ADMINISTRATION- CONSEIL DES MINISTRES – CM
DIM. 30/8/2020
«Le Président de la République,
Abdelmadjid Tebboune, chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense
nationale, a présidé, ce dimanche 30 août 2020, une réunion du Conseil des
ministres qui s’est déroulée par visioconférence.
L’ordre du jour comportait l’examen et le débat de trois projets d’ordonnance
dont deux présentés par le ministre de la Justice, garde des Sceaux : Le
premier concerne la prévention et la lutte contre le phénomène de bandes de
quartiers et le deuxième amende et complète l’ordonnance 155-66 du 8 juin 1966
portant Code de procédure pénale, à travers la consolidation de la
spécialisation de la Justice pénale en créant de nouveaux pôles, l’amendement
des dispositions relatives au privilège de juridiction dont bénéficient
certaines catégories de hauts responsables de l’Etat et l’introduction de
nouvelles dispositions inhérentes au recours à la visioconférence dans les
procédures judiciaires.
Présenté par le ministre de l’Industrie pharmaceutique, le troisième projet
d’ordonnance amende et complète la loi 11-18 du 2 juillet 2018, relative à la
santé.
Par ailleurs, et en complément de la précédente réunion, la ministre de
l’Environnement a présenté un exposé sur la feuille de route de relance et de
développement des activités de son secteur, dans le cadre de la nouvelle
approche socioéconomique.
Le ministre des Finances a, pour sa part, présenté un projet de décret
présidentiel définissant les mesures adaptées aux procédures de conclusion des
marchés publics dans le cadre de la lutte contre la propagation de la pandémie
de Covid-19.
De son côté, le ministre des Affaires étrangères a présenté un projet portant
approbation de l’Accord portant création de la Zone de libre-échange
continentale africaine (ZLECAf), conclu le 21 mars 2018 à Kigali.
Après débat et approbation, le Président de la République, chef suprême des
Forces armées, ministre de la Défense nationale a donné les instructions
suivantes aux ministres concernés pour les appliquer sous la supervision du
Premier ministre :
En premier lieu : le secteur de la Justice
- Lutter sans relâche contre le phénomène de bandes criminelles de quartiers
qui ont connu un pullulement ces dernières années, notamment dans les grandes villes,
à la faveur de la faiblesse de l’autorité de l’Etat, d’où l’impératif
renforcement des mesures coercitives en vue de protéger les citoyens et leurs
biens de ces bandes criminelles qui sèment le chaos, terrorisent les citoyens
et s’adonnent au trafic de drogue en se servant de l’argent sale.
- Interdire l’importation, la vente, la possession, l’utilisation ou la
fabrication d’armes blanches, sabres et poignards, destinés aux bandes de
quartiers.
- Exclure les personnes condamnées, membres de ces bandes, des procédures de
grâce.
- Instituer des mesures légales devant protéger les différents corps de
sécurité, chargés de lutter contre ces bandes.
A ce propos, le Président de la République a donné des instructions à l’effet
d’intensifier l’action de la Commission nationale et des sous-commissions
locales créées dans le cadre dudit projet d’ordonnance soumis au débat, tout en
impliquant la société civile dans la lutte contre cette criminalité passible de
peines proposées allant de 5 ans à la perpétuité en cas d’homicide, assorties
d’une amende allant jusqu’à 2 millions DA.
Le Président de la République a, également, chargé le ministre de la Justice,
garde des Sceaux d’élaborer une loi contre le kidnapping pour préserver la
sécurité des citoyens et de leurs enfants.
S’agissant de l’amendement du Code de procédure pénale, le Président Tebboune a
salué les dispositions contenues dans ce projet visant la performance de la
Justice pénale, à travers la création de deux nouveaux pôles économique et
financier, au vu du caractère complexe que revêt désormais la criminalité et de
ses mutations qui requièrent l’adaptation des moyens et mécanismes de lutte.
En deuxième lieu : le secteur de l’Industrie
pharmaceutique
Le Président Tebboune a affirmé que le marché du médicament en Algérie doit
être adapté à la nouvelle approche économique, visant à encourager la
production nationale en préservant la devise et la santé du citoyen.
A ce propos, le Président de la République a ordonné ce qui suit :
- Assurer à la société Saidal un
accompagnement particulier pour lui permettre de recouvrer son leadership en
matière de production de médicaments et de récupérer sa précédente part du
marché national, laquelle se situait aux environs de 30% avant d’être réduite à
10%, en raison des manipulations en faveur de l’importation.
- Accorder la priorité à l’augmentation de la production nationale pour ce qui
est de la fabrication de médicaments et réduire la facture d’importation de 400
millions de dollars d’ici à la fin de l’année en cours.
- Accorder à l’Agence nationale des produits pharmaceutiques (ANPP), placée
sous la tutelle du ministère de l’Industrie pharmaceutique, les prérogatives de
réguler et d’organiser le marché et de développer l’industrie pharmaceutique.
- Introduire un article dans le projet présenté au débat pour le contrôle du
stock de médicaments, afin d’éviter l’importation anarchique observée dans la
circulation des médicaments arrivés à expiration ou stockés au lieu d’être
détruits.
- Lutter contre les laboratoires et lobbies impliqués dans des opérations
d’importation clandestine de médicaments, dans le but de nuire à la production
nationale et de transférer la devise illégalement.
- Ouvrir la voie aux jeunes et aux start-up pour accéder au monde de
l’industrie pharmaceutique et exporter leurs produits.
- Renforcer le contrôle en coordination avec les pays voisins, notamment dans
le Sud, face aux trafiquants de psychotropes et de drogue, utilisés parfois en
tant qu’arme pour déstabiliser les Etats.
En troisième lieu : le secteur de l’Environnement
A l’issue de l’exposé de la ministre de l’Environnement sur la stratégie du
secteur visant à assurer au citoyen un cadre de vie qualitatif en tant que
priorité absolue, le Président de la République a ordonné ce qui suit :
- S’intéresser davantage à l’environnement
et œuvrer en coordination avec la société civile à embellir nos villes.
- Relancer le projet du Barrage vert comme priorité pour lutter contre la
désertification vers le Nord.
- Coordonner les politiques de protection de l’environnement avec les
différents programmes internationaux, mettre en exergue le rôle de l’Algérie
dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre et se conformer aux
conventions internationales.
- Charger le ministre délégué chargé de l’Environnement saharien de se rendre
au Sud pour mettre en place un plan d’urgence de lutte contre la pollution au
niveau des sites archéologiques et touristiques et pour l’amélioration du
réseau d’assainissement.
- Inculquer la culture environnementale aux enfants dans les écoles, le défi
d’aujourd’hui ayant une dimension éducative et
civilisationnelle.
En quatrième lieu : le secteur des
Finances
Le Président de la République a affirmé que la conjoncture exceptionnelle que
traverse le pays, depuis le mois de mars, du fait de la propagation de la
pandémie de Covid-19 nous a amenés à mettre en place un cadre organisationnel
spécifique permettant d’adapter les règles d’attribution des marchés publics
relatifs aux opérations programmées à cette situation inédite et de la gérer de
manière flexible, rapide et transparente en vue de faciliter l’accomplissement
des missions des administrations et établissements publics.
En cinquième lieu : Zone de libre-échange
Après ratification de l’accord portant création la Zone de libre-échange
continentale africaine (ZLECAf) et des protocoles y afférents, conformément à
l’orientation stratégique de notre politique étrangère... le Président de la
République a donné des orientations aux ministres concernés, sous la
supervision du Premier ministre, à l’effet de tirer avantage des expériences de
libre-échange qu’a connues l’Algérie avec les autres ensembles régionaux, en
vue de s’assurer de l’origine africaine des biens et marchandises en
circulation dans la zone de libre-échange et dont le taux d’intégration ne doit
être inférieur à 50%, pour qu’ils ne s’infiltrent pas dans le marché national,
au détriment de la production locale, des produits fabriqués en dehors du
continent africain.
Il convient de souligner que cet accord, qui entrera en vigueur le 1er janvier
2021, permettra aux opérateurs économiques d’accéder aux marchés africains et
de tirer profit des efforts déployés par leurs pays en matière de renforcement
de l’infrastructure de base du continent, aussi bien à travers la route
transsaharienne que par la modernisation du réseau ferroviaire, mais également
le projet du port de centre d’El Hamdania, ce qui devra augmenter le volume des
échanges commerciaux hors hydrocarbures avec le continent africain, sachant
qu’il ne dépasse pas actuellement les 3%/an.
Avant la levée de la séance, le Président Tebboune a demandé aux membres du
Gouvernement d’être davantage à l’écoute des citoyens et prendre en charge
leurs préoccupations, tout en évitant les décisions hâtives, d’autant que le
pays est sur le point d’amorcer une nouvelle étape politique tendant à mettre
en place les fondements d’un Etat fort et juste, où règne une véritable
démocratie à même de protéger les droits et libertés et être au service du
citoyen.