ENVIRONNEMENT
– ETUDES ET ANALYSES- INDICE DE PERFORMANCE ENVIRONNEMENTALE 2020
© Synthèse Selim Sadki/El Watan, jeudi 17//2020
Cela semble très curieux puisque tout le
monde se plaint des ordures disséminées partout dans le pays, que de superbes
zones humides sont devenues des cloaques ceinturés de dépotoirs et que des
aires protégées ont perdu les critères qui ont prévalu à leur classement
national et international. Regardons de plus près.
Depuis 22 ans qu’il
existe, l’Indice de performance environnementale (IPE) est devenu un cadre de
mesure biennal de premier plan pour les politiques environnementales mondiales
classant 180 pays sur la base de 32 indicateurs de performance qui apprécient
la santé environnementale et la vitalité des écosystèmes.
«L’IPE est un tableau de
bord qui met en évidence les leaders et les retardataires en matière de
performance environnementale et fournit des conseils pratiques aux pays qui
aspirent à progresser vers un avenir durable», explique Zachary A. Wendling, coordinateur de l’équipe de l’IPE à l’université
de Yale (USA). Le rapport 2020 sur l’EPI paru en juin classe l’Algérie au milieu
du tableau au 88e rang. Elle a reculé de 5 rangs depuis 2018.
Son score EPI est de 44,8
sur 100. Le Danemark, premier pays, a un score de 82,5. L’EPI est un agrégat
d’indicateurs sur la qualité de l’air, assainissement et l’eau potable, les
métaux lourds, la gestion des déchets, la biodiversité, les services écosystémiques, la pêche, le changement climatique, les
émissions de pollution, l’agriculture et les ressources en eau. Pour un pays
donné, les scores peuvent varier d’un indicateur à un autre, souvent avec de
grands écarts.
En effet, des progrès de
performance peuvent avoir été enregistrés dans une catégorie comme les
ressources en eau et stagné ou régressé pour la qualité de l’air ou la
biodiversité. Dans la catégorie biodiversité précisément, elle est, avec 34
autres pays, à la première place, ce qui signifie, pour l’EPI, qu’il n’y a
pratiquement aucune perte de terres humides en superficie par rapport à celle
de 1992, année de référence. Ce qui est difficile à croire convenons-en (voir
entretien avec le Pr Houhamdi). Les données
proviennent de l’initiative sur le changement climatique de l’Agence spatiale
européenne (ESA).
Elle est 18e mondiale dans
la gestion des déchets solides contrôlés. L’indice est calculé sur le
pourcentage de déchets ménagers et commerciaux générés dans un pays qui sont
collectés et traités (lire l’entretien de M. Ouamane).
Ses meilleurs scores sont dans l’AEP, l’assainissement et les eaux usées où
elle se place autour des 70es. Les données pour ces indicateurs proviennent de
l’étude Global Burden of Disease
(GBD) de l’Institute for Health Metrics
& Evaluation (IHME).
En revanche, l’Algérie est
à la 159e place sur 180 pour l’indice de Représentativité des aires protégées
terrestres (PARI) qui estime la diversité écologique d’un pays. Il est calculé
à l’aide de données de télédétection à haute résolution et d’enregistrements
biologiques des emplacements des espèces. Le Maroc est à la 45e place et la
Tunisie à la 170e. Elle est 148e pour la perte du couvert forestier en
proportion. La perte annuelle moyenne de superficie forestière au cours des
cinq dernières années est divisée par l’étendue totale de la superficie
forestière en 2000.
Les scores sont souvent
calculés et mesurés à partir de données photographiques spatiales, comme c’est
le cas pour les zones humides ou le couvert forestier où l’Algérie est, avec 34
autres, dans un groupe de pays pour lesquels les changements ne seraient pas
évalués depuis au moins 10 ans faute de données disponibles.
Les meilleurs scores de
l’Algérie sont par contre établis à partir de données fournies par les rapports
nationaux, par les instituts de recherche internationaux et organisations de
l’ONU, comme l’OMS et le PNUE ou encore de la Banque mondiale, comme c’est le
cas la gestion de l’eau et des déchets. D’un autre point de vue, l’absence de
données de terrain ne justifie pas, à elle seule, le mauvais classement. Il ne
fait aucun doute que le couvert forestier, les zones humides et les milieux
naturels en général sont en régression morphologique, physique, biologique et
écologique et que la biodiversité, plantes et animaux, disparaissent avec leurs
habitats.
Classement
IPE 2020
Le Danemark est en première
place de ce classement, tandis que les Etats-Unis se situent au bas de la liste
des démocraties riches, 24e. Les autres nations en haut du classement incluent
le Luxembourg, la Suisse, le Royaume-Uni et la France. Les pays, qui se
démarquent, mènent des politiques de durabilité environnementale axées sur la décarbonation (réduction des émissions de CO2) dans leurs
économies. La Chine, avec ses efforts contre la pollution est à la 120e place
devant l’inde 168e.
Le bas du
classement est occupé par des pays «à gouvernance faible», comme le Liberia,
Myanmar, Afghanistan, Sierra Leone, Côte d’Ivoire, Guinée, Madagascar.
L’Algérie est au milieu du tableau à la 88e place entre Tonga et le Kazakhstan,
devant le Maroc à la 100e place, l’Egypte 94e, l’Afrique du Sud, 95e mais
derrière la Tunisie à la 71e qui est aussi à la première place pour Afrique. Les
EAU sont à la 41e place et premier des pays arabes suivi du Koweït 47e, la
Jordanie 48e, Bahreïn 56e. La Russie est à la 58e place derrière le Brésil à la
56e (classement mondial sur https://epi.yale.edu/epi-results/2020/component/epi).Dans
leur analyse des résultats les auteurs du rapport IPE 2020 indiquent que les
progrès dans la lutte contre le changement climatique se sont arrêtés et
qu’aucun pays ne progresse dans la décarbonation. Ils
affirment qu’une performance environnementale positive exige de la bonne
gouvernance, notamment la primauté du droit, un engagement public dynamique,
des médias indépendants et des réglementations bien conçues.