SPORTS-
ETUDES ET ANALYSES- « MODELE CULTUREL SPORTIF »- ETUDE LALAOUI
BELKACEM (II/II)
Le «modèle culturel sportif» algérien
ne produit pas de la haute technicité sportive
En effet, l'absence de haute technicité dans le «modèle culturel sportif»
algérien a également concouru à produire de la pauvreté sportive, voire de la
violence. En ce sens, dans son analyse socio-historique du sport, le
sociologue allemand Norbert Elias fait du progrès technique l'un des marqueurs
du processus de civilisation: «la notion de civilisation, explique-t-il, se
rapporte à des données variées : au degré de l'évolution technique, aux règles
du savoir-faire, au développement de la connaissance scientifique ». Ou,
le sport moderne a fondé sa légitimité sur la formation de techniques motrices
spécifiques et sur leur progression simultanée à travers notamment les méthodes
d'enseignement et d'entraînement. La technisation du sport a spécialisé
non seulement le geste sportif, mais elle a sélectionné et fabriqué des
corps de plus en plus spécialisés pour être de plus en plus performants. La
technisation a conduit à une spécialisation des fonctions
corporelles. Contrairement à l'athlète grec de l'Antiquité, qui n'est ni
un technicien, ni un tacticien, le sportif contemporain est un technicien
efficace, une machine de précision, à la fois efficiente et fragile. «Le
concours olympique dans la Grèce antique, nous dit Paul Veyne, ne servait pas à
établir un disque, à améliorer les performances humaines en quelque
domaine. Ce qui comptait était chaque vainqueur, et non le progrès des techniques; cet
élitisme n'était pas techniciste… ». Dans la Grèce antique, l'athlète qui
utilise la technique est perçu comme un tricheur et courait le risque de se
faire exclure de sa communauté locale. Car en évitant la brutalité
physique et les chocs dans l'épreuve athlétique, il tente d'échapper à son
destin. Aujourd'hui, la technique sportive constitue une mise à distance
civilisée, qui permet de vaincre en évitant la brutalité des chocs dans
l'épreuve sportive. Marque du sport moderne, la technique est une ruse qui
se situe à l'opposé de l'idéal athlétique antique dont la première
manifestation est l'utilisation de la force physique brute et du choc frontal
dans l'épreuve athlétique. Comme le remarque Lewis Mumford dans sa
réflexion sur la relation complexe qu'entretiennent technique et société, la
technique «n'existe qu'en tant qu'élément de la culture humaine. Elle
implique le bien ou le mal dans la mesure où les groupes sociaux impliquent le
bien ou le mal ». la technique sportive constitue une mise à distance civilisée,
qui permet de vaincre en évitant la brutalité des chocs dans l'épreuve
sportive. Marque du sport moderne, la technique est une ruse qui se situe
à l'opposé de l'idéal athlétique antique dont la première manifestation est
l'utilisation de la force physique brute et du choc frontal dans l'épreuve
athlétique. Comme le remarque Lewis Mumford dans sa réflexion sur la
relation complexe qu'entretiennent technique et société, la technique «n'existe
qu'en tant qu'élément de la culture humaine. Elle implique le bien ou le
mal dans la mesure où les groupes sociaux impliquent le bien ou le mal
». la technique sportive constitue une mise à distance civilisée, qui
permet de vaincre en évitant la brutalité des chocs dans l'épreuve
sportive. Marque du sport moderne, la technique est une ruse qui se situe
à l'opposé de l'idéal athlétique antique dont la première manifestation est
l'utilisation de la force physique brute et du choc frontal dans l'épreuve
athlétique. Comme le remarque Lewis Mumford dans sa réflexion sur la
relation complexe qu'entretiennent technique et société, la technique «n'existe
qu'en tant qu'élément de la culture humaine. Elle implique le bien ou le
mal dans la mesure où les groupes sociaux impliquent le bien ou le mal
». la technique est une ruse qui se situe à l'opposé de l'idéal athlétique
antique dont la manifestation première est l'utilisation de la force physique
brute et du choc frontal dans l'épreuve athlétique. Comme le remarque
Lewis Mumford dans sa réflexion sur la relation complexe qu'entretiennent
technique et société, la technique «n'existe qu'en tant qu'élément de la
culture humaine. Elle implique le bien ou le mal dans la mesure où les
groupes sociaux impliquent le bien ou le mal ». la technique est une ruse
qui se situe à l'opposé de l'idéal athlétique antique dont la manifestation
première est l'utilisation de la force physique brute et du choc frontal dans
l'épreuve athlétique. Comme le remarque Lewis Mumford dans sa réflexion
sur la relation complexe qu'entretiennent technique et société, la technique
«n'existe qu'en tant qu'élément de la culture humaine. Elle implique le
bien ou le mal dans la mesure où les groupes sociaux impliquent le bien ou le
mal ».
Le danger, pour L. Mumford, est d'inscrire la technique comme fin en soi
et non plus comme moyen d'expression et de développement humain. Ainsi, le
sport moderne en tant qu'activité hautement simultanée, à l'opposé du sport
antique, symbolise le progrès technique sans fin. Il est l'incarnation
même du pouvoir des hommes à produire techniquement des performances physiques,
bien au-delà de ce que les anciennes croyances avaient défini comme limites
infranchissables. En offrant la particularité de constituer un espace de
production des émotions, tout en permettant simultanément leur contrôle, le
sport moderne privilégie de manière visible, dans son évolution et sa stratégie
de réussite, le sens du perfectionnement technique.
La technique apparaît au cœur du sport moderne comme une forme de garantie du
contrôle du geste sportif et du déploiement de son efficacité idéale. La
maîtrise technique influe sur la qualité de la compétition et du spectacle
sportif. En rendant le jeu plus fluide et moins dangereux, elle contribue à
modeler les comportements et les attitudes des athlètes dans le sens de la
maîtrise de soi.
Placé dans l’univers du modèle sportif compétitif, le sportif de haut niveau
n’a plus d’autre choix que de devenir un expert du geste sportif compétitif.
C’est dans cette dynamique du progrès indéfini, de cet élan sans fin que le
sportif de haut niveau est soumis à des méthodes d’entraînement intensives aux
limites du supportable. D’autant plus que le sport compétitif moderne, dominé
par le souci quasi obsessionnel de la performativité comme «fait de modernité»,
magnifie l’idée de dépassement sans fin : Citius, Altius, Fortius (Plus vite,
plus haut, plus fort). Le record, clé de voûte du sport anglo-saxon, résume à
lui seul cette recherche exacerbée de la performance sportive qui s’actualise
dans des compétences hyperspécialisées et un progrès technique sans limites.
Les sports modernes apparaissent donc comme un espace au cœur duquel s’élabore
plus en profondeur une technologie de la conquête et de la domination. La
maîtrise de cette technologie sollicite une éducation et une formation de
qualité à tous les niveaux de la pratique sportive. Aujourd’hui, la pauvreté du
«modèle culturel sportif» algérien est due essentiellement à l’absence d’une
éducation sportive qui n’est plus dispensée à la base, et d’un manque de
compétition à tous les niveaux de la pratique sportive. Cette absence
d’éducation et de compétition a fait que de nombreuses qualités physiques et
psychiques ne sont plus exercées et développées. C’est ainsi que la
«coordination motrice», qui est à la base de la formation de plusieurs gestes
techniques aussi bien dans les sports individuels que collectifs, ne soit plus
travaillée à l’école. Or, c’est une «qualité psychomotrice» qui est utilisée
comme test dans les sports collectifs pour détecter les jeunes talents. C’est dans
cette perspective que le «modèle culturel sportif» algérien doit mener une
réflexion en profondeur sur le rôle de la technologie dans la formation et le
développement des différentes techniques motrices sportives. Il y a, en effet,
un fort impact des technologies sur les pratiques sportives. Il s’agit surtout
de comprendre comment les techniques motrices sportives se modifient sous
l’influence de déterminants extérieurs. Il existe une multitude de
déterminants, de plus en plus complexes, qui participent à la construction des
logiques motrices et sportives et légitiment leurs usages.
Une technique sportive comme le saut à la perche n’a été possible que grâce à
l’aménagement des fosses à mousse pour l’entraînement. Le «modèle culturel
sportif» algérien doit valoriser la recherche scientifique pour améliorer et
enrichir les apprentissages moteurs qui conduisent à la formation de nouvelles
techniques sportives. Car, il n’y a pas de technologie sportive «clés en
mains».
Une technologie sportive se construit sur la base d’une culture sportive
créative et innovante. Elle prend ses racines à travers une riche pratique
sportive qui a lieu à l’école, dans l’association, le club sportif, etc. Elle
se transmet de génération à génération par des éducateurs, des enseignants, des
entraîneurs, des dirigeants, etc.
Une technologie sportive profondément intériorisée, c’est une mémoire motrice
qui repose sur les expériences pratiques sportives, sur la transmission de
sensations musculaires, de formes d’action et de styles de jeu. Dans ce cadre,
un certain nombre d’auteurs ont essayé de construire une science de l’action
motrice (la praxéologie motrice) capable d’étudier les pratiques
sportives.
Le «modèle culturel sportif» algérien n’accompagne pas la modernisation de la société
dans son ensemble
Lorsqu’on vient à faire un constat général de la situation du «modèle culturel
sportif» algérien dans ses trois formes de pratique (la «pratique sportive
éducative», la «pratique sportive récréative» et le «sport spectacle professionnalisé»),
pour essayer de comprendre son fonctionnement et ses dysfonctionnements, on
s’aperçoit qu’il n’y a aucune intervention coordonnée et planifiée de l’État
dans et entre ces trois différents secteurs sportifs. En effet, l’État, comme
agent de réforme, ne s’est pas assuré d’un ordre de priorité pour maintenir le
développement du «modèle culturel sportif» algérien comme un espace de
réalisation de l’intégration sociale et de l’identification collective. Il n’a
pas mis en place une stratégie d’adhésion en matière d’installations,
d’équipements et de formations pour insérer les trois formes de la pratique
sportive dans le mode de vie du citoyen. En somme, 58 ans après l’indépendance,
rien de concret n’a été entrepris pour rendre le «modèle culturel sportif»
algérien une institution puissante et omniprésente dans la vie sociale,
c’est-à-dire dans l’éducation et la formation du citoyen. 58 ans après
l’indépendance, c’est toujours le grand bricolage sportif avec des responsables
cyniques, pervers, incompétents et autre chose encore. Dès lors, on ne peut
s’empêcher de poser des questions concrètes qui peuvent être formulées ainsi :
en quoi un «modèle culturel sportif», qui ne remplit aucune fonction
socio-éducative essentielle et ne maîtrise aucune forme de technicité sportive,
peut-il jouer un rôle dans le processus de «modernisation» de la société
algérienne, voire dans le processus de «civilisation» selon la théorie d’Elias
? N’est-ce pas, là, le signe évident de l’échec d’une politique sportive
plaquée et sans réflexion, menée aveuglément par des gouvernements successifs,
et qui s’avère être incohérente, coûteuse et inefficace dans son orientation,
organisation et fonctionnement ? N’est-ce-pas, là, encore l’échec d’un «modèle
culturel sportif» fragmenté et désorganisé qui a été incapable, en tant que
projet sociopolitique, de participer à la modernisation du système éducatif et
de construire un champ de pratiques sportives à la portée du plus grand nombre
pour renforcer le lien social à l’échelle locale et nationale ? Et surtout,
n’est-ce-pas, là, aussi l’échec cuisant d’un «sport spectacle professionnalisé»
plein de médiocrité, de fantasmes et de délires, qui a créé des désordres
psychiques au sein de la population et rendu les jeunes moins humains au sein des
enceintes sportives ? En effet, en imposant un faux «sport spectacle
professionnalisé» comme seul mode de culture sportive avec une logique de
consommation et non de participation, l’État a délibérément abandonné les deux
autres catégories du «modèle culturel sportif» ; autrement dit, il a ignoré le
véritable socle sur lequel repose toute culture sportive. Avec ce
désengagement, voire cette inquiétante abdication, l’État a aboli le
«patrimoine gestuel sportif» algérien. Aujourd’hui, la «pratique sportive
éducative», qui désigne la place du sport dans le système éducatif et qui ne
concerne pas moins de 10 millions d’élèves, est à peu près nulle. La «pratique
sportive récréative», qui entre dans les problématiques relevant de la santé
publique, est inexistante.
Des millions de gens ordinaires d’âges et de sexes divers ne peuvent s’adonner
à aucune activité physique ou sportive de plein air et de pleine nature pour
accéder à l’entretien physique, au divertissement et au libre développement du
corps pour retrouver le contact charnel et sensitif avec les éléments de la
nature. Quant au «sport spectacle professionnalisé», il a été non seulement
incapable d’élever le niveau de jeu de nos équipes du championnat national,
mais il est devenu un lieu effrayant de manipulation, de corruption, de dopage
et de violence, et donc un facteur d’aggravation du lien national.
Expression du règne de l’argent sale, il est géré par un «petit milieu», un
«gang» qui exerce son hégémonie sur l’ensemble du mouvement sportif national.
Finalement, ce que nous révèle le «modèle culturel sportif» algérien, dans une
société traversée par une crise des valeurs et marquée par un certain
éclatement des instances décisionnelles, c’est la grande absence de l’État face
aux enjeux et aux intérêts privés des pouvoirs sportifs réels pour le contrôle
du «modèle culturel sportif» en général, et du «sport spectacle
professionnalisé» en particulier.
En réalité, l’histoire de la régression du sport algérien nous montre la
faillite de l’État et plus largement son impuissance à gérer le «modèle
culturel sportif» dans ses trois formes de pratique, face aux enjeux et aux
intérêts privés du «pouvoir sportif réel» qui est celui du CIO et des
fédérations internationales en tant que puissance institutionnelle relativement
autonome et aux intérêts supranationaux disjoints des intérêts nationaux. On
constate, en effet, que dans l’ensemble des pays en voie de développement,
l’ordre sportif et ses institutions officielles que sont les «fédérations
nationales» et les «comités nationaux olympiques» ne représentent plus
l’intérêt public et la stricte égalité des chances. Si bien que la politique
sportive prônée, dans ces pays, n’est qu’une illusion partagée, une fiction
idéologique, un mythe sans substance, une utopie désolante, une supercherie. Ce
constat, à l’accent pessimiste, est confirmé par plusieurs travaux
universitaires sur cette «colonisation sportive mondiale» qui ne permet pas aux
pays en voie de développement de définir et de conduire des politiques sportives
saines qui répondent aux besoins et aux aspirations de leurs populations en
matière d’éducation, de compétition et de loisirs. Il va de soi que pour
résister à cette «colonisation sportive mondiale», l’État doit, impérativement,
imprimer son orientation dans chacune des trois catégories de pratique du
«modèle culturel sportif». Pour ce faire, il doit, au nom du «bien collectif»,
se préoccuper davantage à développer les deux formes de pratique sportive qui
touchent à l’éducation de la jeunesse et à la santé de la population dans son
ensemble, tout en continuant à garder la main haute sur le «sport spectacle
professionnalisé».
Selon tout ce qui précède, on voit bien que l’État algérien n’a pas été
«éducatif» : il n’a pas exercé à la fois un rôle de gouvernance et d’éducation,
c’est-à-dire qu’il n’a pas su imposer la logique de «l’intérêt général» dans le
domaine sportif. Il s’est uniquement contenté de promouvoir un faux «sport
spectacle professionnalisé», qui «… déborde de jalousie haineuse, de bestialité,
du mépris de toute règle, de plaisir sadique et de violence…» (G. Orwell).
Aujourd’hui, le «modèle culturel sportif» algérien continue d’être traversé par
de véritables forces perturbatrices et conservatrices, qui viennent le
détourner de ses multiples fonctions : éducative, sociale, culturelle et
politique. C’est devenu un «modèle culturel sportif» qui ne produit que des
inégalités, de l’exclusion et une logique de la reproduction. Pour d’obscures
raisons, il est hors du contrôle des pédagogues.
Sous les auspices des fédérations et entre les mains de simples petits
marionnettistes, c’est un «modèle culturel sportif» que l’on a «déculturé» et
qui est devenu tout bêtement «une histoire de famille» ; autrement dit, un
sport que l’on pratique entre soi et qui ne mobilise plus grand monde. Pour le
dynamiser et l’inscrire un peu plus dans la société, il nécessite une réforme
radicale pour arrêter au plus vite le «massacre sportif» dans notre pays et la
progression de la «déchéance sportive» au sein des institutions officielles.
Car, le reproche capital que l’on peut adresser à ce «modèle culturel sportif»
stérile, qui ne s’insère dans aucune matrice culturelle de valeurs et de
significations, c’est d’avoir ruiné et défiguré le sport algérien.
À l’ère moderne, il ne permet plus à la jeunesse algérienne d’exprimer tout son
potentiel de créativité corporelle et sportive, c’est-à-dire d’exalter tous ses
talents. Sa révision fondamentale et son renouvellement nécessitent la mise en
œuvre d’une philosophie politique du sport qui encourage la construction du
lien social et la mise en place de «valeurs forgées collectivement», si l’on
veut réellement instaurer une culture sportive innovante et émancipatrice qui
dépasse la seule prise en compte des pratiques sportives actuelles. Il faut
faire émerger une nouvelle culture sportive d’ouverture et de rencontre qui
favorise l’épanouissement de l’individu jeune ou plus âgé, dans le quotidien de
la vie moderne. Mais cela est déjà une autre histoire.