CULTURE- MUSIQUE- HAMDI BENANI
L’icône de la musique malouf, le chanteur et musicien Hamdi Bennani est décédé (de la Covid-19)
lundi 21 septembre 2020 à l’âge de 77 ans
Surnommé l’ange blanc en référence à son violon
blanc qu’il n’a jamais quitté, Hamdi Bennani, Mohamed
Cherif Bennani de son vrai nom, est né à Annaba en 1943 dans une famille de
musiciens qui l’a initié à la musique andalouse et à l’école du malouf.
Dans son enfance il était entouré de son oncle
M’hammed El Kord et de son
grand-père Mustapha, musiciens et maître du malouf.
Après avoir été primé dans un concours de chant,
c’est au théâtre d’Annaba qu’il se fait connaître en 1963 avant sa première
apparition à la télévision trois ans plus tard.
Connu pour avoir révolutionné ce genre musical
en introduisant des instruments nouveaux et des influences d’autres musiques, Hamdi Bennani a chanté dans de nombreuses villes du monde
où il a représenté avec une grande élégance la culture et la musique
algérienne.
En 2017 il a reçu la médaille de l'Ordre du
mérite national au rang de «Ahid» à l'occasion de la
journée nationale de l'Artiste
© Extraits article de Liberté/Hana Menasria, mardi 22/9/2020 (« L’ange blanc
s’envole »)
Avec sa voix de rossignol
et le son mystique de son violon blanc, Hamdi
Benani a fait voyager un malouf bien particulier à
travers la planète. De Pyongyang de Kim Il-sung jusqu’à La
Havane de Fidel Castro. Mais il revient souvent à sa Bône natale…
L’ange blanc vient de
rejoindre les cieux, en laissant une profonde tristesse dans les cœurs.
L’annonce de sa disparition a été brutale, lui qui, malgré ses 77 ans,
regorgeait de vitalité et d’énergie. Pourtant,
son fils Kamel avait rassuré ses admirateurs
et proches, le 14 septembre, en informant que
“Cheikh est toujours hospitalisé en service de réanimation (…)…………………………
D’une carrière exemplaire de plus d’une
cinquantaine d’années, outre son talent incommensurable, il était également
connu pour son humilité, sa jovialité et sa générosité. Très accessible, il
n’hésitait pas une seconde à prodiguer des conseils aux jeunes artistes, la
relève.
Pour tout Annabi en particulier et pour
les mélomanes des quatre coins du pays, il était ce “père” ayant bercé des
générations par sa voix et son emblématique violon blanc, dont la couleur était
synonyme de “paix et de sérénité”. La musique étant inscrite dans son ADN, tout
a commencé pour Mohamed Cherif Benani en 1943, à sa
naissance dans la ville d’Annaba, au milieu d’une famille d’artistes.
Depuis le berceau, il a baigné dans la
musique grâce à son père. Par la suite, il a reçu son “éducation” musicale par
son oncle Mohamed, surnommé “Petit Mohamed”, qui l’a encouragé et initié au
malouf annabi. En 1959, il participe à un radio-crochet pour jeunes talents et
décroche le premier prix en interprétant « Je suis sentimental ».
À ce moment-là, il est loin
de se douter qu’il deviendra une icône adulée de tous.
Sa première scène date de 1963, au théâtre de la ville, où il joue dans la
pièce Bouss-Bouss de Hassen Derdour, dans laquelle il
chante le titre « Ya bahi el djamel ».
À partir de là, l’ange blanc déploie ses
ailes et commence son envol lors d’un passage télé à Constantine en 1966 et
l’enregistrement de sa première chanson, tout en enchaînant une trentaine
d’albums au fil de sa carrière. Il se produit sur scène et dans les mariages. Mais
Hamdi Benani réussit son
coup de maître en 1974, quand il révolutionne le genre malouf en introduisant
des instruments modernes tels que la batterie, la guitare électrique ou encore
la basse.
Cette “démocratisation”
a fortement déplu aux puritains de
l’andalou et du malouf. Cependant, les critiques ne l’ont pas atteint et, par
son ingéniosité et son talent, il s’est imposé en bousculant les habitudes et
ce, en faisant adopter son propre style et univers dans les cercles les plus
fermés…………………………………
À chacun de ses concerts, il
interprétait des titres du patrimoine dans le genre hawzi,
aroubi ou mahdjouz.
Charismatique, il a ainsi donné des concerts dans plusieurs pays étrangers et a
chanté pour de grandes personnalités politiques, à l’instar de Fidel Castro et
de Léopold Sédar Senghor….. (ndlr :
de Kim Il Sung qui l’avait alors surnommé « l’Ange blanc »)
Éclectique, ouvert sur
le monde et les diverses sonorités, il a réalisé
une tournée française et algérienne avec le groupe de rock « Speed Caravan », qui a donné naissance en novembre 2019 à un
opus produit par l’Institut français d’Algérie………………………..
Il est à noter également que Benani a reçu tout au long de son parcours des prix
prestigieux, tels que la médaille de l’ordre du mérite national au rang de “Ahid” en 2017. En 2018, il a été décoré de l’insigne
d’officier des arts et des lettres par l’ancien ambassadeur de France à Alger
Xavier Driencourt, qui a souligné : “Cette décoration
est bien plus rare et plus difficile que la légion d’honneur.” …………………………