ECONOMIE- PERSONNALITES – MENTOURI MOHAME SALAH
Extraits© d’un « Portrait dressé par Hamid Tahri d’El Watan (jeudi 3
septembre 2020 .Première partie parue en mai 2010)
Il était celui
qu’on appelait intimement Si Kamel, jaloux de sa liberté, de ses idées qu’il a
défendues, bec et ongles, quitte à perdre sa place, mais pas sa dignité et son
honneur auxquels il tenait comme à la prunelle de ses yeux. Esprit libre, Si
Kamel mettait un soin particulier à faire cohabiter l’intransigeance et la
générosité. Face au tumulte du monde et à ses convulsions, il opposait sa
pondération, son savoir et ses convictions qui n’ont pas changé d’un iota !
Trait de caractère, ou trait de famille ? Les deux réunis, si l’on se
réfère à sa famille qui a épousé la Révolution, imprégnée qu’elle était par le
destin national.
……. « J’ai eu,
quant à moi, le privilège d’accéder, sans jamais les solliciter, à de hautes
charges, auxquelles d’autres pouvaient légitimement prétendre. Mais pour en
avoir refusé d’autres, tout aussi sinon plus prestigieuses, du moins selon une
certaine critériologie, je me crois fondé à retenir de
ces promotions gratifiantes à la fois un sentiment de légitime fierté et la
satisfaction d’avoir accompli ces missions dans la dignité, l’honneur, la
fidélité à mes convictions, sans être inféodé à une quelconque tutelle, ni
subordonné aux centres occultes, dispensateurs présumés de nominations et
promotions…...
Sa
proximité avec Ali Zamoum, Belkaïd
et Mohamed Saïd Mazouzi l’a encore renforcé dans ses
louables postures malgré les vents contraires et les croche-pieds qu’il a su
déjouer, par un acte courageux, en se retirant de ce milieu qui allait,
quelques années plus tard, afficher l’étendue de ses méfaits, de ses dérives et
de son désastre. Grâce à sa hauteur de vue, il avait déjà démasqué ce système
dévoyé que ses promoteurs ne voulaient absolument pas assainir, comme le leur
conseillait Si Kamel, en alertant sans cesse, sans toutefois se faire trop
d’illusions ! Il ne supportait plus les asphyxies imposées et les impostures
couronnées. Mais malgré tout, il y avait toujours chez lui un sourire en coin.
Parce que c’était un homme engagé, il ne s’est jamais départi de son
indépendance, de ses principes. Il abhorrait l’inculture, l’intolérance et l’inélégance.
Et sur ce dernier point, il était intransigeant. Il donnait l’exemple en étant
toujours agréable, tiré à quatre épingles ! Il détestait l’inélégance dans
les comportements et dans l’apparence.Son passage au
Conseil national économique et social (CNES) a fait des vagues au sein d’un
pouvoir liberticide, rétif à la transparence.
……………………Les
contributions balayaient l’éventail des enjeux et défis de l’heure. Le pays,
contraint et inhibé par la crise multiforme, a dû subir les conditionnalités du
FMI. Le CNES, conscient de la nécessité de cette épreuve, a cependant mis en
garde contre les dangers d’un alignement définitif à la doctrine du FMI dont
les thèses allaient être invalidées par les faits. Le programme d’ajustement
structurel a été appliqué sans ménagement, parfois avec zèle : 400 000
licenciements, contraction de la demande sociale, sevrage en investissements
publics…. El Moudjahid, déjà cité, écrivait que «le CNES a le double souci de protéger
sa crédibilité et de placer l’intérêt national au-dessus de toute
considération». «Dans cet esprit, j’ai proposé un ‘‘Pacte national de
croissance’’, comme l’un des axes fondateurs d’un nouveau consensus national,
l’ancien, issu de la lutte de libération, étant devenu caduc. Cette suggestion
a accru la méfiance du gouvernement à l’égard du CNES, déjà tenu en haute
suspicion pour son discours discordant et son rôle de veille et d’alerte. Je
salue ici le rôle de la presse qui a contribué à diffuser les analyses et
réflexions du CNES et à les cristalliser ainsi dans l’opinion.
……………Elu,
en 2001, président de l’Association internationale des conseils économiques et
sociaux (AICESIS), ……………Une trajectoire ascendante qui ne pouvait qu’exaspérer
les partisans du statu quo anté et exacerber leur
propension à l’autoritarisme et à l’éradication de toute aspérité. Les
manœuvres dilatoires se sont multipliées sur fond de rétrécissement des espaces
autonomes d’expression. Ces manœuvres ont pris la forme d’un projet visant à
rendre les rapports du CNES non publiables, donc d’un impact nul, puis d’une
annonce officieuse du renouvellement d’une partie de la composante du CNES. Ce
renouvellement statutaire aurait dû être effectué depuis plusieurs années. Il
n’est d’ailleurs toujours pas intervenu, 5 ans après, aujourd’hui. …………….. ;
«Je
ne nourris aucun regret quant à cette décision, n’ayant jamais été assailli par
l’obsession du pouvoir. C’est ainsi que lorsque en 1999 mes amis du CCDR m’ont
fait l’honneur de suggérer ma candidature à l’élection présidentielle, j’ai
fait valoir ma très haute conception de cette charge, estimant ne pas réunir,
quant à moi, toutes les qualités requises», indique Si Kamel. Esquive pour les
uns, excès de modestie pour d’autres plus indulgents. «J’ajoute pour la vérité
que je ne créditais cette éventualité d’aucune chance d’aboutir. De plus, je
n’ai ni la vocation ni le désir de faire tapisserie ou jouer les utilités dans
un scénario au dénouement préétabli. La fiction de l’alternance a fait long feu
et s’est réduite à sa dimension spatiale, territoriale, nécessairement
restrictive, même si elle répondait à une attente diffuse. Mais le régionalisme
ne peut être assimilé au cholestérol. Il n’y a pas un bon et un mauvais
régionalisme…………………….J’ai évoqué mon parcours personnel, avec la crainte de
ressortir des clichés d’archives pour des mémoires défaillantes. Je peux me féliciter
d’avoir accompli les missions qui m’ont été confiées avec rectitude et loyauté,
et j’espère une certaine réussite, mais sans perdre mon âme, ni renoncer à ma
personnalité, ni aliéner ma liberté d’expression. J’espère pouvoir mériter
ainsi le respect de mes amis et la fierté de mes enfants et parents.
Ceci dit, je reste confiant
en l’avenir du pays, même s’il est traumatisé par les dérives prédatrices
récurrentes et qu’il laisse l’impression d’être quelque peu chloroformé par
l’aisance financière actuelle de l’Etat», dira-t-il en guise de conclusion.
Parcours
Naissance le
9 avril 1940 à Hamma Constantine, dans une famille
originaire de Ferdjioua. Diplomé
de l’Ecole des hautes études commerciales, licence en droit, DES en Sciences
économiques. Membre de l’OCFLN et de l’UGEMA. DG de la Sécurité sociale de 1970
à 1980. Secrétaire général au Secrétariat d’Etat et ministre de la Formation
professionnelle. Vice-ministre des Sports, du Tourisme. Président élu du Comité
olympique algérien entre 1984 et 1989. Ministre du Travail et des affaires
sociales en 1991, puis ministre de la Santé et des affaires sociales. Elu
président du CNES le 7 decembre 1996, il en
démissionne le 3 mai 2005. Il décède le 4 septembre 2010 et repose à El Alia.
Naissance le
9 avril 1940 à Hamma Constantine, dans une famille
originaire de Ferdjioua. Diplomé
de l’Ecole des hautes études commerciales, licence en droit, DES en Sciences
économiques. Membre de l’OCFLN et de l’UGEMA. DG de la Sécurité sociale de 1970
à 1980. Secrétaire général au Secrétariat d’Etat et ministre de la Formation
professionnelle. Vice-ministre des Sports, du Tourisme. Président élu du Comité
olympique algérien entre 1984 et 1989. Ministre du Travail et des affaires
sociales en 1991, puis ministre de la Santé et des affaires sociales. Elu
président du CNES le 7 decembre 1996, il en
démissionne le 3 mai 2005. Il décède le 4 septembre 2010 et repose à El Alia (Alger) .