VIE POLITIQUE
– BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI SLEMNIA BENDAOUD- « L’IMPOPULAIRE »
L’impopulaire. Essai de Slemnia Bendaoud. Tafat Editions, Alger 2020, 150 pages, 500 dinars
Jamais un homme politique n’a eu autant de
« succès » médiatique auprès de l’opinion publique et de la
presse….et de la justice que le ci-devant enarque
Ahmed Ouyahia, un (ex-) grand
« prince » de la politique de
ces dernières décennies.
Il est vrai qu’il a réussi en près de trois
décennies –à partir du début des années 90, devenu ministre puis chef de
gouvernement, à amasser –dit-on- une fortune de plusieurs dizaines de milliards
(des cts de Da) et….. une masse énorme de haine, de rancunes et d’envies (pour
la plupart dissimulées, cela va de soi) .
Il a , aussi, réussi
le tour de force de voir –de son vivant- publiés , déjà, en plus des articles ,
études et analyses, plusieurs livres (Voir celui de Nasreddine
Akkache, « Les coulisses d’une décennie
algérienne, 2014 , déjà présenté dans cette rubrique)…….qui, bien sûr, le « descendent en flammes », au
propre comme au figuré.
Vous avez en mains (si vous ne l’avez déjà
acheté) le tout dernier-né.
L’auteur, n’y va pas par quatre chemins. D’ailleurs,
le titre à lui seul est annonciateur d’un contenu qui ne présente globalement
que le « côté obscur » du personnage…..ses qualités (comme la
« volonté de réussir » et la
grande « capacité de travail ») sont vaguement évoquées et
rapidement évacuées.
Bref, le « héros » a toutes les
« qualités » (sic !) pour être impopulaire….tout
particulièrement auprès de ceux qu’il a
« dirigé » de près ou de loin….et qui ,
hier, avaient la courbette et le sourire en bandoulière. Rares ont été les
« rebelles ». Il y en eut …beaucoup l’ont payé assez cher, par des
mises à l’écart ou pire ….et certains
ont échappé de justesse à la guillotine administrative….
Revenons à notre homme. Objectivement, le
pouvoir, était à sa portée……Il avait tout prévu et tout calculé et peut-être
même tout préparé (n’est-on pas « enarque »,
nom d’un…. ), tout prévu…..sauf un « imprévu » qui a tout remis en
cause…. : L’entêtement du pouvoir en place (et en fauteuil roulant), celui
du clan Boutef’,
à briguer un 5ème mandat. On connaît la suite…un Hirak, avec l’apparition sur la scène de Son Excellence….le ,peuple…et le reste. Du Palais d’El Mouradia
au Palais du gouvernement en passant par le Club des Pins….puis au Palais de justice et à la prison d’El
Harrach. Grandeur et décadence !
L’Auteur :Chroniqueur de presse,
traducteur et auteur.
Extraits : « Sans
Ouyahia, le système est en panne, orphelin de son
âme » (p 11) « Ahmed Ouyahia est un
personnage très particulier, assez singulier, un peu inique. Vraiment unique en
son genre ! Il n’est pas ce responsable qui cherche à plaire à son
monde » (p 15), Cette double attitude est devenue le propre de ces
responsables politiques fourbes qui n’éprouvent aucune honte à jouer à ce jeu
trouble dont ne tire aucun profit la société . Ils ont
tous appris à changer d’habit et de rôle pour passer du bourreau à la victime
et vice-versa, dans un climat de totale impunité » (p 73)
Avis : Un essai au
sens propre du terme. Frisant le réquisitoire et le pamphlet. L’auteur s’en
défend, mais ..
Citations : « Le
pouvoir est comme une bougie. De loin, il illumine celui qui en est séduit ou
qui exprime de désir de s’en saisir à la volée, d’y adhérer ou de s’y
coller » (p 12), « Donner au
peuple de l’eau, du pain, de l’air et de l’ombre est-il suffisant pour le
gouverner sans même le consulter sur des questions qui touchent, en
particulier, à son quotidien, à sa liberté, à son statut, à son avenir et au
devenir du pays ? » (p 75), « S’accrocher au pouvoir rend fou. Ceux
qui n’en sont pas encore fous, doivent-ils le regretter ? Sinon se
considèrent-ils tous désintéressés du pouvoir pour que la flamme de le
conquérir à n’importe quel prix les abandonne à jamais ? Ou alors sont-ils
autrement fous que plus personne ne se rend vraiment pas compte de leur folie
non apparente ?ou encore subtilement dissimulée ? » (p 122),
« Qui a exercé le pouvoir connaît parfaitement la solitude de
l’homme .La solitude de l’homme a pour matrice l’effacement de la
sensibilité personnelle au profit de la mission du groupe aux commandes du
pays » (p 139)