octobre 1961, mais également tout au long de la Résistance populaire et durant
le Mouvement national et la Révolution de libération nationale, M. Zitouni a réitéré
qu'elles "ont dévoilé le vrai visage du colonisateur et battu en brèche
les prétentions de respect des droits de l'Homme et des principes de justice et
d'égalité".
ADDITIF : . En septembre 1961, les dispositifs de sécurité français ont mené des
campagnes d'arrestation et d'expédition de centaines de ressortissants
algériens avant de parquer 650 autres au Centre d'identification de Vincennes.
En date du 23
septembre de la même année, quelque 29.000 émigrés ont été contrôlés, 659
internés et 184 expulsés vers l'Algérie, selon la préfecture de police.
Le 5 octobre de la
même année, Maurice Papon (le
Commissaire de Police de Paris à l’époque, condamné en France ,en 1998
pour crimes contre l’humanité, lequel éprouvait aux Algériens une haine
envenimée, clairement affichée d’ailleurs, lorsqu’il fut Igame de Constantine) avait signé un arrêté (non rendu public mais destiné
seulement aux « forces de l’ordre ») décrétant un couvre-feu pour les
Algériens de la capitale et de la banlieue de 20:30 à 5:00 du matin.
Dès l’entrée en
vigueur de cette décision, la Fédération de France du FLN a annoncé
l’organisation de manifestations pacifiques, parvenant ainsi à transférer la
guerre de libération au cœur même du territoire ennemi.
Les marches
pacifiques avaient pris le départ des quartiers pauvres de la capitale
française, avant que les foules ne se dispersent dans les principales artères
de Paris pour rallier la place de "l’Opéra" dont les issues sont été
fermées par les forces de police.
Face à la situation, les forces françaises de sécurité n’ont pas hésité
à tirer à balles réelles sur les manifestants qui ont respecté les instructions
interdisant l’usage des armes, se contentant de brandir les emblèmes et les
banderoles revendiquant l’annulation du couvre-feu et réclamant l’indépendance
de l’Algérie, selon des témoignages des participants et des témoins qui ont
relaté l’atrocité des événements vécus, en dépit du black-out médiatique
imposé. Des centaines de morts
, souvent jetés dans la Seine...et d’autres
centaines d’Algériens
emprisonnés dont beaucoup renvoyés en Algérie
Les Français
eux-mêmes avait fait preuve de compassion à l’égard de ces marches pacifiques.
D’ailleurs, le 21 octobre, des enseignants et des étudiants de la Sorbonne
s’étaient rassemblés pour dénoncer le couvre-feu imposé au Algériens et la
répression exercée contre les manifestants.
Le lendemain, des
manifestations de solidarité avaient été organisées par des étudiants français
dans le quartier Latin et Montparnasse.
Selon les historiens,
les manifestations du 17 octobre qui ont eu des conséquences désastreuses ont
contraint le gouvernement français à reprendre les négociations avec le
Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) qui a été contacté
le 28 du même mois pour l’entame des discussions dans la ville suisse Bâle où
la partie algérienne était représentée par les regrettés Rédha Malek et Mohamed
Seddik Benyahia.