COMMUNICATION-
WEB ET SITES – TEXTE REGLEMENTAIRE/DECLARATION MINISTRE (
SEPTEMBRE2020)
"Enfin,
un cadre juridique pour la presse électronique", a commenté Ammar Belhimer, ministre de la Communication, porte-parole du
Gouvernement, à l'issue de l'adoption, mercredi, par le Gouvernement d'un
projet de décret exécutif relatif aux modalités d'exercice de l'activité
d'information en ligne et de diffusion de mise au point ou rectification sur le
site électronique.
"C’est dans le prolongement direct
des articles 66 et 113 de la loi organique relative à l’information que le
présent texte réglementaire se situe et c’est surtout pour placer la presse
électronique sur une trajectoire conforme aux finalités du droit qu’il trouve
sa vocation", a-t-il écrit dans une contribution à l'APS. (mercredi 7
octobre 2020)
Le ministre de la Communication,
porte-parole du gouvernement, a fait remarquer, à ce propos, que les
dispositions prévues dans ce nouveau texte "ne définissent pas le régime
juridique et économique de l’activité de presse en ligne".
En revanche, a-t-il poursuivi,
"elles expriment une volonté de poser une base référentielle de
clarification par rapport à son fonctionnement, compte tenu de son mode
d’expression et de son support de diffusion (internet)".
Selon le Professeur Belhimer, "l’activité de presse en ligne est
assimilable à la presse en papier en ce qu’elle reste une activité économique
soumise aux règles du marché mais, dans le même temps, elle exerce une mission
d’intérêt général et de service public en application de l’article 2 de la
loi relative à l’information".
"Ces caractéristiques consubstantielles
à la presse impliquent l’importance de démultiplier les sources de financement
et de construire les avantages concurrentiels", a-t-il estimé, soulignant
que "le texte fait opportunément rappel de cette contrainte liée à la
nature de l’activité de
presse".
Il a précisé, à ce titre, que "le
texte définit les règles qui organisent la formalité déclarative de
constitution et confirme à cet égard que l’activité de presse en ligne est
libre".
Néanmoins, le ministre a relevé la
nécessité de "fixer trois grandes questions", à savoir :
"l’éviction annoncée du support papier et la transition numérique, l’enjeu
stratégique de la production de contenu, la répression des fake
news et des deepfakes".
Evoquant
la première question, A. Belhimer a soutenu que l'industrie
de la presse en Algérie a connu ces dix dernières années de
"transformations structurelles durables" sous l'effet du
développement technologique même si "les fondamentaux du journalisme
restent intacts". Il en veut pour preuve la baisse de 80% des ventes de
papier journal.
Il a affirmé, dans ce contexte, que même
si les nouvelles technologies "ouvre de nouvelles perspectives
informationnelles", elles posent "de nouveaux défis en termes de
responsabilité juridique et de responsabilité sociale".
Au titre de l'enjeu stratégique de la
production de contenu, le ministre a estimé que "le Droit n’a pas complétement suivi le mouvement du marché", affirmant
qu'"un décalage est vite apparu entre la norme juridique et la réalité,
celle d’un marché de la presse en ligne en evolution
continue, parallèlement à l’effondrement de la presse papier."
Citant
un sondage Immar d’avril 2019, A. Belhimer
a indiqué que les populations algériennes quotidiennement exposées aux médias
se répartit comme suit: Téléspectateurs : 18 millions,
Internautes : 17 millions, Médias sociaux : 15,5 millions, Auditeurs : 3
millions, Lecteurs : 2,6
millions.
===Construction inachevée===
Pour lui, la loi organique numéro12-05
du 12 janvier 2012 relative à l’information est "une construction
inachevée", relevant que "le marché de la presse en ligne évolue à un
rythme plus rapide que nos moyens de réaction et d’adaptation".
Il a fait savoir, à cet égard, que
"la majorité des journaux en ligne sont hébergés à l’étranger,
principalement en France".
"Les raisons résident
essentiellement dans la crise de confiance dans la fiabilité des mécanismes
nationaux permettant l’accès au support internet, même si l’hébergement
national est moins coûteux", a-t-il expliqué.
Le ministre de la Communication a
annoncé, à l'occasion, que "l’accès à la publicité des entreprises
publiques et administrations sera conditionnée par l’existence d’un site
d’information électronique vivant".
Reconnaissant la difficulté d'éradiquer
le phénomène des fake news et des deepfakes,
M. Belhimer a affirmé que "le texte s’efforce
d’en limiter l’impact".
"Le décret exécutif précise les
modalités d’exercice des droits de rectification et de réponse tels que
consacrés aux articles 100 et 101 de la loi relative à l’information.
Il entend
confirmer que la liberté d’expression est un principe qui, quelle que soit la
complexité du mode de fonctionnement emprunté, ne saurait être absolu. Les
éditeurs de presse en ligne doivent fournir aux lecteurs les instruments leur
permettant de défendre leur dignité et leur opinion lorsque ceux-ci sont remis
en cause", a-t-il ajouté.
Il a estimé que les éditeurs de presse
en ligne "doivent contribuer activement et en permanence à la lutte contre
les contenus haineux ou violents et ainsi participer à la défense de la
cohésion sociale".
Quant aux délais d’exercice des droits
de réponse ou de rectification, le ministre a souligné que "les délais
venant aux articles 30 et 34 du texte réglementaire font prévaloir l’intérêt
des citoyens et privilégient une approche pragmatique".
"Le délai de 30 jours consacré à
l’article 30 est un délai légal venu à l’article 103 de la loi relative à
l’information. Il accorde aux lecteurs des possibilités optimales de réaction.
Les délais de l’article 34 sont des délais qui tiennent comptes des exigences
de célérité et des contraintes
réelles imposée par les enjeux du droit de
réponse ou du droit de rectification", a-t-il précisé.
Il a fait remarquer, à cet effet, que
"ces dispositions ne dispensent pas la mise en œuvre des dispositions
pénales dont la plus récente est l’incrimination de la diffusion et de la
propagation de fausses informations portant atteinte à l’ordre et à la sécurité
publics".
"L’amendement
de l’article 196 bis du code pénal prévoit dans ce cadre de punir quiconque
volontairement diffuse ou propage, par tout moyen, dans le public des nouvelles
ou informations, fausses ou calomnieuses, susceptibles de porter atteinte à la
sécurité ou à l’ordre public, compte tenu de l’effroi qu’ils sèment au sein des
citoyens et du climat d’insécurité qu’ils génèrent dans la société",
a-t-il rappelé.
Cet amendement, a-t-il poursuivi,
"prévoit, une peine délictuelle pour ces actes, consistant en
l’emprisonnement d’un (1) an à trois (3) ans et une amende de 100.000 DA à
300.000 DA".
Le ministre a soutenu, par ailleurs, que
la presse en ligne est "en mesure de participer activement à l’effort
collectif de démocratisation et de moralisation de la vie publique".
"Mieux encadrés du point de vue
juridique, les éditeurs de presse en ligne peuvent participer efficacement à la
réalisation des fonctions et les finalités des articles 2 et 5 de la loi
organique numéro 12-05 relative à l’information. Il importe par conséquent
d’achever le travail d’encadrement juridique de l’activité de presse en
ligne", a-t-il conclu.