HISTOIRE-
DOCUMENTS ET TEXTES REGLEMENTAIRES- FFS- PROCLAMATION CRÉATION 1963
© Tirée de Liberte, mardi 29 septembre 2020
« La résistance du peuple algérien au coup de force
constitutionnel a acculé le régime à découvrir son véritable visage. Les
tenants du pouvoir ont recouru aux méthodes coloniales de corruption et de
menaces les plus basses et les plus odieuses afin de bâillonner et de truquer
la volonté populaire. Le masque est tombé. La légende du zaïm,
du militant suprême, du super-khalife a crevé comme un ballon de baudruche. Par
son abstention, encore plus massive, le peuple algérien a dit, le 15 septembre,
un NON net et vigoureux au despotisme oriental et à ses instruments
néofascistes.
Les deux mascarades électorales ont clarifié la situation
politique et fait apparaître l’opposition d’un homme assoiffé de pouvoir aux
traditions révolutionnaires et démocratiques de notre peuple, d’une minorité
d’usurpateurs à la majorité des citoyens, d’un clan à la nation, d’un groupe
d’inconditionnels à l’ensemble des militants, pour qui la construction du
socialisme est inséparable du respect de la personne humaine, de la liberté et
de l’adhésion consciente. Le potentat règne malgré le peuple et contre le
peuple, et déjà en violation flagrante de la pseudo-Constitution. La torture
sévit dans les locaux de la PRG, de la gendarmerie et de la sécurité militaire.
La pseudo-Constitution rejoint les serments de carrefours, les promesses de
coulisses et les innombrables engagements solennels pris et trahis par Ben
Bella.
Militants !
Militantes ! Peuple algérien !
Le comité central du FFS s’est réuni pendant cinq jours, sans désemparer, afin
d’examiner la situation engendrée par les coups de force perpétrés contre la
légitimité populaire le 8 et le 15 septembre, et pour dégager un programme de
résistance aux complots du gouvernement contre la révolution et l’unité de notre
peuple. Considérant que par contre et fait édifiant, la pègre antisociale, née
de la corruption et de pratiques de basse police, entretenues par le système
colonial, constitue, malgré la révolution, une caste consacrée dans les
institutions et les hautes charges de ce régime néofasciste. Considérant que le
régime néo-fasciste est la négation tout à la fois de la révolution, de l’unité
nationale et de l’État souverain au service des citoyens et sous leur contrôle.
Considérant que le deuxième gouvernement Ben Bella, par sa composition et ses
structures, encore plus totalitaires et par sa politique démagogique, est un
dispositif de guerre contre le peuple et ses meilleurs militants. Considérant
que la politique de répression qui s’est déjà manifestée par l’arrestation de
centaines de militants, s’est aggravée au lendemain de l’escroquerie électorale
par l’instauration d’un véritable climat de terreur et d’arbitraire.
Considérant
que par :
La désignation unilatérale d’une Assemblée nationale constituante à sa
dévotion. Le sabotage et la mise au pas du mouvement syndical ouvrier, étudiant
et toutes les organisations nationales. Le coup de force constitutionnel et le
trucage électoral. Le pouvoir a fermé la porte à toute possibilité de dialogue.
Le Comité central du FFS déclare ce pouvoir illégal. Il décide : De mettre en
œuvre tous les moyens dont il dispose pour arrêter net ce processus de
fascisation. De mettre fin au pouvoir dictatorial, et au régime personnel qui
tente de s’imposer à notre pays. Ordonne à ses militants d’engager, à partir de
ce jour, le combat décisif, dans la discipline et le strict respect des
directives »
. Le 29 septembre 1963.