ENVIRIONNEMENT – ENQUETES ET REPORTAGES- RISQUES PÉTROCHIMIQUES
ET INDUSTRIELS
© Liberté :Badreddine
Khriss, mercredi 14 octobre 2020-10-14
L’Algérie, un pays très vulnérable
Des
statistiques officielles indiquent que pas
moins de 4 000 installations industrielles à hauts risques
recensées se trouvent au milieu du tissu urbain qui représente 1,7% seulement
de la superficie totale de l’Algérie où réside la grande majorité de la
population.
Le phénomène des explosions de gaz qui
cause presque chaque année la mort de dizaines de citoyens et des dégâts
matériels énormes à travers les différentes régions du pays prouve clairement
l’inefficacité de la prise en charge de la problématique des risques
industriels majeurs en Algérie.
L’accident de la wilaya d’El-Bayadh, qui a fait 6 morts et 16 blessés, constitue cet
autre argument qui confirme ce fâcheux constat établi par de nombreux experts.
Les industries du pétrole, du gaz, des
produits pharmaceutiques, d’engrais, de pesticides, de plastique, de produits
chimiques et de mécanique sont relativement très développées en Algérie et
présentent, de ce fait, des risques de fuites accidentelles de produits
dangereux.
Elles représentent un danger certain
d’autant plus qu’elles sont implantées dans les agglomérations à forte densité
de population. Selon les estimations du ministère de l’Aménagement du
territoire et de l’Environnement (Mate), pas moins de 4 000 installations
industrielles à haut risque recensées se trouvent au milieu du tissu urbain qui
représente 1,7% seulement de la superficie totale de l’Algérie où, de surcroît,
réside la grande majorité de la population.
Les activités pétrolières et gazières en
Algérie présentent 80% des risques majeurs (incendies, explosions et risques
toxiques) et plus de la moitié des unités industrielles sont implantées dans
les grandes agglomérations : Alger, Béjaïa, Arzew,
Annaba, Blida et Skikda.
En termes de risque majeur, sur un
échantillon de 60 établissements industriels recensés, 43% présentent un risque
d’explosion, 42% un risque d’incendie et 16% des risques toxiques.
Le risque industriel, faut-il l’expliquer,
est défini par les spécialistes comme un événement accidentel se produisant sur
un site industriel mettant en jeu des produits et/ou des procédés dangereux et
entraînant des conséquences immédiates graves pour le personnel, les riverains,
les biens et l'environnement.
Désormais, il faut reconnaître que
l’Algérie est exposée à plusieurs risques importants. Certains sont les
résultats de son emplacement géographique, notamment pour les séismes, les
inondations, les glissements de terrain, l’invasion acridienne et la
désertification...
D’autres sont liés à l’intervention et à
l’activité de l’homme, tels les accidents industriels, les marées noires, les
épidémies, les pandémies… Cela dit, les experts soutiennent mordicus que la
plupart des catastrophes pétrochimiques sont aggravées par les décisions
irréfléchies des pouvoirs publics érigeant des projets importants sur des sites
à risque sans la prise en compte des mesures nécessaires.
Ainsi, l’Algérie souffre de sa
vulnérabilité face à ces périls pour deux principales raisons, à savoir la
nature et l’action humaine. C’est ce qui est clairement précisé dans la loi
n°04-20 du 25 décembre 2004, relative à la prévention des risques majeurs et à
la gestion des catastrophes dans le cadre du développement durable.
L’article 2 stipule : “Est qualifiée au
sens de la présente loi, de risque majeur, toute menace probable pour l’homme
et son environnement pouvant survenir du fait d’aléas naturels exceptionnels
et/ou du fait d’activités humaines.” Le risque est généralement intensifié par
une urbanisation à la fois incontrôlée et anarchique du littoral et
caractérisée par une surconcentration des populations.
C’est le cas avec les 361 villes et
villages implantés sur la frange nord du pays dont 4 métropoles. L’on doit, en
outre, mettre l’accent sur le non-respect flagrant des normes de construction,
de l’urbanisation excessive des principales métropoles, Alger, Oran et
Constantine, avec une densité de plus de 4 000 habitants/km2.
Par ailleurs, les 2/3 des unités industrielles
sont construites dans la zone des Hauts-Plateaux et dont 50% sur le littoral.
Outre les axes autoroutiers et ferroviaires, les aéroports internationaux,
voire la totalité des barrages hydrauliques, constituent une menace sérieuse
pour les habitants résidant à la périphérie.
Notes : -La zone tellienne regroupe près des deux tiers
des unités industrielles du pays, alors que la zone littorale, qui, à elle
seule, regroupe 51% de ces mêmes unités, concentre également l’essentiel des
grands complexes industriels du pays, notamment à Oran et Arzew, à Alger, à
Skikda et à Annaba.
Dans cette zone sont concentrés les principaux investissements économiques
vitaux (Arzew et Skikda) et des villes parmi les plus importantes du pays
(Alger, Oran, Annaba, Skikda, Béjaïa, Mostaganem).
Certaines installations industrielles présentent, au vu de leur activité et des
substances utilisées, des risques plus importants lorsqu’elles se trouvent à
proximité des zones habitées, leurs habitants étant particulièrement exposés en
cas d’accident. L’espace littoral abrite 91% des industries sidérurgiques,
mécaniques, métallurgiques et électroniques, 90% des industries des matériaux
de construction, 85% des industries chimiques, 65% des industries du cuir et
56% des industries textiles.
Les quatre zones rouges
Oran, Arzew à l’Ouest, Alger, Blida, Boumerdès
au Centre, Skikda, Annaba à l’Est et Hassi Messaoud au Sud.
-11 INSTALLATIONS À RISQUES INDUSTRIELS RECENSÉES À
ALGER
Il s’agit, entre autres, de l'unité Soachlore
de Baba Ali, du gazoduc alimentant la capitale, de la raffinerie de Baraki, de la centrale de production d'énergie électrique
de Bab Ezzouar, de la
centrale de production d'énergie électrique de Hamma,
du centre enfûteur du Caroubier (Hussein Dey) de Naftal et de l'unité de production de cigarettes SNTA de Bab El-Oued.
D’autres unités sont également recensées ailleurs, telles que l'usine de
fabrication de pesticides de Beni Mered
(Blida), Soachlore (Mostaganem), le centre de
stockage de produits pétroliers de Naftal de Berrahal (Annaba), le centre enfûteur
de Naftal, les stockages de l’Unité GPL1 à Hassi Messaoud (Ouargla).