CULTURE- RELIGION- ISLAM – ACHOURA- FETE/PLAT
GHARDAIA
Les familles
Ghardaouies célèbrent cette année la fête de
"Achoura" (vendredi 28 août 2020) dans une
atmosphère morose, liée à la pandémie de Covid-19 et
ses implications, induisant un contexte inédit marqué par un changement des
habitudes ancestrales qui accompagnent cet évènement.
Cette fête à portée
religieuse, qui favorise l'échange de visites entre proches et voisins dans une
ambiance de détente, de convivialité et de générosité envers les nécessiteux et
les orphelins, est assombrie cette année par les mesures et les règles de prévention
visant à endiguer la pandémie de coronavirus, notamment le port obligatoire de
bavette et la distanciation sociale.
Les instances religieuses
ont exhorté la population à respecter les mesures et protocoles visant à
endiguer la pandémie, notamment dans les mosquées ainsi que l’interdiction des
rassemblements et des rencontres familiales.
Habituellement vécu par la
population dans les pures traditions ancestrales qui renforcent la cohésion
sociale dans la solidarité le partage et la générosité, la population Ghardaouie dans toute sa diversité sociologique accueille
cette fois ci la fête d’Achoura dans une ambiance bouleversée.
Les habitudes des habitants
pendant cette fête très prisée par les enfants ont presque radicalement changé,
notamment avec l’interdiction des rassemblements et les défilés des enfants
entonnant ‘’abiyanou’’, un chant déclamé pour la
circonstance.
Malgré l’impact de la
pandémie du coronavirus qui a affecté le mode de vie, les habitants du M’zab expriment, de différentes manières, durant cet
évènement, leur attachement aux traditions authentiques léguées par les
ancêtres en rapport avec cette fête de Achoura.
Des plats traditionnels
locaux dont les recettes se transmettent de mère en fille depuis des
générations ne sont plus proposés à la dégustation entre voisins ou famille.
Pour célébrer ‘’Achoura’’
les familles Ghardaouies ont recours à des recettes
ancestrales jalousement préservées et transmises oralement pour préparer des
plats typiquement traditionnels dénommés ‘’Ouchou Tini’’ (en variante
locale de tamazight), un met à base de
couscous et de viande séchées et salées du mouton de l’Aid
El- Adha, ainsi que ‘’Ibaoun’’
(fèves), a expliqué Ammi Bakir du Ksar de Melika .
Dès la rituelle immolation du mouton de l’Aid,
la ménagère récupère une partie de viande qu’elle sale abondamment et sèche à
l’air libre, avant de la conserver dans un endroit propre durant plusieurs
semaines, a-t-il ajouté.
La veille d’Achoura, de
nombreuses ménagères Ghardaouies s’appliquent à
préparer ce couscous, avec une sauce rouge onctueuse composée de la viande
séchée, d’une variété de légumes frais, de pois chiches, de piment, d’épices et
autres petites herbes potagères ainsi qu’un jus de dattes donnant pour le
plaisir du palais un goût succulent à ce plat.
Ce met est dégusté ensuite dans un grand plat en présence de tous les
parents et grands-parents, dans une ambiance conviviale, a-t-il fait savoir.
Traditionnellement, un plat
très prisé dans la région dénommé Foul (fèves sèches)
en tamazight ‘’Ibaoun’’ est également préparé à cette
occasion.
‘’El-Foul’’
ou ’’Ibaoun’’, ce plat du terroir, incontournable à
Achoura, se prépare dès la veille par la ménagère qui trempe dans de l’eau
douce de la palmeraie de Ghardaïa des fèves sèches durant plusieurs heures
avant de les faire bouillir à petit feu toute la nuit.
Décortiqué et assaisonné avec du sel, du cumin et de
l’huile d’olive, ce plat se déguste dans la matinée et est distribué aux
voisins et passants par les enfants en chantant une chanson célèbre dénommée
‘’Aba Nouh ‘’.
Par ailleurs, un mélange de
confiseries, friandises et autres fruits secs tels amandes, cacahouètes et
noisettes est également distribué aux enfants.Perçue
comme une fête de l’enfance, la tradition veut que la veille d’Achoura, les
femmes mettent à leurs enfants du "khôl" (poudre d'antimoine que l'on
met sur le contour des yeux afin de les mettre en valeur).
Achoura est pour les
familles Ghardaouies à la fois une fête sacrée
portant de fortes significations religieuses et une occasion de perpétuer des
traditions et des coutumes ancestrales propres à chaque couche sociale.
Parmi ses traditions pour
accueillir cette fête de Achoura, il y a lieu de citer les opérations de
nettoyage et d'embellissement des cimetières dans les différents Ksour du M’zab, suspendues cette année suite à la situation sanitaire.
Cette fête est également
une occasion d’accomplir davantage de bonnes actions religieuses, tels le jeûne et l’acquittement de la Zakat.