FINANCES – ASSURANCES –
ASSURANCES VIE 2020
© Ahmed Mesbah/El moudjahid, jeudi 17/9/2020
«Le marché des assurances, en général, et
celui des assurances de personnes, en particulier, ont subi de plein fouet les
effets de la crise», explique Saïd Haddouche,
DG de l’Algérienne Vie. Il ajoute que la situation est difficile, car, avant la
crise de la Covid-19, le marché sortait d’une crise
politique et institutionnelle, avec des conséquences dommageables sur
l’économie.
El Moudjahid : Peut-on
avoir les agrégats macroéconomiques de la compagnie pour 2019 et le premier
semestre 2020 ?
Saïd Haddouche : 2019 a été une année fructueuse pour
le marché des assurances de personnes qui avait réalisé une évolution de 12% et
un chiffre d’affaires global estimé de 14.3 milliards de dinars. L’Algérienne
Vie n’était pas en reste puisqu’elle a réalisé, durant cette même année, une
évolution de son chiffre d’affaires de + 29%, ce qui l’a hissée à la quatrième
place du classement des compagnies d’assurances de personnes en Algérie et qui
lui a conféré une part de marché estimée à 13%.
La compagnie continue en sommes à consolider ses acquis sur le marché, mais
aussi se renforce en interne par son staff, ses outils et ses actifs.
À l’inverse de l’année 2019, et après un très bon démarrage vers janvier et
février 2020, en faveur de la dynamique du marché des assurances des personnes
qui avait le vent en poupe, la situation s’est crispée à partir du mois de
mars, la crise sanitaire mondiale de la Covid-19 a
donné un coup d’arrêt soudain et brutal.
Les effets se sont sentis, d’abord sur le chiffre d’affaires, où à partir du 12
mars, plus aucune souscription en assurance voyage et assistance et le rythme
de l’émission des autres polices, notamment l’assurance emprunteur, a connu une
relative baisse. En sommes, à fin juin 2020, la compagnie a connu une
régression équivalente à la moyenne du marché, c’est-à-dire autour de -14%.
La compagnie a-t-elle été impactée par la pandémie de
coronavirus en matière de souscriptions ou autres, et quelle a été la riposte ?
Certainement, le marché des assurances, en général, et celui des assurances de
personnes, en particulier, ont subi de plein fouet les effets de la crise. La
situation est particulièrement difficile, car, souvenez-vous, avant la crise de
la Covid-19, nous venions juste de sortir d’une crise
politique et institutionnelle, avec des conséquences dommageables sur
l’économie, alors que les entreprises, l’État et toute la sphère économique
luttaient contre les difficultés financières induites par la baisse des revenus
du commerce extérieur consécutive à la chute des prix du pétrole depuis 2014.
C’était déjà une situation et un environnement très contraignants auquel est
venue se superposer une crise sanitaire mondiale qui n’a pas été anticipée. Les
mesures préventives de confinement des populations, de fermeture des
frontières, de l’arrêt des activités sociales culturelles et sportives et
autres ont eu des effets dévastateurs sur l’économie, dont les conséquences se
feront ressentir à moyen terme.
En ce qui concerne l’Algérienne Vie, nous avons entrepris plusieurs actions,
pour contenir les dommages et les circonscrire sur des pertes du chiffre
d’affaires à quelques segments. Les premières dispositions entreprises sont
liées à l’organisation de travail. Nous avons favorisé le télétravail pour une
grande partie de nos collaborateurs, et nous nous sommes renforcés en personnel
et en outil tel que notre plateforme de déclaration et de traitement des
demandes d’indemnisation en ligne.
L’entreprise était déjà outillée pour cet impondérable, puisque le parcours de
déclaration et d’indemnisation pour les clients était déjà digitalisé du bout
en bout. Cela nous a permis de continuer à travailler et à prendre en charge
les demandes d’indemnisations et des prises en charges à distance.
Afin de relancer le rythme de croissance entamé par la compagnie depuis 2017,
nous avons dû revoir notre plan annuel, pour donner plus de priorité aux
branches d’assurances pour lesquelles la demande est maintenue comme la
prévoyance groupe et l’assurance-décès emprunteurs.
Après la suspension des voyages à l'étranger, quelle
en a été l'effet sur l'assurance voyage ?
La branche a subi un coup d’arrêt que je qualifierai de «brutal» par son
caractère soudain et ses conséquences négatives sur l’équilibre financier des
compagnies d’assurances. Chez nous, c’est-à-dire à l’Algérienne Vie, nous
n’avons tout simplement enregistré aucune nouvelle affaire en assurance
voyage depuis le 12 mars 2020, et nous avons dû ristourner par avenants des
polices ayant été émises avant la crise. Or, cette ligne de produits
procurerait un revenu régulier, des flux de cash qui permettaient de faire face
aux dépenses ordinaires (salaires, impôts et taxes, charges externes… ) et une rentabilité appréciable. Pour chiffrer ces
pertes, nous avons évalué au premier trimestre 2020 un recul de 20% de
croissance sur cette branche, et prévoyant une perte de 80% pour l’année 2020.
À propos de l'assurance du personnel médical, quel
sera l'apport de la compagnie dans cette démarche ?
À l’instar de toutes les compagnies consœurs, nous avons participé aux
pourparlers entre les pouvoirs publics et les assureurs sous l’égide de l'Union
algérienne des sociétés d'assurances et de réassurances (UAR). Des pourparlers
qui ont abouti d’ailleurs à la signature d’une convention-cadre entre le
ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, et le
ministère des Finances, concrétisant du coup l’orientation de la présidence de
la République qui a initié le projet et qui prend en charge son financement.
Actuellement, la couverture est en phase de mise en place, Algerian
Gulf Life Insurance Company
(AGLIC) participe en tant que Co-assureur dans un consortium qui regroupe la
majorité des compagnies, une compagnie publique a été désignée comme apériteur
du l’opération d’assurance.
Il s’agit d’une assurance groupe qui prévoit le reversement d’un
capital-décès toutes causes, ainsi qu’un capital supplémentaire prévu en
cas de décès suite au COVID-19. Elle prend également en charge les frais
d’hospitalisation ou de chirurgie des praticiens de la santé, ainsi que leur
assistance médicale et leur assistance domiciliaire.
Nous nous félicitons de cette démarche louable entreprise par les pouvoirs
publics qui est en même temps une justice rendue à un
personnel méritant et à l’œuvre pour faire face à cette pandémie. C’est
également un facteur qui contribuera substantiellement à la pénétration de
l’assurance santé auprès de la population, en général, et des travailleurs, en
particulier.
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