CULTURE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN KAMEL DAOUD- « MEURSAULT,
CONTRE ENQUÊTE »
Meursault , contre-enquête. Un roman de Kamel Daoud Editions Barzakh , Alger 2013. 191
pages, 700 dinars
En fait, l’auteur ,
n’en a rien à foutre de Camus,. Bien
sûr, il a lu ses livres, deux ou trois, mais Camus n’est pas quelqu’un
qui l’intéresse profondément. Il est ,d’ailleurs,
et il le dit quelque part, devenu allergique aux camusiens
des deux bords Une seule
obsession ! Comment venger le meurtre de son frère aîné, « l’Arabe » tué « comme çà » par un pied-noir à
l’âme torturé par le doute existentiel.
Un pied-noir, qui, grâce, à ce meurtre , non
prémédité mais attendu, ce qui le banalise et le rend encore plus grave, est
devenu un philosophe nobelisé. Alors que l’Arabe,
lui, deuxième personnage le plus important, n’a ni nom, ni visage, ni
paroles…Un histoire absurde, irrélle mais
dramatiquement vraie !
L’Indépendance
du pays , la libération des énergies et de la
douleur contenues durant cent trente ans, est la grande l’occasion pour « faire justice ». Ainsi, toujours « comme çà », un occupant , Européen , devenu intrus grâce au retournement de
l’histoire , est tué par le jeune frère de « l’Arabe ». L’honneur
bafoué de la tribu est enfin vengé et la M’ma,longtemps
« mater dolorosa », revient à la vie…….alors que son tout
dernier va passer le reste de sa vie (quelle vie ?) à errer de bar en bar
, et à soliloquer, racontant sa version des faits, raconter l’envers du
décor et tenter de donner chair à la figure de son frère Moussa ould El Assas , « l’Arabe » , figure niée
dans la littérature de l’époque .
Un
Arabe enfin identifié.mais toujours errant dans un
monde nouveau mais tout aussi absurde. K. Daoud, un camusien
qui s’ignore ? Eh, oui !
Avis : Le nouveau roman est enfin
arrivé. On le rencontre avec cet ouvrage. De l’écriture compliquée mais si bien construite qu’elle est compréhensible et
claire. Se lit d’un trait. De la philo pour tous, avec ,
en plus, l’arme favorite du chroniqueur : des formules chocs, qui
frappent fort et visent juste
Extraits : «
Un homme qui boit rêve toujours d’un homme qui écoute » (p 19), « On dirait que les gens en veulent à
la ville et qu’ils y viennent pour saccager une sorte de pays étranger. La
ville est un butin, les gens la considèrent comme une vieille catin, on
l’insulte, on la maltraire, on lui jette des ordures
à la gueule et on la compare sans cesse à la bourgade saine et pure qu’elle
était autrefois…. » (p 36), « Tout le monde veut une femme au
village et une pute de la ville « (p74), « Les sentiments
vieillissent lentement, moins vite que la peau. Quand on meurt à cent ans, on
n’éprouve peut-être rien de plus que la peur qui, à six ans, nous saisissait
lorsque, le soir , notre mère venait éeindre la lumière » (p 101),